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La B.A.D ouvre le débat sur la gestion de la dette dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et de l’après-crise

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La Banque africaine de développement a lancé, jeudi 3 décembre, en partenariat avec le Japon, une série de conférences virtuelles sur la gestion de la dette des pays africains dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et après la crise sanitaire. La rencontre a compté près de 300 participants parmi lesquels des experts gouvernementaux, des spécialistes institutionnels et des acteurs de la société civile.

Lors du premier webinaire de la série placé sur le thème : « Transparence, responsabilité et déclaration de la dette », Rabah Arezki, économiste en chef et vice-président de la Banque chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances, a estimé que si l’Afrique a été relativement épargnée par la crise sanitaire, elle doit néanmoins affronter son lourd impact économique. « L’Afrique a toujours compté sur ses exportations, dont le pétrole, mais aussi sur des activités comme le tourisme. Dans le contexte actuel, cette dépendance risque de renforcer la crise de la dette et la précipiter à l’avant-scène. Il est important de discuter de la gestion de la dette et de prendre les mesures appropriées pour y faire face », a-t -il affirmé.  Rabah Arezki a précisé qu’une partie de la dette des pays africains était détenue par des privés et des donateurs non traditionnels. Abondant dans le même sens, Atsushi Mimura, directeur général adjoint au Bureau international du ministère japonais des Finances, a assuré que son pays suivait de très près la gestion de la dette des pays africains, surtout dans le contexte pandémique, où elle peut devenir une vraie hypothèque pour le développement.

Hanan Morsy, directrice du département de la Politique macro-économique, des Prévisions et de la Recherche à la Banque, a présenté les principaux enseignements à tirer de l’expérience actuelle de gestion de l’endettement des pays africains, avant d’insister sur la nécessité de la transparence, la responsabilité et la déclaration de la dette.

Défis existants et émergents : Modérés par Abdoulaye Coulibaly, directeur de la Gouvernance et de la Gestion des finances publiques à la Banque, les panels ont permis d’identifier les principaux défis existants et émergents en matière de transparence de la dette des pays africains.

Pour Jacob Mkandawire, directeur adjoint du département des marchés financiers de la Banque centrale de Zambie, les pays africains souffrent de leur faiblesse en ressources humaines pour assurer une gestion plus transparente de la dette. À cette difficulté, s’ajoutent l’obsolescence du matériel informatique et l’absence de clarté du cadre juridique qui n’impose aucune contrainte pour l’enregistrement et la déclaration de la dette.

Selon Shakira Mustapha, chercheure à Overseas Development Institute, la rotation trop rapide du personnel dédié à la gestion de la dette dans les administrations publiques est un frein à la transparence, la responsabilité et la déclaration. « En tant qu’organisation de la société civile, nous constatons avec grand regret les vraies insuffisances du cadre juridique, ce qui pose un réel problème de transparence de la dette. On note que les parlementaires ne sont pas associés à la gestion de la dette dans la plupart des pays », a regretté Jason Braganza, directeur exécutif du Forum africain et du réseau sur la dette et le développement (AFRODAD).

Meilleure coordination des acteurs : Les discussions du webinaire ont permis également d’esquisser des pistes pour renforcer la transparence dans la gestion de la dette des pays africains afin d’éviter qu’elle ne s’aggrave pendant la pandémie et qu’elle ne devienne ingérable dans la période post-Covid 19.

Les panélistes ont plaidé en faveur d’une meilleure coordination entre les différents intervenants dans la gestion de la dette, appelant à mettre fin à la situation actuelle où différents acteurs (ministre des Finances, Banque centrale, bureau de la dette) agissent sans aucune synergie. « Nous devons évoluer vers une transparence maximale en renforçant le contrôle à travers des audits internes et favoriser les audits de contrôle externes. Nous devons également engager des actions de plaidoyer en direction des décideurs politiques afin qu’ils prennent la mesure des enjeux de transparence de la dette », a affirmé Babacar Cissé, directeur de la dette publique au ministère sénégalais des Finances. Selon lui, il est également important que les États africains communiquent de manière sereine et apaisée sur le profit de leur dette, son coût, ses risques ainsi que sur les conditions d’obtention des prêts.

Au terme de débats denses et fructueux, Samuel Mugoya, directeur du département de la Syndication, du Cofinancement et Solutions clients à la Banque africaine de développement, a rappelé que l’impératif de transparence valait autant pour les États emprunteurs que pour les prêteurs. « Prêter continuellement pour faire face à la crise actuelle n’est pas la solution. Des prêts sans cesse, même à des taux concessionnels, ne gèrent pas la crise. Il faut plutôt agir par d’autres solutions comme, élargir l’assiette fiscale et repenser le modèle des exportations », a-t-il affirmé.  

 De nombreuses autres thématiques liées à la gestion de la dette des pays africains seront abordées, chaque mois, lors des prochains webinaires.

Source : communiqué B.A.D

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