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Entretien exclusif avec Dr M. BAKLI sur la situation des EnR en Algérie : Comment passer d’un échec chronique au succès « possible »

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Le débat sur les énergies renouvelables et la transition énergétique a occupé ces derniers jours la scène nationale notamment depuis la publication du rapport CEREFE véritable état de lieu de la situation des EnR en Algérie et qui dresse un constat sincère et très amer en matière de politique de pilotage de ce dossier et de réalisations concrètes. En sommes on est loin des objectifs fixés et l’Algérie enregistre malheureusement beaucoup de retard malgré les atouts dont le pays dispose

Algérie Eco souhaite initier un débat franc et transparent sur les entraves, les difficultés et surtout les propositions opérationnelles qui permettent à notre pays de disposer d’une véritable filière industrielle dans le renouvelable à même de réussir la transition énergétique condition sine qua non d’une sécurité énergétique indispensable au même titre que la sécurité alimentaire.

Nous allons donc entamer une série de rencontres avec des acteurs de la filière EnR pour aborder toutes les questions autour de ce secteur dont le développement est considéré comme une priorité absolu dans le programme du président.

Nous publions aujourd’hui un entretien avec Dr Mouloud Bakli expert algérien reconnu et dont les contributions sont très appréciées aussi au niveau local qu’à l’international.

Dr Mouloud Bakli est un vétéran de 13 ans dans la Silicon Valley, où il a travaillé dans les semi-conducteurs puis est devenu directeur Monde (pendant 10 ans) du Solaire chez Air Liquide. Président du Club Energia, il est également conseiller de plusieurs pays dans leur développement et stratégie.

Algérie Eco : Selon vous, pour qu’elles raisons notre pays est en retard dans la transition énergétique alors que nous assistons depuis plus de 8 ans à un ballet d’annonces sans lendemain ?

Mouloud Bakli : Sans détour, nous sommes très en retard. Nous avons transformé la stratégie des EnR en tragédie des EnR ce retard se chiffre en centaines de millions de dollars de pertes annuelle. Nous avons installé entre 2014 et 2020 moins que ce que l’Allemagne a installé rien que sur le mois de Mars 2020 en plein crise de la Covid-19.  

Nous avons fait les calculs au standards financier internationaux liés aux EnR, qui montrent que chaque jour du retard. L’Algérie perd plus d’un demi-million de USD par tranche de 1GW de PV et plus encore pour l’Eolien alors que les EnR sont la seule et véritable alternative aux sources de revenus Oil&Gas du pays.  L’Algérie mérite beaucoup mieux.

Il est important de recenser les raisons qui ont fait que nous sommes en retard, en voici, à mon avis, quelques-unes:

  • Pas le bon ADN : Dans le secteur énergie, l’ADN Oil&Gas est dominant ce qui ne laisse pas, ou peu de place aux autres types d’énergies. Nous avons constaté sur le terrain que l’énergie non fossile est perçue par cette communauté comme un rival à ce qu’ils ont développé pendant des décennies et non pas comme un projet à réussir à tout prix. Il est à noter que les leaders de la zone MENA / Afrique qui réussissent les EnR ont misé sur une gouvernance sans historique Oil&Gas ni technologique mais plutôt misant sur des experts seniors dans l’ingénierie financière. Ainsi donc la Sonatrach (ou pourquoi pas sa filiale AEC) ou Sonelgaz peuvent lancer une agence des EnR mais en choisissant les profils appropriés.
  • Les recommandations des forces vives algériennes du secteur ignorées : Beaucoup de propositions et de recommandations pour une stratégie EnR qui permettent à notre pays d’amorcer une vraie transition énergétique ont été ignorées. Je cite celles formulées aussi bien par le club ENERGIA ou celles du Cluster énergie solaire.
  • Gouvernance : Nous n’avons pas mis en place un pôle ou une agence dédiée indépendante avec un pouvoir de décision et d’action et  dotée d’experts pointus dans la structuration financière des projets ( project financing) tel que nous l’avions préconisé. Miser sur le tout technologique dans les EnR c’est faire preuve d’amateurisme.
  • Les EnR ont besoin d’un pôle fort en structuration financière : La technologie est un outil mais de loin pas le maillon critique des EnR.
  • Force est de constater qu’une industrie locale algérienne des EnR de grande qualité totalement ignorée : Les gouvernements qui se sont succédés ont dressé des mirages aux investisseurs – ceux qui ont survécus ont aujourd’hui une vraie force industrielle dans les EnR pour l’Algérie. Les autorités les ignorent et ne tiennent pas compte de leurs requêtes au lieu de promouvoir cette industrie naissante à l’instar des pays maghrébins, de l’Inde ou de la Turquie…

