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Un rapport d’ONG détaille les pratiques d’exportations européennes de produits d’élevage bas de gamme

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Intitulé « Les coulisses de l’élevage d’exportation bas de gamme : analyse des filières lait, porc et poulet de chair », le rapport, signé de Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France, dénonce une politique d’exportation destructrice des filières locales dans les pays en voie de développement.

L’étude, principalement orientée sur la France où les trois filières lait, porc et poulet de chair sont dominées par « quelques dizaines d’opérateurs économiques, dont des groupes alimentaires comme Lactalis, Bigard, Cooperl Arc Atlantique ou encore Agromousquetaires ». La France exporte au total 42% de son lait, 39% de sa viande de porc et 25% de sa volaille.

Du lait jusqu’à 66% moins cher que le lait local en Afrique de l’Ouest

En ce qui concerne le lait, les opérateurs européens de la filière exportent notamment des poudres de lait ré-engraissées en matière végétale, appelées « MGV ». La méthode de production consiste à rengraisser les poudres de lait écrémé avec de l’huile de beurre ou avec des matières grasses végétales comme l’huile de palme et l’huile de coco.

Parmi les importateurs de mélanges MGV européens, l’Afrique de l’Ouest occupe une place importante, alors que l’Algérie est le premier client pour la poudre de lait écrémé et la poudre grasse. Toutefois, un graphique du même rapport informe que 83% du lait français « réengraissé », dit MGV, est exporté vers des pays européens et seulement 5% vers l’Afrique. La France serait donc faiblement concernée par ce volet, à moins que ses produits soient réexportés depuis un autre pays européen.

Le coût des MGV s’élève à 1700 euros la tonne en moyenne. Une fois réhydraté, le prix du mélange reste inférieur au lait local, à 0,20 euro le litre. Le rapport précise dans ce cadre que le lait en poudre européen est vendu jusqu’à 66% moins cher que le lait local en Afrique de l’Ouest.

Selon ce graphique extrait d’un rapport signé du CIRAD et des parlementaires Verts européens, les principaux exportateurs de mélanges MGV vers Afrique de l’Ouest sont l’Irlande, la Pologne et les Pays-Bas.

Le poulet congelé à faible valeur ajoutée

Dans la filière poulet de chair, la France exporte notamment des découpes de dindes et de poulet congelés vers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Le rapport rappelle que l’Hexagone s’est spécialisé depuis les années 80 dans le « poulet export », à savoir un poulet à faible valeur ajoutée, de faible poids (<1,6kg), tué jeune (moins de 40 jours) et congelé, destiné au marché mondial hors Europe.

« Ces poulets exports sont exportés au Moyen-Orient et en progression vers l’Afrique subsaharienne, tandis que les bas morceaux issus de la découpe de poulets sont destinés à l’Afrique subsaharienne », détaillent les ONG. Outre les découpes de volaille, la France exporte aussi les « morceaux et abats comestibles » de dindes et dindons. Ces trois catégories de produits congelés représentent 87% des exportations vers l’Afrique en 2010, 96% en 2015 et 97% en 2021. Les principaux marchés pour ces produits sont le Bénin (28%), le Congo (13%), le Gabon (11%), la République démocratique du Congo (10%) et la Guinée 56%).

Des exportations de porcs tournées vers l’Asie

Pour la viande de porc, la Chine et les Philippines sont les principaux marchés d’export des produits bas de gamme européens. Ces deux pays absorbent en particulier une grande partie des exportations de trois produits à faible valeur ajoutée : 42% des viandes porcines congelées, 51% des abats (oreilles, pieds et demi-têtes congelés) et 29% des exportations de graisse de porc, selon les données relatives à l’année 2018. Là encore, la France reste faiblement concernée puisque 70% de ses exportations de porc sont destinées à l’Europe et 30% à la Chine selon le même rapport.

Des pratiques qui déstructurent les filières locales

Les ONG signataires considèrent que ces exportations de produits à bas prix « déstructurent les filières locales dans les pays concernés », ce qui a des « conséquences sociales ravageuses » dans des pays où l’élevage joue un rôle économique crucial pour la majorité des ménages ruraux.

Agence Ecofin

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