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Chikhi : Le lancement effectif du travail sur le dossier de la Mémoire retardé par la Covid-19

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Le Conseiller auprès du président de la République, chargé des Archives et de la Mémoire nationale, Abdelmadjid Chikhi a indiqué que le travail bilatéral avec son homologue français, Benjamin Stora sur la restitution des archives algériennes transférées vers la France, « n’a pas encore débuté du fait de la propagation de la pandémie Covid-19 », réaffirmant l’existence d’une volonté politique de part et d’autre concernant ce dossier.

Dans le cadre de la coopération bilatérale en cours au sujet de la Mémoire, M. Chikhi a fait savoir, dans une déclaration à l’APS, qu’il « avait pris contact à deux reprises » avec l’historien français, M. Stora, chargé par le Président, Emmanuel Macron de représenter la partie française », néanmoins, « le travail n’a toujours pas débuté solennellement ».

Un tel ralentissement, poursuit M. Chikhi, également Directeur général des Archives nationales, est dû à la situation sanitaire marquée par l’expansion de la Covid-19, qui empêche toujours la tenue d’une rencontre directe avec M. Stora et la mise en place un plan d’action commun.

Cependant, M. Chikhi dit avoir « appris récemment que l’historien Stora avait finalisé son rapport cristallisant une idée générale sur les étapes et priorités de ce travail pour la partie française, et qu’il l’avait même soulevé au Président Macron ».

En attendant l’ouverture effective ce dossier, le même responsable a fait part de la volonté politique exprimée par les deux parties à ce sujet, rappelant que « le Président Tebboune avait annoncé expressément cette volonté et défini le cadre dans lequel ce dialogue devait se tenir », tout en reconnaissant que « nous avons perçu la même volonté chez la partie française ».

Plus explicite, le Conseiller s’est dit « optimiste » quant au sort de ce travail bilatéral, et a confié « nous avons démontré à la partie française l’attachement de l’Algérie à tenir informer, honnêtement, son peuple des informations historiques dont elle sera destinataire, considérant que la liberté des Algériens est liée à la connaissance des origines et des hauts faits réalisés par les générations précédentes en faveur de la patrie ».

« Nul n’a le droit de priver le citoyen algérien de prendre connaissance de son histoire », d’autant plus que le peuple « est de plus en plus passionné de savoir chaque détail lié à son histoire telle quelle avec ses avantages et ses inconvénients », a-t-soutenu, estimant, à ce propos, que « toute appréciation de faits qui ont marqué les différentes périodes traversées par le pays, reviendra finalement au peuple, une fois informé des vérités historiques ».

« Nous souhaitons que la partie française sache que nous n’avons nullement l’intention d’obscurcir la vérité à notre peuple, de même que nous l’invitons à faire pareillement envers ses citoyens afin qu’ils soient informés des faits qui ont eu lieu lors de la période coloniale », a confié le chargé de la Mémoire nationale.

Et de passer en revue, dans ce contexte, les tentatives répétitives menées par des parties françaises dans le but de taire les vérités voire la cruauté subie par les Algériens lors de l’occupation.

Complexe du passé colonial, une des principales entraves de la restitution des archives

La restitution des archives extorquées et dérobées a toujours été une position ferme pour l’Algérie depuis l’indépendance, et pour laquelle elle a déployé tellement d’efforts, obstrués à chaque fois par la partie française.

A ce sujet, M. Chikhi a conclu que la communauté française, en dépit de la position officielle de la France, « porte toujours un complexe vis-à-vis de son passé colonial », d’où la sensibilité de ce dossier de nature à « dévoiler les véritables faits ignobles de l’histoire de l’Hexagone, lequel s’efforce de les occulter par tous les moyens ».

L’Algérie était considéré aux yeux du colonisateur français, poursuit le Conseiller, « un véritable champ d’essais pour mener des pratiques sauvages qu’il a eu à exercer, par la suite, dans d’autres colonies notamment en Afrique, où les autochtones ont pâti de la traite des esclaves dans laquelle ont été impliquées de hautes personnalités françaises. Toutes ces pratiques sont déposées dans les archives ».

Mettre à nu ces faits « entamerait la notoriété de la France et l’image qu’elle tente de véhiculer comme étant un pays civilisé sous-tendant démocratie et respect des droits de l’Homme », et par conséquent « elle a été contrainte, et souvent même, de fermer les portes des archives devant les chercheurs », a-t-il témoigné.

Quant aux priorités de l’Algérie dans le modus operandi de la restitution, M. Chikhi a expliqué que la partie algérienne ne distingue aucunement entre les épisodes de l’histoire nationale, l’essentiel étant de « permettre à l’Algérien de s’enquérir de toute son histoire ».

« D’aucuns pensent que l’intérêt est porté, depuis l’indépendance, sur le combat du mouvement national lors de la guerre de libération, or la vérité est tout autre. Il n’y a aucune distinction entre les phases de notre histoire, elles sont toutes aussi importantes les unes que autres, dans le sens où il n’est possible de procéder à une écriture parcellaire de notre passé », a-t-il souligné.

Lors des négociations pour la récupération des archives, la partie française a tenté de faire perdre du temps en demandant à l’Algérie de fixer ses priorités dans cette opération, « mais nous étions clairs à ce sujet. L’ensemble des archives sont pour nous une priorité », a-t-il dit.

Dans ce dossier, les revendications de l’Algérie sont scindées en deux volets. Le premier consiste à récupérer les originaux des archives, en application du principe universel qui stipule que les archives sont un bien du territoire d’origine et « nous n’y renoncerons pas », a-t-il expliqué.

Il s’agit, pour le deuxième volet, de faciliter le travail des chercheurs, en obtenant des copies en attendant la récupération des originaux, toutefois cette demande est restée lettre morte, ajoute M. Chikhi.

En sus, la partie française a recouru à des méthodes « alambiquées » pour faire obstacle au droit de l’Algérie de récupérer ses archives, en « les transférant du centre des archives de Paris et Aix en Provence vers des lieux inconnus et en les éparpillant à travers l’ensemble de son territoire, et ce en violation de la règle universelle garantissant l’unité des archives.

Par ailleurs, le conseiller auprès du Président de la République a évoqué la question de récupération des restes mortuaires des résistants algériens dont le nombre exact reste inconnu.

« Il est vrai que des estimations ont été faites par un groupe de chercheurs, cependant le nombre reste inexact. L’opération a été menée sur diverses périodes et a touché de nombreux Algériens. De surcroît, une bonne partie des restes mortuaires a été endommagée », a-t-il précisé.

Après ses massacres perpétrés en Algérie, la France a transféré les ossements des Algériens à Marseille pour les utiliser dans la fabrication du savon et le raffinage du sucre. Le sort d’une bonne partie des restes mortuaires demeure méconnu, « le travail doit donc se poursuivre dans ce sens », souligne M. Chikhi.

En juillet dernier, l’Algérie a récupéré les restes mortuaires de 24 résistants algériens restés 170 ans conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris.

Le président de la République avait alors souligné la détermination de l’Etat algérien à « poursuivre l’opération jusqu’au rapatriement de l’ensemble des restes des résistants algériens pour qu’ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés ».

APS

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