Pourriez-vous néanmoins nous citer des points positifs ?  

Oui, il est vrai que nous assistons à la création d’une véritable filière industrielle des EnR et particulièrement du solaire photovoltaïque 

Les industriels Algériens des EnR ont choisi de jouer dans la cours des grands.  Ils se sont inspirés des grands modèles de success story de contenu local de pays comme l’Inde, la Turquie ou certains pays du Maghreb où une intégration locale intelligente résulte en une création énorme d’emplois et de croissance. L’Inde a réussi sa Transition Energétique en mettant en œuvre une politique de contenu local incitative, elle est aujourd’hui citée par les asiatiques comme étant devenu un acteur Tier 1, avec des points en plus sur les asiatique sur les aspects durabilité.  

Véritablement les industriels algériens ont réalisé dans la dernière décennie un bond énorme en avant notamment et grâce entre autre au Cluster solaire véritable force fédératrice qui tire l’Algérie des EnR vers le haut. 

Voici un bilan partiel de ce que les algériens ont pu déjà réaliser… cette force africaine en devenir des EnR est aujourd’hui devenue incontournable.

Voici quelque élément en ma possession sur l’état de la filière industrielle naissante dans notre pays:

  • Module PV (env. 30% du cout système) bientôt plus de 500MW d’usine d’assemblage de modules qui devront dépasser les 1GW dans les 18 mois à venir. Les toutes dernières usines sont équipée des technologies les plus récentes des Top 10 déjà prête pour les technologies de demain (pour les érudits : Half-Cut Cells, MonoPerc et TopCon, dimensions de cellules, M6, M10, M12, MBB, Verre Verre ). Automatisées à plus de 90% il faudra aller en Chine ou en Inde pour peut-être trouver des usines du même niveau de robotique. La norme de certification Allemande TUV Rheinland est prévue également.  C’est en outre cette norme qui rend une chaine de valeur (supply chain) des projets IPP bancables.
  • Entrants : Intégration locale intelligente. Des actions ciblées ont été lancées par le Cluster et la diaspora pour être proches des couts asiatiques avec une intégration locale des entrants vers les 36% (Verres Solaire, Cadre Aluminium, boite de jonction, Silicone, …) et c’est à notre portée d’aller plus avec les films encapsulant (EVA, back-sheet et POE).

 

Grace au bonus des modules PV « Made in Algeria » initialement encouragé par la première magistrature du pays nous avons réussi à inverser la vapeur. En effet, aujourd’hui c’est les Top 10 chinois qui frappe à la porte des fabricants Algériens pour faire ce qu’on appelle dans le secteur de l’OEM (fabrique en Algérie selon leur custom design) et créer une valeur locale, un module Algérien (selon un custom design ) et l’installer en Algérie, prêt à être exporté vers l’Afrique/ Europe. Au bonus création d’emplois et croissance évidement… Si l’état supprime les taxes aberrantes sur les entrants des modules PV (30%) nous pourrons concurrencer les panneaux asiatiques.   

