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Conflit en Ukraine : Dès vendredi, les pays hostiles à la Russie devront acheter des roubles pour avoir du gaz

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Vladimir Poutine a annoncé jeudi que les consommateurs de gaz russe de pays « inamicaux » devront avoir des comptes en roubles en Russie pour régler leurs factures à partir de vendredi, mesure touchant surtout l’Union européenne.

Le prix du gaz reste cependant libellé dans la devise des contrats en cours, soit le plus souvent en euros ou en dollars.

L’UE est le principal client de la Russie et elle cherche depuis l’offensive en Ukraine à se sevrer de sa dépendance aux hydrocarbures russes.

Les Européens, comme d’autres pays jugés « inamicaux », « doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré et cela dès demain (vendredi) », a déclaré Vladimir Poutine à la télévision après avoir signé un décret en ce sens. Ce décret confie les opérations à Gazprombank, filiale du géant gazier Gazprom. Il a ajouté qu’en cas de refus, « les contrats en cours seront arrêtés ».

Pas de changement

M. Poutine a rappelé que cette mesure était une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars de réserves en devises dont la Russie disposait à l’étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l’offensive en Ukraine.

Dès lors, imposer l’achat de roubles à ses clients « renforce la souveraineté économique et financière » de la Russie, selon le président russe.

Moscou a publié début mars une liste de pays « inamicaux » qui comprend notamment les Etats-Unis, les membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud, la Norvège et l’Australie. M. Poutine a insisté sur le fait que le paiement en roubles n’aurait aucun effet sur les volumes ou les prix, alors que ceux-ci sont formulés dans la plupart des contrats en devises étrangères. De facto, comme l’avait expliqué le Kremlin jeudi matin, les acheteurs devront effectuer une opération de change en Russie.

« Pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paie les livraisons, il n’y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat », a souligné Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Il a précisé que M. Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz, ainsi que leurs conseillers, avaient discuté en détail du nouveau système mercredi.

Le chancelier allemand a néanmoins assuré jeudi que les paiements continueront de se faire en euros. « Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars », a expliqué M. Scholz lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer. « J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi » et « les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront », a-t-il ajouté.

Réduire la dépendance

Le gaz russe est crucial pour l’UE, qui cherche depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine à se défaire de cette dépendance. Les Vingt-Sept veulent désormais des achats en commun de gaz et les États-Unis vont augmenter leurs livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe.

Par ailleurs, la Commission européenne a mené des inspections surprises en Allemagne dans des locaux de Gazprom qu’elle suspecte d’avoir fait monter les prix du gaz en Europe en abusant de sa position dominante.

La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d’une source de devises. D’ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80% de leur chiffre d’affaires en roubles.

Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20% ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux d’avant l’assaut.

Selon les chiffres de la Banque centrale russe, ses réserves -qui incluent encore les 300 milliards bloqués- sont passées entre le 18 février et le 25 mars de 643,2 à 604,4 milliards de dollars, donnant une idée des interventions pour soutenir l’économie russe depuis un mois.

AFP

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