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Questions autour de la surprenante réapparition du président Tebboune

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À peine réapparu et dans des conditions pour le moins insolites, après près de deux mois de soins intensifs dans un hôpital allemand, la vidéo postée par le président Tebboune sur son compte twitter, suscite déjà de très vives réactions. Curieusement, les premiers concernés que sont censés être les médecins et le Conseil Constitutionnel, sont totalement absents des débats. Ce sont pourtant les premiers qui sont seuls habilités à donner un point de vue sur son état de santé réel et le second, sur les mesures constitutionnelles à appliquer au chef de l’Etat qui n’occupe plus sa charge depuis bientôt 2 mois.

Curieusement c’est le Chef de l’Etat en personne qui semble tenir à prouver son rétablissement au lieu et place de médecins assermentés auxquels la lecture d’un bulletin de santé favorable aurait largement suffi pour mettre à l’aise ceux qui tiennent encore à lui et refroidir ceux qui attendent sa fin politique.

Cette démarche à la fois logique et légale n’ayant pas été retenue pour des raisons qu’on ignore, la voie a été laissée libre à l’intrigue et aux rumeurs de toutes sortes. Il faut dire que le traitement médical du président atteint par une forme de Coronavirus particulièrement virulente, a été si long qu’il a suscité de légitimes inquiétudes chez les véritables détenteurs du pouvoir qui redoutent de piloter directement le pays dans un contexte particulièrement difficile. Aux trois crises, politique, économique et sanitaire, qui frappent déjà de plein fouet l’Algérie, est en effet venue s’ajouter une crise géopolitique d’une gravité sans précédent, à notre frontière ouest. Pour l’état major militaire qui détient la réalité du pouvoir, il n’est pas question d’affronter cet ensemble de difficultés et, notamment, celle qui vient d’apparaître avec le Maroc, avec un Chef de l’Etat qui est également Chef Suprême des armées, absent encore pour longtemps et certainement très affaibli à son retour. C’est donc dans la logique des choses que des rumeurs probablement fondées circulent depuis quelques jours à Alger, rumeurs selon lesquelles de hauts responsables de l’armée auraient tenu une réunion au cours de laquelle l’éventualité d’une démission d’Abdelmadjid Tebboune aurait été évoquée et aurait même reçu l’accord d’une large partie des officiers concernés.

Beaucoup d’algériens ont considéré ces rumeurs comme crédibles du fait qu’il était déjà dans le domaine public qu’Abdelmadjid Tebboune ne doit son élection qu’au soutien quasi solitaire du défunt chef d’état major Ahmed Gaid Salah. Tous les algériens savent qu’un puissant clan de l’armée, des services de sécurité et de l’administration, avaient ouvertement soutenusle candidat Azedine Mihoubi, ce qui leur a valu de dures représailles. Ce clan encore vivace serait évidemment ravi d’évincer ce président qui constitue une menace pour leurs carrières.

La question que tous les algériens se posent est de savoir pourquoi le chef de l’Etat en poste, a utilisé son compte Twitter plutôt que les médias publics censés dépendre exclusivement de lui, pour s’adresser aux algériens ,histoire de leur prouver qu’il est encore en vie mais aussi et surtout, qu’il est déterminé â reprendre ses fonctions dans au maximum trois semaines. Le problème est que cette vidéo maladroitement bricolée a suscité beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en a réglé. L’état de santé du président assis et visiblement affaibli pose problème et l’échéance de son retour en Algérie incertaine. Beaucoup plus qu’une apparition pour convaincre les algériens de son rétablissement et d’un retour imminent aux affaires, cette vidéo semble beaucoup plus destinée â neutraliser le clan adverse qui ne verrait pas d’un mauvais œil son départ au nom d’une « réal politic » qui, effectivement exige un président de la république en excellente santé, capable de travailler plusieurs heures par jour pour résoudre les problèmes nombreux et multiformes qui se posent à la nation.

Les prochains jours promettent donc d’être agités tant les tiraillements au sommet de l’Etat sont forts et les enjeux de pouvoir de plus en plus contradictoires. Étant mal servi par l’élection du 12 décembre 2019, et par l’échec objectif du référendum du premier novembre 2020, mais aussi et surtout, par le décès de son puissant soutient Ahmed Gaid Salah, sa bataille pour un retour aux commandes de l’Etat sera â l’évidence difficile, d’autant plus qu’il ne bénéficie du soutien d’aucun parti politique.

A ce déficit de soutiens politiques il faut évidemment ajouter la franche hostilité du Hirak, confiné mais toujours vivace, qui non seulement continue à contester son élection mais également, à lui reprocher sa politique ultra répressive à l’égard des activistes et des journalistes proches du Hirak. Les rumeurs évoquent le soutien du Président français Emmanuel Macron qui lui aurait tout récemment garanti son appui, mais on ignore quelle valeur opératoire conférée à ce soutien formulé dans le cadre d’une simple interview accordée à un magazine à portée africaine.

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