    

  • La structure métallique (dit Mounting Structure) (environ 10% du cout système) nous avons recensé 2 et bientôt 3 acteurs qui fabriquent de la structure métallique aux normes internationales avec déjà des expériences d’exportations en Afrique (Sénégal/Soudan). Ceci est une autre aberration d’une longue liste : Pourquoi importer la structure métallique de Chine alors que nous avons une industrie locale de l’acier et nombreuses stations de galvanisations ? Aujourd’hui avec les hausses des couts du fret, le coût de transport est 1,5X le cout de la structure elle-même. Cela ne devrait même pas faire l’objet d’un débat. Nous avons recensé 2 projets parmi les 50MW de SKTM (23MW) qui vont importer les structures métalliques de Chine ceci est injuste vis-à-vis de l’Algérie, une insulte vis-à-vis des investisseurs, environ 2.7M$ perdus pour notre pays. 
  • Développement grâce au génie algérien de Système Hybridation et SCADA pour l’exploitation et le suivi des centrales électriques, Shelter Onduleur Made in Algeria. . 
  • Enfin citons les autres expertises locales très abouties : l’EPC, l’ingénierie,  le câble solaire déjà exporté,  le « commissionning » la construction, le conseil pays en stratégie EnR en Afrique.

 

Finalement nous avons l’impression qu’il y a deux forces des EnR : une Algérie des acteurs industriels audacieux et celle des décideurs…. deux mondes qui ne se parlent pas ou du moins asynchrone. Quelles conséquences ?  

MB : c’est exactement ça ! les conséquences sont plus que dramatique pour notre pays. En voici quelqu’unes qui coutent déjà très chers à notre pays 

    • Nos experts s’expatrient à l’étranger : l’ignorance, marginalisation et mise à l’écart des compétences et acteurs nationaux qui activent dans le domaine des EnR depuis des décennies,. C’est un fait notoire l’expertise algérienne est allé s’exporter car dénigrée dans son pays, les pays leader des EnR apprécient et valorisent le savoir-faire algérien citions le Mali, Sénégal, Cameroun, Libye, Soudan, USA, les pays du Maghreb, Les Emirats Arabes Unis l’Europe…
    • Les acteurs les plus fragiles succombent à ces mirages de GW qui ont été suivi par un silence et un total désintéressement voire dénigrement. Certains ont survécu grâce à une stratégie multi-produit / ou multisectorielle. 
  • Gâchis généralisé: Si nous continuons dans la voie actuelle nous allons vers une situation ou l’Etat importera ce que nous produisons, des équipements (modules, structures, câbles) et du savoir-faire d’opérateurs étrangers alors que les industriels Algériens devenus fort en expertise EnR exportent les mêmes équipements et leur savoir-faire. Donc nous allons vers une Algérie qui avance à deux vitesses, deux mondes qui devrait travailler ensemble en totale synergie. Hélas nous perdons ici les atouts et initiatives énormes que le secteur prive industriel ont développés pour l’Algérie.. 

 

AE : Vous confirmez donc l’existence d’une capacité Industrielle Algérienne dans les EnR: 

MB : Oui, c’est aujourd’hui une réalité. L’industrie Algérienne du Solaire est devenue une force incontournable régionale et africaine en devenant capable aujourd’hui de prendre en charge plus de 500MW (bientôt 1GW) par an aux normes internationales. Ces usines fabriquent des Modules de dernières générations que l’on retrouve chez les Top 5 mondiaux ils pourraient être aux même prix que les Chinois si les autorités publiques éliminent les taxes absurdes sur les entrants, avec 36% des entrants made in Algeria, Câbles, de structures métalliques, et également les volets Hybridation, EPC, O&M, structuration de financements, monitoring (SCADA) 

Notre pays n’a pas besoin d’opérateurs étrangers, sauf dans des secteurs cibles et complémentaires en concertations avec les acteurs locaux – nous avons déjà une Industrie Algérienne florissante,  un savoir-faire reconnu dans le monde des EnR, qui se développe depuis une décennie, qui s’exporte bien et qui s’est mise aux normes internationales. C’est une aubaine pour notre gouvernement.

Faire appel à l’expertise étrangère c’est déjà un constat d’échec, ou alors une méconnaissance totale et un mépris du tissu industriel des EnR Algérien. Aucun pays de la zone MENA qui a connu une « success story » n’a suivi cette stratégie.   

Importer ce que nous produisons déjà c’est financer la croissance et la création d’emploi à l’étranger au détriment de notre Algérie. Et c’est clairement un coup de massue à l’égard des industriels Algériens qui se sont investi depuis plus d’une décennie.

