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Le secteur économique public à l’agonie : Quel avenir pour le millier d’EPE ayant déclaré faillite ?

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Quel avenir pour le secteur public économique arrivé à bout de souffle, au terme d’une vingtaine d’années de gestion hasardeuse et d’abandon par l’Etat propriétaire?

Elles sont en effet, un peu plus de 1400 entreprises publiques économiques dotées d’environ 10.000 filiales toutes organisées en sociétés par actions (ÉPÉES/SPA), dont l’Etat algérien est l’unique actionnaire, qui souffrent de problèmes économiques et financiers si graves, que leurs commissaires aux comptes ont officiellement prononcés leurs dissolutions du fait de l’épuisement quasi total de leurs actifs. Par crainte de devoir licencier des milliers de travailleurs l’Etat les a cependant autorisées à poursuivre leurs activités jusqu’â ce qu’une solution définitive soit trouvée. Aucune issue n’ayant été trouvée cette pléthore de sociétés insolvables a continué à activer aggravant encore davantage leurs déficits et handicaps managériaux. Plus d’un millier d’entre elles ont plongé dans une irrémédiable déstructuration économique et financière. Plus de 90% de ces entreprises étaient en réalité déjà rentrées dans cette phase de déstructuration avancée depuis plusieurs années, puisqu’en 2010 déjà, le ministère des finances faisait état de plus de 800 EPE en faillite ( actifs nets négatifs), qu’il faut impérativement mettre sur le marché de la privatisation, au risque de causer un énorme préjudice aux finances publiques. Il ne fut malheureusement pas été écouté et, de ce fait, l’Etat a dû mobiliser en leur faveur pas moins de 3500 milliards de dinars pour ces canards boiteux en activité.
De par les dispositions du code de commerce, ces entreprises étaient pourtant automatiquement vouées à la dissolution, immédiatement suivie d’une opération de liquidation visant à glaner un maximum d’argent de la vente de leurs biens. Ces mesures pourtant obligatoires de par les lois en vigueur, n’ont pour diverses raisons jamais été appliquées. Tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, s’étaient contentés de les autoriser à poursuivre leurs activités, avec pour seule promesse d’assainir plus tard leurs comptes. C’est ce que chacun des gouvernements a fait, en dégageant chaque année dans les lois de finance, un budget spécialement destiné à l’assainissement des entreprises publiques en difficulté. Mal calculés et soumis à des règles exagérément bureaucratiques, ces capitaux se sont malheureusement toujours avérés insuffisants et, dans tous les cas, incapables d’apporter une solution définitive à ces entreprises qui avaient atteint un irrémédiable niveau de déstructuration. Soumise à des procédures extrêmement rigides, les entreprises concernées ont en effet, de tout temps éprouvées des difficultés à tirer profit de ces budgets mis à leur disposition. Certaines se plaignent même de n’avoir rien reçu de cette aide promise. De ce fait, leurs situations patrimoniales n’ont fait que se dégrader au fil du temps, au point d’être aujourd’hui irrécupérable. Ces entreprises en sont effectivement arrivées à traîner de lourdes dettes, à ne plus avoir de commandes et à ne plus être en situation d’honorer des contrats de travaux ou de fournitures. Beaucoup d’entre elles ne parviennent même pas à payer régulièrement leurs travailleurs, ni même à s’acquitter des impôts et taxes arrivés à échéances. D’où les cumuls de pénalités qui creusent chaque année davantage, leurs déficits.

Ces EPE qui ne produisent plus rien, mais qui continuent à employer des centaines de travailleurs, ont fini par ressembler à des « crèches pour adultes » qui ne créent plus de richesses mais, au contraire, appauvrissent l’Etat.

Leurs déficits s’accroît chaque année davantage, sans que cela n’inquiète l’Etat propriétaire, qui n’ose pas appliquer les mesures légales prévues par le code du commerce, sans doute par peur de subir les conséquences politiques et sociales d’un tel acte. Le statut quo dure ainsi depuis la fin de la décennie 90, date à laquelle toutes ces entreprises avaient bénéficié des capitalisations nécessaires â leurs passages à l’autonomie. Leurs compteurs avaient été remis à zéro pour leur permettre d’entamer une nouvelle vie d’entreprise autonome uniquement soumise à l’obligation des résultats, dans le système de marché qui venait de se mettre en place. Cette remise à flot exclusivement financière, avait toutefois omis de prendre en considération l’aspect fondamental du management, qu’elle a laissé aux mains d’élites souvent incompétentes, car désignées sur la base de critères subjectifs, hasardeux ou clientélaires. La plupart des EPE étaient de ce fait programmées, non pas, pour réussir des challenges managériaux, mais pour essuyer et reproduire des échecs, rarement sanctionnés par l’Etat propriétaire.

Les causes de la déstructuration des EPE étant plus que jamais présentes aujourd’hui (même type de management, absence de commandes, surendettement, situation patrimoniale désastreuse etc.), on se pose la question de savoir quoi faire de tous ces « canards boiteux »qui, au lieu de procurer de la valeur ajoutée , l’appauvrisse bien au contraire, en contraignant l’Etat algérien, à mettre à leur disposition au minimum 300 milliards de dinars d’assainissement financier, chaque année.

La privatisation sous différentes déclinaisons ( ventes de leurs actifs, ouvertures et augmentation de capital, partenariats public-privé etc.) serait, de l’avis de tous les économistes que nous avons interrogés, la meilleure, sinon l’unique remède à une situation patrimoniale aussi dégradée mais, pour se faire, il faudrait que le pays retrouve la stabilité qui lui fait défaut aujourd’hui.

Les crises économiques et sanitaires sont en effet venues compliquer encore davantage la situation déjà peu enviables de ces centaines d’EPE, en réduisant le volume de leurs commandes (notamment publiques) et leur visibilité à court et moyen terme, à défaut desquelles, aucune mesure de redressement ne saurait être prise en leur faveur. Ces crises cumulées ont effectivement contraint l’Etat à suspendre un nombre considérable de commandes publiques et la dernière directive du ministère des finances, qui ordonne l’arrêt total des programmes communaux et sectoriels de développement, (PCD et PSD),n’est pas faite pour arranger les choses. Toutes les EPE qui vivotaient grâce à ces commandes étatiques, sont objectivement vouées à la casse mais, plus grave encore, peu d’investisseurs se précipiteront dans les conditions présentes, pour les reprendre ou, pour acheter leurs actifs. La solution au moyen de la privatisation que recommandaient les économistes devient donc, de ce fait, caduque.

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