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Portrait, Faiza Antri Bouzar « La Haute couture doit parfois bousculer les convenances »

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Adepte du mariage des genres, tout ce qu’aime cette artiste, devenue reine de la Haute couture algérienne, est d’associer les richesses culturelles d’Orient et d’Occident dans tout ce qu’elle réalise. Du bijou au Karakou, Faiza Antri-Bouzar innove, élargit ses horizons et s’amuse des irritations qu’elle peut parfois susciter.

Faiza Antri Bouzar a baigné dans un univers artistique dès sa naissance. Son grand-père était bijoutier-Joailler et son père l’est encore. Ils se sont, d’ailleurs, construits une belle réputation dans ce domaine. C’est ainsi que Faiza a fait ses premiers pas d’ouvrière dans l’Atelier de son père à Kouba qui jouxte leur Maison Familiale, en banlieue est d’Alger.

En réalité, ses penchants artistiques, elle les découvre très tôt. « J’ai eu la chance de grandir en famille près de mes grands-parents et mes oncles. De rien, on faisait des gâteaux et de tissus, on cousait et brodait des vêtements. Je dessinais et m’exerçais aux travaux manuels. J’aimais beaucoup aller dans le jardin et y manipuler la terre. »

Après le Lycée, c’est, paradoxalement, à une carrière de business women qu’elle veut se destiner. Aussi, elle décide de poursuivre à Nice des études de commerce.

Au terme de ses études, retour à Alger, elle rejoint la bijouterie familiale et tente d’apporter sa pierre (c’est le cas de le dire) à son développement.

Vient quelques temps après, « mon mariage qu’il me fallait préparer. J’ai tenu à reproduire un Karakou légué de mère en fille par mon arrière-grand-mère. Une pièce remarquable qui a au moins 120 ans. Je suis d’ailleurs la seule, après cette dernière, à l’avoir mise quand j’étais enfant, je l’ai donc plus tard reproduite non sans l’avoir complétée d’une « Mharma, ce foulard brodé er travaillé à la main que portait les Algéroises d’Avant avec leurs tenues. »

De là, elle commence à dessiner et styler des robes en parallèle à la confection de bijoux. « Couturiers, modélistes, m’ont tous encouragée à m’investir plus avant dans ce métier artistique qui n’était jusque-là qu’un hobby.

Il a fallu ensuite, que je rencontre le Couturier Fouad qui m’a non seulement encouragée mais surtout livré toutes les ficelles, plutôt les fils, du métier. C’est à ce moment-là que je décide de me lancer vraiment. »

Aujourd’hui, la Maison FAB (acronyme de Faiza Antri Bouzar ) s’est bien installée dans l’univers de la Mode et de la Haute couture. Faiza sillonne le Monde pour des défilés auxquels elle est conviée.

Mekia Cox séduite pas les œuvres de Faiza Antri Bouzar

Elle se réjouit d’habiller aujourd’hui des vedettes algériennes telles Lila Borsali, Rym Amari ou Souad Massi et d’avoir même pénétré le monde d’Hollywood en habillant notamment l’actrice Mekia Cox d’une robe rouge intitulée « Lady in red », une robe occidentale avec une touche bien algérienne par le perlage et la broderie.

Aux Etats-Unis, récemment encore à Washington et Chicago, elle était l’invitée du département américain. La Gandoura de l’Est algérien y était exhibée avec succès.

Il est vrai que sa Gandoura innove et cela ne plaît pas toujours aux gardiennes du Temple de la Mode algérienne et des traditions. A Annaba où elle exposait sa collection, il y a peu encore, certaines invitées n’ont pas manqué de l’apostropher sur le sacrilège d’avoir modifié les attributs traditionnels de cette robe de velours séculaire.

A Faiza, alors de leur expliquer que dans tout art, il y a un facteur lié au temps qui entre en jeu. Pour elle, la Haute couture est un art vivant qui doit évoluer avec son temps. » Elle avoue qu’elle n’aura pas réussi à convaincre mais qu’importe, d’autres font de la couture en suivant scrupuleusement le modèle traditionnel tandis que d’autres aimeront ce que je fais. « Pour ma part, je reste contemporaine et universelle, j’aime bousculer les convenances tout en respectant, en admirant et en m’inspirant des traditions ». Je m’applique toutefois, à rendre le vêtement algérien plus international en élargissant ma gamme.

Le monde a toujours été ainsi, dit-elle, « chaque civilisation emprunte à d’autres leurs belles choses ».

Elle rappelle que Venise a été un carrefour du stylisme oriental.

Le masque arboré lors du Carnaval n’y est pas étranger. Même chose en Espagne, les traces laissées par les arabo-berbères en Andalousie sont palpables encore à ce jour. »

Mais quelles sont ses ambitions aujourd’hui ? « Partager ! oui, partager avec cette jeunesse qui recèle et qui foisonne de talents. Je veux aider les jeunes entrepreneurs que ce soit dans la couture ou au-delà. Le flambeau doit être passé. La jeunesse algérienne est extraordinaire ».

Et, il est vrai, Faiza Antri Bouzar a de quoi inspirer.

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