Tournons-nous vers l’avenir ! Quelles seraient les conditions minimums pour que notre pays puisse rejoindre le concert des grandes nations des EnR ?

L’Algérie peut devenir une force des EnR régionale et mondiale en peu de temps, nous sommes nombreux à le croire, mais cela ne sera possible que si nous acceptons tous ensemble de faire un 180 degrés. 

Nous avons travaillé avec l’ensemble des parties prenantes pour définir un mode opératoire à même de réaliser les objectifs affichés par les pouvoirs publics. Voici une liste non exhaustive d’actions essentielles à lancer sans délai pour ériger l’Algérie au rang de leader des EnR dans le monde 

Mais permettez-moi de rappeler quand même que l’Algérie perd par jour et par GW non installé un demi-million de dollars et plus pour l’Eolien. Sans citer les créations d’emploi et de croissance que nous n’avons pas créée dans notre pays. Depuis juillet 2020, nous avons perdu plus de 90M$ par GW de PV non installes, les EnR devrait être la priorité des priorités du gouvernement. 

  • Création d’une Agence des EnR avec des experts reconnus et très pointus du secteur des EnR, qui maitrisent parfaitement les EnR sur toute la chaine de valeur et en particulier, la structuration financière, le « project finance », et très à jour des « best practice & benchmark » des pays leaders qui ont réussis leur transition EnR. Organisation de ponts permanents d’échanges et surtout d’écoute gagnant-gagnant avec les forces vives de la nation Cluster / Diaspora / Think Tanks… Cette agence mènera des actions sur tous les sujets qui bloquent les EnR… à la fois finance, taxe douanières, industries…  
  • « Task Force » Public-Privé pour réduire le prix du KWh des EnR: Lancement sans délai d’une équipe mixte publique-prive qui va s’atteler à éliminer tous les aberrations, les freins un par un qui impactent le cout de l’électricité verte… par exemple les taxes sur les entrants des modules PV, les taxes sur les éléments de la chaine de valeur importe (onduleurs, batteries, …) 
  • Réalité des prix Kwh: Ramener le prix du KWh d’électricité à la réalité (nous devons nous mettre à la réalité des prix, nos voisins maghrébins l’ont fait donc nous pouvons le faire) tout en soutenant les capacités financières des plus nécessiteux via par exemple des tarifs par tranches estimée d’une consommation d’un ménage moyen. 
  • Marché Résidentiel :  La réalité des prix (item précèdent) va booster le marché du solaire résidentiel (3 à 7KWp / maison) véritable catalyseur et énorme vivier de création d’emploi pour notre jeunesse et des PME. De plus ceci va réduire les contraintes qui pèsent sur le réseau électrique de l’opérateur historique, pendant les tranches horaires dites de « pics de consommations » 11h-16h ou justement le solaire est le plus compétitifs.
  • Marché Eolien (A ne surtout pas laisser à l’écart) : Ne pas faire une stratégie de projets menés en série mais en parallèle. Mettre en œuvre un Mix Solaire Eolien « progressif et intelligent » est très important. L’Eolien est le parfait complément à l’intermittence du Solaire, les couts du KWh sont du même ordre de grandeurs que le solaire c’est-à-dire 3 à 4 fois moins chère que celui des énergies fossiles. La création d’emploi et les métiers de sous-traitance sont énormes (30% du coût c’est du Génie Civil). L’Algérie a des gisements Eoliens d’exceptions – et notre pays a le pouvoir de lancer le plus grand parc en Afrique d’Eolien et même le faire financer (vu la qualité exceptionnelle des gisements) et d’attirer les plus grands turbiniers, les plus grandes institutions financière (DFI’s) et les plus grandes sociétés de construction Eolien. Notre attentisme n’a aucune excuse il nous coute très cher. Les recettes d’export de gaz épargné sont énormes. Enfin un des pays maghrébins fabrique les palettes des turbines et les exporte en Afrique.
  • Encouragement de l’industrie locale / Facilitation de l’export: Reconnaitre le génie et le savoir-faire Algérien via un bonus au niveau des appels d’offres pour contenu local et facilitation de l’export des opérateurs locaux. Elimination des taxes aberrantes sur les entrants et sur les éléments de la chaine importés (onduleurs par exemple). Sonatrach et/ou Sonelgaz doivent se positionner en IPP (producteur d’énergie verte) Africain avec « dans ses troupes et en ordre de bataille» les industriels Algériens pour promouvoir le Made in Algeria en Afrique. C’est cela une success story. 
  • Qualité des appels d’offres : Cela fait probablement parmi nos plus grandes faiblesses. L’appel d’offres doit être totalement revu et se mettre au diapason des appels d’offres que l’on peut trouver chez les leaders de la zone MENA. Nos CDC IPP ressemblent à des CDC EPC… Cette mise à niveau va créer l’écosystème et la compétitivité locale nécessaire pour pousser les PMI/PME se préparer pour l’export. Pour cela Il y a lieu de la mise en place d’un groupe de travail mixte de consultation Cluster / Pouvoir Public / Diaspora qui se consulte sur une base régulière.
  • Fluidité des transactions de rapatriement des dividendes des PPA (Volet bancabilite) : Le complément de la LFC 2020 et la dernière LF2021, le stipule déjà mais il faut une vraie action type « task force » avec une position claire sans ambiguïté. La contrainte des 51/49 a été un véritable frein historique pour attirer des acteurs dit Tier 1 dans ce domaine et profiter d’un transfert de savoir-faire aussi bien technologique qu’en matière de projet finance et surtout un KWh le plus compétitif possible. 
  • PPA Contrat d’achat, Bancabilité : Le contrat dit PPA doit être au niveau des standards internationaux sans ambiguïté ni compromis. Nous avons dans le passé toujours déclaré en Algérie qu’il nous faut un PPA adapte à nos contraintes et notre manque d’expériences, résultats nous n’avons attiré aucun IPP de rang Tier 1.    

