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Care évoque le « véritable Talon d’Achille » de l’investissement en Algérie

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Le think-tank algérien « Care » a publié, ce mardi 15 novembre, une seconde note d’analyse portant sur la nouvelle loi sur l’investissement promulguée en juillet dernier et entrée en vigueur après la publication le 19 septembre des textes d’application.

Dans sa note intitulée : « Le manque d’efficacité, talon d’achille de la politique publique d’investissement en Algérie », Care a rappelé que « la nouvelle loi sur l’investissement, qui a longtemps focalisé l’attention, vient d’entrer en vigueur », et que « le gouvernement y a affiché les priorités qu’il compte observer dans l’orientation de la politique publique d’investissement et y a adapté les mesures de soutien dont bénéficieront les nouveaux projets d’investissement en phase avec ses choix de politique économique. Les textes réglementaires d’application de la loi ont été rapidement promulgués. »

Pour le Cercle d’Action et de Réflexion pour l’Entreprise : « La question maintenant posée est de savoir comment faire pour que cette politique de soutien à l’investissement se traduise concrètement en termes de croissance forte et durable et qu’elle favorise en bout de course la diversification tant recherchée de l’économie algérienne. »

Après l’étape de clarification du régime légal, Care en appelle à l’approfondissement du débat sur la relance de l’investissement. « Le réaménagement, qui vient d’être opéré, du cadre légal et réglementaire régissant l’investissement était certes nécessaire, mais non suffisant », estime le think thank.

« En soi, il s’agissait de corriger une situation anormale dans laquelle notre pays élevait des obstacles face aux investisseurs, là où tous les pays du monde mettent au point des politiques qui les encouragent et les soutiennent. Cette mise à niveau accomplie sur le registre du droit, il reste l’essentiel, à savoir travailler les autres volets de l’environnement économique de l’investissement, » a-t-il écrit.

Et d’ajouter : « Chacun sait le poids des pesanteurs bureaucratiques qui altèrent le fonctionnement de notre économie et qui, trop souvent, contrarient la mise en œuvre des politiques publiques. Et par ailleurs, nombre de questions d’ordre pratique demeurent toujours posées, touchant notamment aux difficultés d’accès au financement de l’investissement, aux incohérences des nombreuses réglementations, aux échanges extérieurs et à diverses restrictions parsemant le parcours de l’investisseur. »

« C’est ce débat qu’il paraît maintenant utile d’ouvrir afin que la ferme volonté de relance de l’investissement maintes fois réitérée par les autorités publiques puisse trouver une traduction opérationnelle », indique Care.

Le « véritable Talon d’Achille » de l’investissement en Algérie

« Le véritable Talon d’Achille de la politique publique d’investissement de l’Algérie n’est pas tant celui des ressources mobilisées que celui de leur faible contribution à la croissance de l’économie nationale », estime le think tank qui rappelle que « notre pays n’a eu de cesse depuis toujours de déployer des efforts immenses en matière de mobilisation de ressources investies. »

« Même si l’image est peu connue et peu mise en exergue, les chiffres, de ce point de vue, sont clairs et lourdement significatifs : l’Algérie fait partie des pays au monde où l’effort d’investissement est le plus élevé », relève Care, qui ajoute : « Un effort qui, toutefois, reste globalement peu efficace et a besoin de se traduire de manière beaucoup plus conséquente en termes de croissance économique sur le terrain. »

Chiffres à l’appui, la même source constate que « l’Algérie se situe très loin devant la moyenne des autres pays, en termes de poids du capital investi, en moyenne annuelle sur la période allant de l’année 2010 à l’année 2020. Un constat qui est valable, en réalité, sur les cinquante dernières années et pas seulement depuis 2010. »

« Mais au regard du niveau des ressources financières qu’elle mobilise, il est tout à fait frappant de relever à quel point le niveau de la croissance qu’elle réussit à obtenir demeure un des plus bas, comparé aux résultats moyens que ce soit en Asie, dans les économies en développement et même sur le continent africain », écrit le think tank.

« Autrement formulé, l’Algérie doit investir plus du double de ressources que la moyenne engagée dans le reste du monde et trois à quatre fois plus que dans des pays plus performants comme la Chine ou l’Egypte », explique Care.

