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Liquidités bancaires: Périlleux mais indispensable recours à la planche à billets

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Encaisser un salaire, un chèque ou un mandat dans une banque ou un bureau Poste continue aujourd’hui encore à  poser problème en Algérie, tant les liquidités disponibles sont insuffisantes et parfois même, totalement absentes, notamment dans les petites villes du pays. L’argent liquide continue effectivement à manquer et c’est la Banque Centrale émettrice de billets de banque, qui l’affirme dans une récente note d’information qu’on peut lire dans le numéro 66 du journal officiel. Selon cette même note, le niveau des liquidités bancaires n’était à cette date (avril 2021) que de 521 milliards de dinars, ce qui pose un sérieux problème d’insuffisance de disponibilités. Il faudrait en effet au minimum le double de ce montant pour satisfaire les besoins en constante augmentation des usagers des banques et des chèques postaux (fonctionnaires, retraités, travailleurs des secteurs économiques et autres). Le niveau des liquidités a de surcroît, fortement baissé si on le compare à celui de janvier dernier. Il était en effet de 680 milliards de dinars en janvier 2021, ce qui était malgré tout insuffisant par rapport â la demande, ce qui avait engendré, on s’en souvient, une pression insoutenable, notamment au niveau des chèques postaux qui détiennent plus de vingt millions de comptes CCP.

Du fait de la diminution constatée en avril 2021 (environ 160 milliards de dinars en moins), la pression sur les guichets payeurs a repris de plus belle et seule une dotation plus massive en billets par le Banque d’Algérie serait de nature à améliorer quelque peu la situation.

L’insuffisance de liquidité constatée depuis le début de l’année 2020 est en réalité due à l’arrêt subit de la planche â billets en mai 2019, en raison des critiques acerbes adressées au gouvernement d’Ahmed Ouyahia en plein troubles liés au rejet du 5éme mandat que voulait briguer l’ex Président Abdelaziz Bouteflika. Ils étaient accusés de tous les maux et, notamment, de l’usage immodéré de la planche à billets qui suscitera de vives critiques à l’Assemblée Nationale en février 2019. En réalité le recours à ce mode de financement de l’économie, n’était pas un choix mais une obligation, eu égard aux grandes difficultés financières que la baisse brutale des recettes d’hydrocarbures commençaient à poser au pays. Ceux, parmi la nouvelle équipe au pouvoir, qui avaient pris la décision d’arrêter l’émission massive de billets de banque, n’ont malheureusement pas pris la peine de proposer une autre alternative au financement de l’économie à supposer qu’il en existe une. C’est cette décision intempestive qui a entraîné cette pénurie sans précédent de liquidités qui n’est pas réglée à ce jour.

Il a fallu plusieurs mois de palabres au niveau de la haute hiérarchie politique, pour qu’on accepte enfin la nécessité de recourir à la planche â billets qui est à vrai le seul moyen possible en cette période de crises multiformes. Environ 3500 milliards de dinars ont été imprimés depuis, sans pouvoir compenser le déficit colossal induit en liquidités bancaires, induit par l’arrêt de la planche â billets, qui avait duré plusieurs mois. Il faudrait en imprimer le double pour pouvoir équilibrer le niveau de l’offre par rapport à la demande en liquidités.

Le consensus étant aujourd’hui établi sur la nécessité de financer l’économie au moyen de la planche â billets, il n’est donc pas à écarter que le problème des disponibilité d’argent au niveau des banques et des chèques postaux, se règle dès les mois à venir, en faisant tourner la planche à billets à plein régime.

Mais, si elle peut effectivement solutionner cet épineux problème de disponibilité, la planche à billets a toutefois, la fâcheuse réputation de dérégler à terme, toute la machine économique et financière, du fait qu’elle inonde le pays d’une masse monétaire qui n’a pas de contrepartie productive.  Dans le cas présent, la situation sera encore plus dramatique car l’argent de la planche â billet ne servira dans sa presque totalité qu’à payer les retraites et les salaires des fonctionnaires et certaines dépenses â caractère social, totalement improductives. Très peu de liquidités iront à l’investissement et à la relance économique. En découlera tout naturellement, un regain d’inflation, une perte considérable de pouvoir d’achat et bien entendu, une détérioration sans précédent de la parité du dinar. Les conséquences sont déjà largement perceptibles à travers la flambée des prix des produits de consommation et des matières premières, que seule une forte reprise de la production industrielle et agricole, pourrait stopper. C’est malheureusement à la tendance inverse que l’on assiste aujourd’hui et sans doute pour longtemps encore !

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