Le contrat doit répondre à tous les règles de bases de bancabilité. Il doit rassurer le banquier préteur, les bailleurs de fonds, … être compatible avec les canevas des grandes institutions (dites DFI’s) qui financent les Gigas projets EnR de pars le monde. Il doit être équilibré et protéger toutes les parties, le producteur et l’off-taker à travers un véhicule et pacte d’actionnariat dit SPV (single purpose vehicle)… – Il doit inclure entre autre (liste non exhaustive): un pacte de sureté (security package), garantie de transaction fluide et solvable, une garantie de paiement (comme nos contrats de dessalements), un indexation partielle ou totale d’une partie du tarif de vente de l’électricité verte sur une devise étrangère etc.  

Capitaliser sur le travail accompli par l’AEC les 5 dernières années (contrats à long terme) : Notons que sur le volet PPA il y avait en Algérie un vivier, réel savoir-faire et une expertise de niveau internationale en matière d’ingénierie financière, contrat longue durée chez l’AEC (Algerian Energy Company) qui a construit et contracté 11 stations de dessalement d’eau de mer (23% de notre consommation d’eau) avec des grands acteurs mondiaux dits Tier 1.  D’ailleurs nous proposons de lancer un vaste programme de solarisation des stations de dessalement d’eau de mer très énergivore. Le stress hydrique est un véritable enjeu pour notre pays, et le gisement solaire peut y contribuer positivement. 

Ouverture aux financements extérieurs des SPV :  Souvent dans le passé le Project finance en Algérie a été confondu avec endettement, c’est entre autres ce qui explique que l’Algérie a toujours tourné le dos à ce levier fondamental des EnR. Les Africains, les Européens, les grandes puissances se battent (lobby, solvabilité, notations pays, bancabilite, fluidité des transactions…) pour rapatrier le maximum de financements pour le développement et l’accélération de leur transition énergétique. Pour être très clair sur ce sujet : Pas de renouvelable sans financements extérieurs, surtout que les taux n’ont jamais été aussi bas. Alors que les grandes puissances africaines des EnR se battent pour rapatrier le maximum de fonds… un seul pays est l’absent chronique : l’Algérie. Encore une fois nous sommes l’exception ou l’aberration difficile à comprendre et encore moins a à expliquer. Les pertes en termes de croissances se chiffreraient en milliards.

