Le militant politique Karim Tabbou a été placé ce mercredi soir en garde à vue à Alger en attendant sa présentation devant le procureur, rapporte le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Karim Tabbou a été retenu au commissariat de Château-neuf à Alger où il s’est rendu après avoir reçu une convocation suite à la plainte déposée mardi contre lui par le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Bouzid Lazhari.
« Karim Tabbou placé en garde à vue, en attendant sa présentation devant le procureur », a écrit le CNLD. « C’est suite à une convocation qu’il avait reçu (plainte déposée par Bouzid Lazhari) qu’il s’est présenté ce mercredi à 14h au commissariat où il a été entendu et signé un PV à 19h15 et quitté le commissariat de Châteauneuf », rapporte le CNLD qui a précisé : « En sortant du commissariat Châteauneuf, Karim Tabbou découvre qu’il a oublié un document le concernant, et quand il est retourné pour le récupérer il a été retenu au commissariat. »
Lundi 26 avril lors de l’enterrement de feu Ali Yahia Abdennour au cimetière de Ben Aknoun (hauteurs d’Alger), le président du CNDH, Bouzid Lazhari qui s’était rendu audit cimetière pour se recueillir sur le défunt, il a été pris à partie par plusieurs personnes dont Karim Tabbou qui lui ont scandé : « Dégage ! Dégage! », « Klitou leblad ya ssaraqin » (vous avez pillé le pays bande de voleurs), comme le montrent des vidéos publiées le jour-même sur les réseaux sociaux.
Le lendemain (mardi) Bouzid Lazhari a annoncé le dépôt de plainte à l’encontre de Karim Tabbou et toutes les personnes qui l’ont pris à partie.
De son côté, Karim Tabbou, coordinateur du parti Union démocratique et sociale (UDS-non agréé), a indiqué dans une interview accordée au journaliste Mahrez Rabia, qu’il n’avait pas tenu des propos insultants ou dégradant à l’encontre de Bouzid Lazhari.
Il a ajouté qu’il s’était retrouvé en face du président CNDH auquel il a posé la question : « Comment avez osé déclarer, lorsque je me trouvais en prison ainsi que d’autres personnes, qu’il n’y avait pas de détenus d’opinion en Algérie? ». Selon Karim Tabbou, il n’a fait que scandé un slogan « Dégage ! Dégage ! » repris par plusieurs personnes présentes à l’enterrement de Ali Yahia Abdennour.
Pour rappel, Karim Tabbou a été placé en détention provisoire en septembre 2019. Après plusieurs mois en prison, il a été libéré en juillet 2020. Le 7 décembre de l’année écoulée, Karim Tabbou a été condamné à un an de prison avec sursis et une amende de 100 000 dinars pour « atteinte à la sûreté nationale ». Il a été il a été relaxé du chef d' »atteinte au moral de l’armée », à la suite de déclarations critiquant le régime et l’armée en mai 2019 au cours d’un rassemblement à Kherrata (Sétif).
Plusieurs arrestations et perquisitions de domiciles
Le CNLD a signalé plusieurs arrestations, notamment à Tizi-Ouzou et Alger, Oran, Blida.
A la ville Tizi-Ouzou, une marche nocturne improvisée par les étudiants a été réprimée par les forces de l’ordre. Plusieurs étudiants ont été interpellés ce soir par la police, indique le CNLD. « Lyes Idiri et Idir Cherikh ainsi que plusieurs autres étudiants viennent d’être arrêtés par les forces de l’ordre. Plusieurs blessés devant le portail principal du stade de 1er novembre », écrit la même source. Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées tard dans la nuit. Ils étaient 13 étudiants et 2 mineurs, selon le CNLD.
A Alger, le CNLD a signalé Hakim l’arrestation de Ouchbara dit Hakim Kimou à 14h00 dans son quartier. Durant la même journée, l’activiste et ex-détenu d’opinion Slimane Hamitouche a été arrêté par des agents en civil chez lui.
A Oran, les services de sécurité ont perquisitionné dans la journée d’aujourd’hui le domicile familial du défenseur des droits de l’homme, Kaddour Chouicha. « Kaddour Chouicha et son épouse Jamila Loukil viennent d’être relâchés. Mais ils sont convoqués à se présenter au commissariat central d’Oran, pour demain, Jeudi 29 Avril 2021 », précise la même source, qui a ajouté que « Kaddour Chouicha et son épouse Jamila Loukil ont été arrêtés devant la Cour d’Oran juste à leur sortie de la cour, après le renvoi du procès en appel. Une perquisition au domicile a été effectuée après cette arrestation. » Toujours à Oran, le CNLD a signalé que 15 personnes arrêtées et placées en garde à vue depuis vendredi 23 avril.
Selon la même source, Hichem Khiat placé en garde à vue à la gendarmerie de Blida. Le CNLD a précisé q' »une perquisition du domicile du coordinateur national du Rassemblement des jeunes pour l’Algérie et co-fondateur de l’initiative Nida22, Hichem Khiat a été effectuée ce mercredi, après son arrestation sur le lieu de son travail (direction de Sonelgaz de Blida) (mercredi matin) par la gendarmerie de la wilaya de Blida. Lors de la perquisition, les gendarmes ont pris son ordinateur. » A Bouira, Mahdi Bougherbi a été arrêté dans la journée de mercredi 28 avril.
A Biskra, Okba Hamidi a été arrêté hier mardi 27 avril 2021 avec perquisition au domicile familial. Il a été placé en garde à vue Mardi soir en attendant sa présentation devant le procureur, selon le CNLD.
A Ain Defla, Mohamed Khelifi s’était présenté au commissariat de police mardi 27 avril 2021, suite à une perquisition la veille de son domicile familial alors qu’il était absent. Mohamed Khelifi a été transféré à Oran.
