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Mer de Chine: Des eaux qui sentent le souffre

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Le Covid-19 a-t-il, in-extremis et malgré lui, sauver la Région ? La crise économique qui s’est incrustée dans le sillage de la pandémie a affaibli l’ensemble des pays du sud-est asiatique. Aussi, l’Accord signé à Hanoi, le 15 novembre 2020, quinze pays d’Asie et du Pacifique est arrivé tel le Messie (ou Buddah, tout aussi approprié au contexte régional).

Un véritable soulagement où la Chine est venue, de manière inespérée, à la rescousse de 14 pays qui n’en rêvaient pas tant et qui acceptent désormais de mettre un bémol sur les litiges territoriaux qui minent leurs relations avec le grand voisin aux appétits voraces et qu’ils peinaient à interpeller.

Il est vrai, rien n’aura eu raison jusque-là, des velléités chinoises sur un ensemble maritime qui longe une kyrielle de pays du sud-est asiatique en proie aux menaces et autres intimidations récurrentes de Pékin. 

Ces pays qui n’osent pas (ou rarement) hausser le ton face à une Chine omnipotente qui, selon eux, n’en finit pas d’installer sa domination sur une route maritime qu’elle considère comme « propriété naturelle et éternelle » et par laquelle transite quelque 30% du commerce mondial.

Lieu stratégique devenu confluent d’intimidations, de menaces et, en arrière-plan, de rivalités avec les Etats-Unis confirmées sous la présidence de Joe Biden, la Mer de Chine abrite une ribambelle de territoires d’archipels, d’îlots de récifs et d’atolls conflictuels dont les appartenances n’ont jamais été vraiment déterminées avec toute la force juridique qui devrait s’imposer et toujours remises en cause. Autant de lieux éruptifs et explosifs dont les mèches peuvent s’allumer à tout moment.

Litiges, rivalités multiples et tension continue

L’espace maritime en question représente une surface de 3 500 000 km² du détroit de Taïwan à l’archipel indonésien et dont 90% sont revendiqués en termes de souveraineté par la Chine au détriment de la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, les Philippines, Taïwan, le Vietnam et Bruneï.

L’Indonésie et les îles Natuna

Les provocations par pénétrations de navires militaires dans sa Zone d’expansion économique irritent Djakarta qui proteste officiellement rappelant que les revendications de la Chine sont « sans fondement juridique » et « non reconnues par la la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 ».

Les îles Spratleys Paracels et Pratas 

De véritables noman’s land sont investis par la Chine qui y installe des structures militaires au grand dam du Vietnam, des Philippines, de la Malaisie et de Brunei. Ces territoires sont pour Pékin hautement stratégiques et très riches en ressources halieutiques et énergétiques.

L’Australie qui tente parfois de rapprocher ses navires lors de manœuvres militaires est rappelée fermement à l’ordre par les forces navales chinoises.

Mer de Chine orientale, les îles Senkaku ou Diaoyu (pour les Chinois)

Nous sommes ici au cœur des rivalités sino-japonaises. Théâtre de provocations par les Chinois qui font pénétrer leurs navires avant de rebrousser chemin avec tout l’art de faire fulminer les autorités japonaises. 

Le Japon qui tente d’organiser une alliance avec tous les pays de la Région qui se disent persécutés par Pékin Tokyo tente d’apporter son aide économique et de vendre des équipements militaires, notamment au Vietnam, sous l’œil bienveillant de Washington. Une attitude que dénonce la Chine avec véhémence contre ce qu’elle nomme un « mini OTAN ».

Le projet du canal de Kra

La Thaïlande s’abstient de répondre officiellement et favorablement à la proposition chinoise de creuser un canal au Sud de son Territoire. La Chine souhaite s’approprier un passage autonome pour ses navires en contournant, pour une partie de son trafic, le canal de Malacca et la surveillance américaine qui s’y exerce.

Vietnam : Des relations schizophrènes nourries de la peur des « gros bras » chinois

Le Viet Nam a du mal à s’émanciper dans sa relation avec le Grand frère chinois en dépit de sa proximité avec Moscou. Les forces navales chinoises empêchent les embarcations de pêcheurs Vietnamiens de naviguer dans les eaux alentour des îles Paracels. « Les bateaux sont coulés, les filets arrachés, les hommes violentés voire tués. Hanoi préfère minimiser de peur de représailles », rapportait en 2017 l’envoyé spécial du quotidien français Libération

Malgré cela, on tente de ne pas amplifier les incidents tout en considérant ses pêcheurs comme de véritables combattants patriotes. Ce qui exaspère les pêcheurs et les rend haineux à l’égard de la Chine.

Accord de Hanoi, telle la Providence…

Cet Accord semble « providentiel » dans cette conjoncture géopolitique hautement conflictuelle et sanitaire dramatique. Un véritable miracle se serait produit. Il formalise une zone de libre-échange entre les dix États de l’Asean (Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Singapour, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei), la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Et redonne de l’espoir à toute une Région animée par quelque deux milliards d’habitants.

Un Accord qui accuse cependant une fausse note, l’absence de l’Inde qui veut encore voir avant de signer. Un accord promu par la Chine, ravie d’avoir damé le pion aux américains, après que Donald Trump ait mis sous le coude un projet d’accord comparable concocté par son prédécesseur Barack Obama. 

Il reste que si cet Accord d’Hanoi ravive à l’heure qu’il est de beaux espoirs pour toute la Région, certains observateurs plus circonspects font valoir le risque d’avoir signé un Accord de… « Munich » dont les conséquences funestes ne manqueront pas de se faire sentir à brève échéance avec un naturel chinois qui reviendra au galop face à une détermination affichée de l’administration Biden à contrer, vaille que vaille, tout appétit débridé. Mais ne soyons pas de mauvais augure…

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