C’est pour cela que nous insistons pour étoffer notre pole de décision par des talents de l’ingénierie financière. 

Le financement est aux EnR ce que les réacteurs sont pour un avion. Sans financement notre programme d’EnR ira droit au mur.   

Spécifications techniques / CDC : Traditionnellement et historiquement nos cahiers des charges gardent dans leur élaboration l’héritage lourds des décennies du Oil&Gas non applicable au EnR – cela doit cesser… (voir rapport du retour d’expérience qui a été fait par une des sociétés EPC des 380MW – réunions journée de travail CREG, 30 Juillet 2018) 

Dans un cahier des charges EnR il ne faut jamais figer – brider – les caractéristiques par exemple du module (puissance crête) ou l’architecture de l’onduleur… ceci est totalement contreproductif et tire la performance vers le bas, au point où certains acteurs des appels d’offres en cours sont obligés « par prescription » aujourd’hui de chercher des modules obsolètes de mauvaises performances et des onduleurs centraux là où le string serait plus adapté et vice versa. 

Le CDC doit demander une énergie dite renouvelable la plus compétitives la plus stable et fiable avec contrat longue durée avec les règles de contenus locales mais ne doit en aucun cas brider le choix des gens dont le métier est justement l’ingénierie et les forcer à choisir des modules obsolètes (230Wp..)  ou les empêcher de choisir les toutes dernières évolutions technologiques en plus celles-ci sont souvent déjà disponibles en Algérie.  

Dans le cas de l’IPP (Producteur Indépendant d’Energie) c’est à lui de choisir et d’optimiser sa centrale PV à travers ses études pour garantir une énergie verte à moindre cout. Type de modules, onduleur string ou central, structure fixe ou tracker (support qui suit l’orientation du soleil +25% de productible) lui permet de garantir une énergie verte à moindre cout y compris la maitrise de l’O&M (opération et maintenance)…  

Ecosystème / PME/ PMI & Concurrence : L’état doit travailler avec les forces vives nationales (Cluster, diaspora, Energia…) et autres pour créer l’écosystème favorable à l’émergence d’une flière industrielle des EnR, la promouvoir. Cet écosystème doit permettre aux PME/PMI d’investir dans l’ensemble des segments composant la chaine de valeur des énergies renouvelables et créer ainsi des milliers d’emplois directs (on estime à 35-40 emplois directs et indirects crées pour un Mégawatt). 

Mix EnR & Efficacité Energétique dans les Industries Energivores : Eriger un dispositif réglementaire pour inciter les opérateurs ou Industriels énergivores à baisser leur consommation d’Energie à travers des projets dits d’«auto-consommation» via par exemple le PV et des innovations (algérienne) dans le stockage (par exemple « Ice Bat » : fabrication de glace via le PV et fonte la nuit en diffusant du froid ou Batterie Lithium). Ce type de projet permettra la réduction de leur facture d’énergie, maitrise de la demande, ainsi que la réduction des émissions de CO2 pour être en accord avec les engagements de l’Algérie (COP21, 22…). Les Industriels Energivores auront obligation d’installer des capacités EnR (après audit…) dans un délai raisonnable pour réduire leurs sollicitations sur le réseau de l’opérateur historique.  Nos voisins maghrébins l’ont fait et ont constaté un succès retentissant. 

 

Solarisation du secteur Agricole loin du réseau : Une (autre) aberration que l’on doit éliminer immédiatement. En effet au lieu de construire de tirer des câbles loin du réseau sur des dizaines de KM qui reviennent très cher au contribuable nous pouvons très facilement installer des solutions renouvelables isolées ou hybrides à bas couts en un temps record et les financements abondent sur ces segments. Nous pouvons redonner la vie à travers l’irrigation solaire a des espaces agricoles jusque-là isolés, difficile d’accès… et enfin cela permet également de favoriser la création d’un tissu industriel de PME-PMI du Solaire Agricole avec son corollaire en terme de croissance et de création d’emploi.

 

Mohamed El Kebir

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