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L’Algérie interdit le survol de son territoire aux avions militaires français

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Les relations algéro-françaises entrent dans une nouvelle zone de turbulences. L’Algérie a décidé ce dimanche 3 octobre 2021 d’interdire le survol de son territoire par les avions militaires français dans le cadre de l’opération Barkhane au nord Mali. C’est ce que rapporte la presse française.

Cette décision intervient au lendemain du rappel par l’Algérie de son ambassadeur à Paris pour consultations, suite aux récents propos du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie, rapportés par le quotidien français Le Monde.

L’Algérie a interdit le survol de son territoire aux avions militaires français, qui empruntent d’habitude son espace aérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne où sont déployées les troupes de l’opération Barkhane, selon le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pascal Ianni, cité par l’AFP.

« Ce matin, en déposant les plans de vol de deux avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de leur territoire aux avions militaires français (…) Cela n’affecte ni les opérations ni les missions de renseignements [menées par la France au Sahel] », a-t-il indiqué à l’AFP. Cette dernière a rappelé que l’Algérie revient sur une faveur accordée à la France par le président déchu Bouteflika il y a quelques années.

https://twitter.com/afpfr/status/1444633450359709698?s=20

Les propos d’Emmanuel Macron sur l’Algérie

Jeudi dernier, selon Le Monde, Emmanuel Macron avait déclaré lors d’une rencontre avec de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie (1954-1962) : « Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak (mouvement populaire ndlr) l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur. »

Selon la même source, le président français a dénoncé ce qu’il a appelé, une « histoire officielle », en Algérie, qui « est totalement réécrite et ne s’appuie pas sur des vérités, mais sur un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France ». « La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle. Tout le problème, c’est la France », a déclaré Macron qui a ajouté que  cette « réécriture » l’inquiète, car elle « peut déboucher sur « un renfermement » de cette mémoire et « un éloignement » avec le peuple algérien.

Selon la même source, Emmanuel Macron  souhaiterait une production éditoriale portée par la France, plus offensive, en arabe et en berbère, pour contrer au Maghreb une désinformation et une propagande qui sont plutôt portées par les Turcs et qui  « réécrivent complètement l’histoire ».

« La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient », a-t-il encore déclaré.

Sur la question de réduction des visas accordés aux ressortissants d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, le président français, a expliqué, selon Le Monde, qu' »il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement ». Cette décision est considérée par Macron comme un « moyen de pression pour dire à ces dirigeants que si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on ne va pas vous faciliter la vie ».

L’Algérie exprime son rejet « catégorique » de l’ingérence dans ses affaires intérieures

Réagissant aux déclarations du président français, l’Algérie a d’abord annoncé samedi le rappel de son ambassadeur à Paris pour consultations. Dans la soirée d’hier, la Présidence de la République a publié un communiqué à travers lequel elle a exprimé son rejet « catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures » à la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française.

« A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos », a précisé la même source.

« Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale », a ajouté la Présidence de la République, estimant que « les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes ».

Pour la Présidence de la République, « la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfûmades, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter ».

L’Algérie qualifie d' »irresponsables » les propos de Macron

« Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats », a-t-on souligné dans le communiqué.

« Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité », a ajouté la même source.

« Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française », a conclu le communiqué.

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