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Ressources en eau : « 80% des barrages en Algérie sont totalement envasés »

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L’Algérie vit une grave crise d’eau provoquée par une faible pluviométrie de ces dernières années. Cette situation est fortement ressentie cette année 2021, notamment avec la baisse drastique des volumes d’eau emmagasinées dans les barrages qui sont pour leur majorité à un niveau très bas.

Pour faire face à ce stress hydrique, le ministère des Ressources en eau a annoncé un programme d’urgence. A la capitale Alger, un plan de rationnement a été adopté et entré en vigueur samedi 26 juin.

Ce mardi 6 juillet 2021,  le Professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumédiène (USTHB), et président du Club des risques majeurs, s’est exprimé sur cette situation de stress hydrique que connait le pays.

« Dans les risques majeurs naturels il y a le volet risque désertification, sécheresse et canicule. C’est une grande problématique pour tout le pourtour méditerranéen », a d’abord expliqué M. Chelghoum, qui est intervenu sur les ondes de la radio nationale, en ajoutant que précisant que la sécheresse « c’est un déficit en pluviométrie ». « On vit ça depuis une vingtaine d’années en Algérie », a-t-il dit en estimant le déficit en pluviométrie à 13% pour l’Est du pays, à 12%  pour le Centre et à plus de 20% pour l’Ouest.

Selon lui, la solution est « comment anticiper les effets de cette sécheresse ». Cela consiste, a-t-il expliqué, en la gestion des ressources en eau superficielles et souterraines. « Malheureusement, ces deux dernières décennies, il y a eu des investissements colossaux dans la construction des barrages hydrauliques, des stations de dessalement (d’eau de mer) et des stations d’épuration », a-t-il rappelé, en estimant que ce sont les trois volets sur lesquels, les pouvoirs publics peuvent jouer pour gérer ce déficit en eau potable.

« 80 % des barrages réalisés en Algérie sont totalement envasés »

« Il y a à peu près 50 barrages en exploitation et mis à part le barrage de Beni Haroune (dans la wilaya de Mila, ndlr), les autres sont à moins de 10 %, notamment ceux de Taksebt (Tizi-Ouzou), Bouira et de Tipaza qui sont pratiquement à 0 %. Totalement envasés »; a-t-il relevé.

« Le problème posé dans la construction de ces ouvrages, c’est l’absence totale d’études et d’aménagement des berges, des bassins et sous-bassins versants », a-t-il déploré, en indiquant que c’est bien de construise ces ouvrages, mais « le problème de fond qui se pose, est comment aménager à l’amont tout l’environnement d’un barrage. »

«Et là, on s’aperçoit que 80 % des barrages réalisés en Algérie sont totalement envasés », a-t-il relevé, en estimant qu' »ils ne servent pratiquement à rien ». Parce que, a-t-il expliqué, « la capacité des 50 barrages en exploitation, programmée et planifiée, est de 5 milliards de mètres cubes et là, on n’a même pas quelques millions m3 », a noté Pr Chelghoum, qui a ajouté que « c’est pour cela qu’on vit actuellement le stress hydrique ».

A ce propos, il faut rappeler que le ministère des Ressources en eau a lancé récemment plusieurs opérations de dévasement des barrages à travers l’ensemble du territoire national, l’objectif étant de parvenir à une exploitation optimale des capacités de remplissage de ces infrastructures.

Selon lui, l’Algérie est un pays aride, semi-aride et sub-humide. « Nous avons quatre étages bio-climatiques. L’Algérie, c’est 238 millions d’hectares dont 200 millions d’hectares de désert et on vit actuellement sur 38 millions d’hectares », a-t-il indiqué, en rappelant le dernier rapport du GIEC, qui place l’Algérie comme un point focal à l’avenir en matière de gros risques de changements climatiques. « C’est là où il faut insister pour bien gérer ces changements climatiques dans notre pays », a-t-il dit.

Evoquant la stratégie des pouvoirs publics d’atteindre 50% de l’eau potable provenant dans les prochaines années du dessalement d’eau de mer, Pr Chelghoum a estimé que « ce n’est pas une bonne chose et une bonne solution, parce que l’équation à plusieurs paramètres ». Pour lui, il faut « multiplier les stations d’épuration et utiliser ensuite les eaux usées dans l’industrie et l’agriculture, qui « sont plus grands consommateurs d’eau ». « Comme ça, on va réduire la consommation de l’eau potable qui est très chère à produire », a-t-il dit.

Il a expliqué que le dessalement d’eau de mer coûte très cher et l’Algérie n’est pas un pays très riche comme les pays du Moyen-orient dont l’eau potable provient du dessalement. Selon lui, toute la stratégie de prévention doit être axée sur l’accroissement des capacités de stockage des eaux. Le Professeur Chelghoum s’est dit « pour des solutions économiquement acceptables » compte tenu de la situation financière de l’Algérie, en insistant notamment sur les eaux souterraines avec les forages et il faut cartographier toutes les zones des nappes importantes et mettre en place l’instrumentation qu’i faut pour pouvoir fournir le citoyen en eau potable.

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