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Barrage vert: au temps où l’Algérie était à la pointe du combat écologique

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Il y a environ un demi siècle ( le 19 juin 1972 précisément), le défunt président Houari Boumediene, lançait à partir d’une forêt de la wilaya de Djelfa, le chantier du « Barrage Vert » qui consiste à réaliser une immense barrière végétale, couvrant une vaste partie des Hauts Plateaux et de l’Atlas Saharien. Cette ceinture boisée devait servir de rempart à l’avancée du désert qui menaçait, à cette époque déjà, d’engloutir plus de sept millions d’hectares. En ce temps là, l’opinion mondiale n’était pas aussi sensible qu’elle ne l’est aujourd’hui, aux problèmes écologiques. C’est dire à quel point l’Algérie était en avance sur des questions aussi importantes, que celles du dérèglement climatique, de la désertification et du réchauffement planétaires, qui font le « buzz » aujourd’hui!. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, les autorités algériennes ne s’empressent pas de montrer au monde entier, les premiers résultats concrets de cette grande aventure écologique, pour améliorer le prestige de l’Algérie et donner l’image d’un « pays toujours de debout » malgré les affres du terrorisme islamiste qu’il avait subis. Cela inciterait également d’autres nations à entreprendre pareilles aventures en s’inspirant de l’expérience algérienne.

La décision d’entamer la plantation de cette vaste ceinture verte, ne fut évidemment pas, comme certains avaient tentés de le faire croire, la conséquence d’un coup de tête du Président Boumediene. La décision fut longuement mûrie, avec à l’appui, les résultats de reboisements concluants obtenus au terme de nombreuses tentatives et, notamment, celle réalisée par un de nos meilleurs ingénieurs forestiers sur le site de Moudjbara (W de Djelfa), pourtant réputé inapte à recevoir des plantations forestières.

Comme beaucoup de nos compétences, ce spécialiste en aménagement forestier, dont les instances internationales comme la Commission Européenne et de nombreuses universités et centres de recherche internationaux, ne tarissaient pourtant pas d’éloges, sera contraint par toutes sortes de brimades à quitter son pays, dans les années 90. Cet ingénieur émérite du nom de Said Grim, est depuis quelques années installé au Canada où il rend de bien utiles services à ce pays immensément riches en forêts.

Le succès de cette expérience que ce brillant ingénieur avait pilotée, avait en effet conforté le président Boumediene, qui venait d’effectuer une longue visite sur ce site nouvellement boisé, dans sa décision d’entamer au plus tôt et aux pas de charge, les travaux de cette gigantesque ceinture verte de plus de trois millions d’hectares, large de 20 kilomètres et longue de 1500 kilomètres de l’est à l’ouest du pays.

Les travaux consistant à préparer les sols à recevoir toute une variété d’essences, à les planter et à les entretenir, furent confiés au Haut Commissariat au Service National, qui avait mis à contribution plusieurs années durant, des dizaines de milliers de jeunes conscrits, qui se sont attelés, dans les conditions éprouvantes du désert, à donner corps à ce projet pharaonique, que d’aucuns considéraient comme insensé.

Ce n’est qu’en 1991, à l’aune du retrait de l’Armée Nationale Populaire de toutes activités civiles, pour se concentrer exclusivement sur ses métiers de base, que les appelés du service national, seront déchargés de cette mission, que le gouvernement Chadli, embourbé dans de graves problèmes politiques et sécuritaires, aura du mal à confier à une instance civile, capable d’assurer correctement la relève. Les administrations forestières locales auxquelles la charge sera dévolue, éprouveront d’énormes difficultés à poursuivre le travail, d’autant plus que la sécurité était impossible à assurer en zones rurales. De ce fait, les surfaces traitées resteront longtemps marginales, tandis que la qualité des plantations s’en faisait par endroits, gravement ressentir.

Lorsque les militaires lèveront le camps au printemps 1991, ils laisseront un bilan somme toutes très honorable, de 280.000 hectares plantés en arbres forestiers et fruitiers. A leur actif, il y a aussi la création d’un nombre considérable de pépinières d’où on puise aujourd’hui encore, une large gamme d’essences forestières et fruitières. On n’oubliera pas, non plus, toutes les retenues colinéaires qu’ils avaient réalisées pour mettre dans ces zones arides, de l’eau à la disposition des planteurs, ni les centaines de kilomètres de pistes et de tranchées pare-feux, laborieusement réalisées dans ces contrées lointaines et souvent enclavées.

Si la reprise des plantations par les administrations forestières peut être qualifiée de lente et, nettement au dessous des performances productives de l’armée, d’aucuns pensent que les ouvriers qualifiés des entreprises de travaux forestiers supervisées par des administrations locales, font mieux au plan de la qualité. Les arbres pousseraient mieux et la mortalité serait beaucoup moins importante, qu’au temps où les plantations étaient confiées à de jeunes soldats, selon un compte rendu de presse.

Comme pour toutes les activités qui s’opèrent en Algérie, on éprouve des difficultés à obtenir des bilans chiffrés et le barrage vert ne déroge pas à la règle. Les seuls chiffres disponibles sont ceux, ayant traits au bilan des plantations au moment du retrait du haut commissariat au service national du barrage vert. Ces chiffres font état de 280.000 hectares plantés en 1991, après 20 ans d’intense activité.

Il y a aussi, le chiffre du ministère de l’Agriculture et des Forêts qui, en 2005, estimait à 340.000 hectares la surface totale boisée de 1972 à 2002 par les militaires et les civils qui avaient pris la relève en 1991. Ce qui est évidemment très faible, au regard de l’objectif total du barrage vert, portant sur 3 millions d’hectares à boiser et un certain nombre d’ouvrages à réaliser dans le cadre du barrage vert. Un objectif ambitieux qui ne pourrait à l’évidence être atteint que dans deux siècles, si ce rythme de réalisation trop lent, venait à perdurer.

C’est sans doute pour impulser une nouvelle dynamique à ce projet, que le gouvernement a, tout récemment, décidé de créer un « organe de relance du barrage vert ». Encore au stade de simple déclaration d’intention, on ignore tout de la composition et des attributions de cette instance. Notre vœu est évidemment, qu’elle ne soit pas une structure bureaucratique de plus (de trop) qui compliquera beaucoup plus les choses, qu’elle ne les résout. Les autorités politiques nous ayant habitués à ces structures bureaucratiques, vite créés et aussi tôt disparues sans laisser de traces, nous nous garderons évidemment, d’émettre un quelconque avis sur cet organe de relance encore au stade de déclaration d’intention et dont on ne sait pas grand chose, pour l’instant!

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