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Projet de loi de finances 2021: La crise sanitaire superbement ignorée

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C’est un projet de loi de finances qui fait totalement abstraction des difficultés particulières que subissent citoyens et entreprises, du fait de la crise sanitaire qui s’est brutalement abattue sur le pays, qui vient d’atterrir à l’Assemblée Nationale qui, sans doute, l’adoptera sans difficulté.

Le texte de loi que s’apprête à examiner les députés majoritairement acquis au pouvoir exécutif, est en effet complétement coupé des dures réalités engendrées par la pandémie de Coronavirus. Il ne semble avoir été conçu que pour glaner le maximum d’impôts et taxes, sans se soucier des difficultés de vie des contribuables, laminés par la longue crise sanitaire qui a considérablement réduit leurs revenus et ruiné leurs espoirs d’un redressement à court terme.

La prochaine loi de finances prévoit en effet, des hausses d’impôts applicables à une panoplie de produits et les consommateurs se plaignaient déjà de la cherté des prix. On citera le cas des tabacs, des bières, du sucre utilisé dans les boissons et les gâteaux, de l’électricité et du gaz consommés par les hôtels, des carburants, censés être consommés par des véhicules à leur sortie du territoire national et du timbre apposé aux nouveaux permis de conduire. Le tout enrobé dans un processus de dévaluation du dinar ( 45% durant les 3 prochaines années) qui fera flamber les prix de toutes les marchandises importées.

Ce ratissage tous azimuts des impôts et taxes, ne saurait être compensé par les quelques dispositions à caractère social, consenties à une frange de retraités et handicapés, qui bénéficieront d’un léger abattement de l’IRG. Il n’est effectivement question, que des pensions des retraités et des salaires des handicapés, supérieurs à 30 000 dinars et inférieur à 42 500 dinars qu’on fera bénéficier d’une légère réduction de l’IRG qui relèvera quelque peu, leurs bien maigres revenus.

L’introduction inopportune de nouveaux impôts en cette période extrêmement sensible, donne de notre gouvernement la détestable image d’un exécutif complément coupé des réalités du pays. Laminés par là crise sanitaire, les confinements à répétition et les faillites d’entreprises, les algériens avaient surtout besoin d’aides multiformes pour les accompagner dans cette grave crise de revenus qu’ils traversent. Ils ne verront malheureusement aucune mesure de ce genre inscrite dans la prochaine loi de finances. Bien au contraire, les contribuables seront plus que par le passé à mettre la main à la poche, pour assouvir les besoins insaisissables d’un État qui continue à dépenser sans compter pour financer son coûteux train de vie.

Ce texte de loi comprend en effet, une série de taxes qui risque de réduire le pouvoir d’achat de tous ceux qui vivent de leurs seuls revenus salariaux.

Il s’agit notamment de la fiscalisation de l’épargne des particuliers qui impose un taux de retenue à la source pour les sommes inscrites dans les livrets d’épargne. Ce taux est fixé à 1% pour la fraction des intérêts inférieurs ou égaux à 50 000 dinars et 10% pour la fraction des intérêts supérieurs à 50 000 dinars. De quoi décourager tous ceux qui ont fait le louable effort d’épargner en dépit de l’inflation qui n’a pas cessé d’augmenter au cours de ces dix dernières années. On ne comprend vraiment pas, l’opportunité d’une telle disposition qui risque de dissuader les épargnants à alimenter leurs comptes d’épargne, mais pire encore, à opérer des retraits de fonds, en cette période de forte crise de liquidités. Cela risque d’accroître les chaînes devant les bureaux de poste où est déposé le plus grand nombre de carnets d’épargne.

Quelques exemples de hausses et d’instauration de nouvelles taxes, montrent à quel point la fiscalité sera lourde et étendue à un grand nombre de produits et services.

L’article 39 du projet, prévoit à titre d’exemple, un relèvement de 10 à 15% de la taxe intérieure de consommation sur les cigares et cigarettes et 5 560 dinars par hectolitre pour la bière. Une forte augmentation des prix de ces produits sera effective dès le début de l’année prochaine, si évidemment cette disposition est adoptée par le parlement. Autre exemple, la taxe sur la friperie est fixée à 30% ce qui privera les plus démunis à se vêtir au moyen de ces vêtements moins coûteux.

Autre mauvaise nouvelle, notamment pour les jeunes qui souhaitent pour diverses raisons, décrocher un permis: le relèvement du droit de timbre à l’examen (300 dinars) et à la délivrance du permis de conduire (1 000 dinars ) ainsi qu’à la délivrance de la licence de conduite des motocycles (600 dinars).

L’institution d’une taxe sur la consommation des carburants à chaque sortie du territoire national n’est également pas faite pour réjouir les touristes et les transporteurs de voyageurs et marchandises qui, sont non seulement, contraints de payer de nouvelles taxes, mais également, à subir les affres de la bureaucratie aux frontières, notamment à l’entrée du territoire tunisien.

Les nouvelles taxes instaurées sont lourdes. Elles sont de 2 500 dinars pour les véhicules de tourisme et 2 000 dinars pour les véhicules utilitaires et les camions de 10 tonnes et 10 000 dinars pour les camions dépassant 10 tonnes. Cette disposition qui ne manquera pas de poser de sérieux problèmes d’engorgement aux frontières, viserait à réduire la contrebande aux frontières, selon les rédacteurs du projet de loi.

La taxe sur les ventes de produits énergétiques qui sera étendue aux hôtels classés, ne manquera pas, elle aussi, de faire flamber les prix des services hôteliers, au moment où ces établissements souffrent des conséquences de la pandémie de la Covid-19 qui les avait contraints à fermer plusieurs mois durant. Pour ces hôteliers en difficulté, le gaz et l’électricité seront plus chers et par conséquent ruineux pour leurs trésoreries, asséchées par plusieurs mois d’inactivité.

Les bailleurs de locaux commerciaux en pleine crise immobilière, ne sont également pas épargnés par ce large ratissage fiscal. L’article 12 du projet de loi de finances pour l’année prochaine, propose en effet un relèvement de 15% de l’IRG sur les revenus tirés de location des locaux à usages commerciaux et professionnels, ainsi que de la cession des biens immobiliers bâtis et non bâtis.

Citons enfin le cas des cabinets médicaux et dentaires désormais assujettis à une taxe sur les déchets dont on comprend mal le mode de calcul, mais qui intervient après plusieurs mois d’inactivité qui leur furent imposés par le gouvernement au titre de la lutte contre la pandémie de Coronavirus.

A travers ces quelques exemples d’instauration de nouvelles taxes et de relèvement de celles qui existaient déjà, le gouvernement à totalement fait abstraction de la crise sanitaire qui a considérablement tiré vers le bas les revenus des entreprises et des citoyens.

De très nombreuses sociétés en extrême difficulté, sont sur le point de déposer leurs bilans et les citoyens qui ont perdus leurs emplois se comptent désormais par centaines de milliers.

Ne pas tenir compte de l’élaboration du budget de 2021, reviendrait à ignorer superbement ces franges de la société qui comptent parmi les forces les plus vives de la nation. Cela pourrait constituer un grave manquement de l’Etat à son devoir d’assistance à personne physique ou morale en danger.

Au moment où tous les États du monde déploient des initiatives multiformes pour sauver leurs entreprises de la faillite et les travailleurs de la misère, les algériens ne comprendraient pas pourquoi, leurs gouvernants se sont dérobés à leurs responsabilités au moment où la nation toute entière subissait les affres de la plus grave crise sanitaire de son Histoire.

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