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Mourad El Besseghi, expert financier : « La réforme concernant les subventions peine à se frayer un chemin »

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Dans cet entretien, l’expert financier, M El Besseghi s’exprime sur certaines mesures annoncées dans l’avant-projet de loi de finances 2022. Pour lui, la mesure concernant l’allocation chômage est certainement avantageuse, d’autant qu’elle a été éprouvé dans de nombreux pays,

Algérie-Eco : L’avant-projet de loi de Finances pour l’exercice 2022 a institué, dans son article 189, au profit des chômeurs demandeurs d‘emploi inscrits auprès des services de l‘Agence Nationale de l‘Emploi. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?

MEl Besseghi : Il est indéniable que la crise sanitaire de la COVID 19 a mis à rude épreuve l’économie nationale, détruit des emplois et fait exploser le taux de chômage atteignant 14,54 % en 2021. Le pouvoir d’achat a subi une nette dégradation avec une perte de ce pouvoir de plus de 50% sur une décennie, selon certains observateurs. Le taux d’inflation pour 2022 se situerait aux alentours de 4%. Les prix des produits agricoles ont pris un sérieux envol malgré un taux de croissance appréciable observé dans le secteur correspondant. Certains attribuent ces hausses importantes aux hausses de même nature dans le monde. En d’’autres termes, nous ne sommes pas le seul pays qui aurait connu une crise économique d’une telle ampleur.

Il était nécessaire et attendu que les pouvoirs publics prennent des mesures de nature à atténuer les effets de cette situation et amortir le choc social en protégeant les franges les plus fragilisées par la crise.

C’est ainsi que le conseil des ministres tenu le 22 aout 2021, a décidé de l’institution d’une allocation chômage. L’article 189 de l’APLF est venu confirmer cette décision et a consacré sa mise en œuvre au profit des chômeurs primo-demandeurs d’emploi, âgés entre 19 et 60 ans, inscrits auprès de l’ANEM et qui seraient à la recherche d’un emploi. Elle entrera en vigueur en janvier 2022 et permettra aux sans revenu de faire face à leurs besoins essentiels en attendant qu’ils puissent trouver un emploi.

A mon avis, la mesure est certainement avantageuse, d’autant qu’elle a été éprouvée dans de nombreux pays, mais elle nécessite un encadrement rigoureux pour éviter toutes les dérives éventuelles.

L’avant-projet de la loi des finances (APLF 2022) prévoit, notamment dans l’article 187, le ciblage des ménages nécessiteux aux subventions de l’État. Est-ce une bonne décision à votre avis ?

Annoncée depuis très longtemps, la réforme concernant les transferts sociaux et les subventions peine à se frayer un chemin ou une amorce quelconque en vue d’un éventuel commencement. Certainement, cela est dû à la sensibilité de la question mais aussi en raison de l’impact direct que cela puisse avoir sur la population. Bien que recommandé régulièrement et en permanence par le FMI dans ses rapports et bilans, la substituions d’un dispositif efficace à celui qui existe présentement, est devenu incontournable.  Il s’agit de mettre en place un dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages qui y sont éligibles en remplacement du soutien des prix par exemple. Ceci est finalement décidé et énoncé expressément par les dispositions de l’article 187 de l’APLF.

En premier lieu, il est prévu de réviser la politique de soutien des produits soutenus, tels que le lait, la semoule, l’électricité etc….avant de s’engager dans les autres volets.

L’Etat dépense des sommes faramineuses chaque année, et il n’est pas évident qu’elles profitent aux ménages les plus démunis.

Incontestablement, tous les citoyens accueilleront avec beaucoup de satisfaction cette mesure, mais sa mise en œuvre est délicate, d’où la nécessite d’agir avec parcimonie et en mettant en place au préalable tous les instruments qui conduiront à la réussite de cette réforme. Les ménages à faibles revenus devront recevoir une compensation monétaire afin de ne pas subir de plein fouet l’impact de cette mesure. 

Dans le cadre des mesures visant la revalorisation des salaires annoncées par l’Exécutif, le texte du projet de loi de finances 2022 a apporté des modifications au barème d’imposition directe des revenus annuels en établissant un barème à six tranches salariales au lieu des quatre contenues dans les anciennes dispositions. Qu’en pensez-vous ?

Le barème de l’Impôt sur le Revenu Global est aussi concerné par une modification qui sera apportée par l’APLF 2022 qui aura pour finalité de revaloriser les salaires. Cette démarche a déjà été empruntée au cours de l’exercice précédent et a touché les salaires inférieurs à 30.000 DA.

Les mesures édictées par le projet vont permettre l’introduction d’un barème à six tranches salariales en remplacement des quatre actuelles.

En dehors de l’exonération de l’IRG pour les salaires n’excédant pas 30000 DA, il est prévu un abattement supplémentaire pour les salaires inférieurs à 35 000 DA, afin d’éviter les tassements des bas salaires. Pour les autres tranches, les taux connaîtront une baisse et procureront aux bénéficiaires de ces salaires, selon le cas, des gains appréciables.

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