Inefficacité structurelle

Et d’ajouter : « Le problème d’efficacité de l’investissement est, sans conteste, le véritable talon d’Achille de la politique économique de l’Algérie. » « C’est un problème que les analystes les plus sérieux pointent de longue date, de manière insistante et qui mérite de faire l’objet d’une attention plus soutenue de la part des politiques économiques gouvernementales. »

« S’il est un domaine qui conditionne la qualité de la croissance future de l’économie algérienne et où, par conséquent, des inflexions significatives devraient être attendues au cours des prochains mois et des prochaines années, c’est bien celui-là », estime Care. 

Pour ce dernier : « Cette contrainte d’inefficacité de l’investissement étant structurelle, les réponses à y apporter sont nécessairement complexes et multiformes, et requièrent des analyses plus affinées de la part des institutions publiques qui en ont la charge. »

Toutefois, poursuit la même source, « le simple examen de quelques données globales disponibles concernant la politique nationale d’investissement suivie jusque-là laisse transparaître quelques axes de travail prioritaire, parmi lesquels celui de son orientation sectorielle et des modalités d’allocation des ressources financières qui lui sont consacrées. »

Selon Care : « L’autre facette de l’inefficacité de la politique d’investissement suivie jusque-là a trait à la perte de substance fortement inquiétante de l’industrie algérienne. » « Il s’agit là d’un défi majeur auquel l’Algérie va devoir faire face au cours des prochaines années », estime-t-il, relevant que la faible part de l’industrie de transformation dans le PIB en comparaison avec d’autres pays du monde en développement.

Faible part de l’industrie de transformation dans le PIB

« On constate ainsi que la part de valeur ajoutée de l’industrie de transformation dans le PIB est à un niveau d’affaissement extrême, très loin derrière les normes en vigueur à travers le monde, dans le groupe des pays en développement, et même par rapport à la situation prévalant sur le continent africain », indique Care citant des données chiffrées, couvrant une période substantielle, soit les années 2010 à 2020.

Pour lui, ces données « reflètent une réalité fondamentalement préoccupante de recul du poids de l’industrie au sein de notre économie, y compris du reste en y incluant l’industrie des hydrocarbures. » « Par-delà, elles sont surtout le reflet des errements de la politique publique d’investissements des vingt (20) dernières années et, tout particulièrement, des conditions globales d’allocation des ressources en direction de l’investissement », explique le think tank. 

« Si, en effet, les activités de fabrication industrielle se sont à ce point atrophiées, c’est avant tout parce qu’elles ont été totalement négligées, jusqu’à constituer l’angle mort de la politique d’investissement en Algérie : une situation sans doute pas réellement voulue, mais qui est simplement la résultante des dérèglements en amont dans l’organisation du système financier national », estime Care, qui enchaîne avec la question récurrente de la réforme du système financier et bancaire algérien.

La part de l’industrie manufacturière dans le PIB représente un peu moins du tiers de celle du secteur de la construction

Le think tank évoque également « le poids de la dépense publique » qui « contraint le développement de l’industrie » et qui « est à l’origine de l’hypertrophie du secteur de la construction ».

En moyenne annuelle et sur la période allant de 2010 à 2020, relève la même source, « la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière représente un peu moins du tiers de celle du secteur de la construction, une situation totalement atypique en comparaison avec ce qui a cours partout à travers le monde. » Il observe que « le poids de ce dernier dans le PIB représente près du double de la moyenne observée ailleurs. »

Care souligne que « le poids relatif du secteur de la construction dans le PIB poserait un problème moindre s’il était le reflet de son dynamisme et de sa compétitivité. Ce qui est loin d’être le cas dans la mesure où, comme on l’a vu au cours des vingt dernières années, les grands chantiers d’infrastructure se sont trouvés, le plus souvent, réduits à faire appel aux moyens de réalisation étrangers. » 

« Cette situation devrait avant tout amener à des interrogations sur la nature et la qualité des choix budgétaires qui sont opérés jusque-là, des choix dont on observe qu’ils ont induit un gonflement des dépenses d’infrastructures publiques, sans le préalable d’une réelle maîtrise des coûts de réalisation. Des choix qui, au total, auront été opérés au détriment de l’investissement dans les activités productives, industrielles ou agricoles et, in fine, de la diversification de l’économie nationale », conclut Care.

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