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Pr. Boucekkine : Dire que l’inflation est due au financement monétaire, « c’est une idiotie »

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Le financement non conventionnel ou communément appelé la planche à billets, mis en place en 2017 par le gouvernement de l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia, fait encore débat. Le financement monétaire continue de susciter la controverse dans un contexte marqué par une dégradation de la situation macroéconomique du pays, avec une inflation galopante.

Depuis quelques mois, les prix des produits de grande consommation ont augmenté de manière considérable et ne cessent d’augmenter. Certains économistes estiment que cette inflation n’est que la conséquence différée du recours à la planche à billets.

Le professeur d’économie Raouf Boucekkine qui faisait partie de la Task Force installée en 2015 auprès de l’ancien premier ministre, Abdelmalek Sellal, a indiqué, dans un entretien accordé au média Radio M, que le recours à ce type de financement n’a rien de « harem ».

La banque d’Algérie a indiqué, dans un point de situation sur le financement non conventionnel établi le 1er avril 2019 et publié sur le site de la Banque d’Algérie, avoir été contre le recours à la planche à billets.

La banque d’Algérie avait expliqué qu’ « une telle option risque d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste et de dépréciation de la monnaie nationale, fortement dommageable ».

Le financement non conventionnel à l’origine de l’inflation « une idiotie »

Interrogé sur le fait que le financement non conventionnel pourrait être à l’origine de l’inflation actuelle, le professeur Boucekkine a écarté d’un revers de main cette hypothèse, estimant que  « c’est une idiotie ».

« Nous avions écarté l’effet inflationniste. c’était une idiotie de dire qu’on allait avoir une inflation à deux chiffres », a-t-il rappelé, expliquant que « l’inflation actuelle n’est pas due à l’impulsion monétaire, même de 6500 milliards de DA qui a été en vérité  détruite en 2020 ».

Il a expliqué que les agrégats monétaires, notamment l’agrégat M2, a enregistré une croissance à la fin de 2019 et en 2020. Selon le Pr. Boucekkine, il suffit de regarder où l’argent a été affecté pour comprendre qu’ « une partie n’est pas inflationniste ».

Le financement non conventionnel résulte de la création monétaire ex-nihilo, de l’émission de monnaie par la banque centrale, sans contrepartie en termes de marchandises. En effet, une émission excessive de la monnaie par rapport à la production peut expliquer la hausse des prix.

Toutefois, le professeur Boucekkine n’a pas pris en compte la désorganisation du marché, notamment le fait que la production nationale n’arrive pas à satisfaire la demande.

Plusieurs économistes avaient estimé que la banque d’Algérie n’avait pas encore recouru à tous les instruments conventionnels avant de recourir au financement monétaire.

Le Pr. Boucekkine dit préférer « le financement monétaire direct au Trésor ». Et d’ajouter : « On a bien vu que le passage du taux de réserve obligation à 2% ne réglait rien, les opérations d’open market n’ont rien donné et les taux de change à terme ne prévenaient pas la dévaluation. Ils ne réglaient pas le déficit abyssal de la balance des paiements ». 

L’inflation vient du Covid-19 et c’est mondial

Selon l’économiste, l’inflation vient du Covid-19 et elle est mondiale. « C’est un phénomène qui est alimenté par l’inflation importée expliquant que les matières premières et les produits alimentaires ont connu une croissance importante », a-t-il expliqué.

Pour faire face aux conséquences de la pandémie du Covid-19, le gouvernement algérien a baissé les impôts et a augmenté le salaire minimum, ce qui est, selon le Pr. Boucekkine, inflationniste.

Il exclut le fait que le taux de change ait joué un rôle important expliquant que l’essentiel de la dévaluation a eu lieu à partir de décembre 2020.

Toutefois, la dévaluation du dinar peut également expliquer la hausse des prix notamment des produits importés qui sont plus chers en raison de la baisse de la valeur du dinar.

Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé les craintes de la Banque d’Algérie. En effet, le FMI qui s’est inquiété de la situation macroéconomique en Algérie, a recommandé l’abandon du financement monétaire, afin d’endiguer l’augmentation de l’inflation.

Le FMI avait préconisé une plus grande flexibilité du taux de change et un resserrement de la politique monétaire permettra d’endiguer les pressions inflationnistes.

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