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Infrastructures publiques et politiques d’austérité imposées à l’Afrique : le double jeu du FMI

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Au FMI, on pense qu’avec la crise actuelle, il faut massivement investir dans les infrastructures afin de relancer l’économie. Une position jugée comme étant du deux poids deux mesures, au regard des politiques d’austérité imposées à l’Afrique comme solution face aux crises.

Dans son rapport semi-annuel sur le suivi des politiques de gestion budgétaire récemment publié, le Fonds monétaire international (FMI) encourage les pays développés à investir massivement dans les infrastructures et à ne pas se préoccuper de l’endettement, en ces moments difficiles pour l’économie internationale du fait des effets de la covid-19. « Les économies avancées devraient moins s’inquiéter de leur dette publique, mais plutôt profiter des coûts d’emprunt historiquement bas pour augmenter immédiatement les dépenses d’entretien des infrastructures », a déclaré le FMI dans un rapport publié le lundi 5 octobre 2020. « Les pays riches devraient également préparer des plans pour de nouvelles dépenses en capital ultérieures dans les infrastructures numériques et les technologies vertes », a ajouté l’institution.

C’est un changement de position quasi radical pour cette institution. Pendant longtemps, elle a prôné la réduction des investissements publics sur les infrastructures, lorsqu’il a fallu gérer les crises économiques dans les pays les moins développés, notamment ceux d’Afrique subsaharienne. Elle a toujours prescrit l’austérité budgétaire et la consolidation fiscale comme solution, parfois une condition sine qua non à toute aide.

Aujourd’hui que les pays développés font face à une crise majeure, il est question non seulement d’investir sur de nouvelles infrastructures, mais aussi de dépenser pour l’entretien de celles qui existent. Aussi, après une augmentation de près de 9000 milliards de dollars d’endettement net, et une dette qui est devenue perpétuelle pour plusieurs pays riches, le FMI pense que la dette n’est plus un problème pour cette partie du monde.

Au FMI, on explique cette nouvelle position en évoquant des théories historiques émises par l’économiste britannique John Maynard Keynes. Celui-ci pensait déjà qu’en temps de crise, même s’il fallait payer une personne pour creuser des trous, pour les reboucher on devrait le faire pour relancer la demande.

Le gendarme financier du monde est aujourd’hui pris comme le diraient certains la main dans le sac à faire du deux poids deux mesures, lorsqu’il s’agit de gérer les crises économiques parmi ses pays membres. Un réseau de 500 organisations de la société civile emmené par Oxfam est monté au créneau pour demander à l’institution d’arrêter les recommandations d’austérité qui conditionnent son appui aux pays les plus pauvres.

Plusieurs pays en Afrique subsaharienne se sont vu accorder un soutien assez limité de l’institution comparativement à d’autres pays du monde. Les faibles décaissements sont souvent justifiés par un risque de surendettement. Or la région est celle qui est la plus à jour sur le remboursement de ses dettes avec un ratio moyen de dette sur PIB qui est de moins de 50% et un stock de la dette inférieur à 1000 milliards $.

Les pays développés, dont la dette n’a cessé de progresser ces dernières années ont une moyenne de dette sur PIB supérieur à 100%, et sont pourtant traités avec plus de respect par les marchés qui leur prêtent de l’argent parfois à des taux négatifs.

Ecofin

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