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Hôpitaux en Algérie : « Nous fonctionnons toujours avec des structures laissées par la France » (Pr Belhadj)

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Le président du Syndicat national des enseignants et chercheurs universitaires, le Professeur Rachid Belhadj, a évoqué, ce lundi, le système de santé et la qualité des soins en Algérie ainsi que la fuite des diplômés universitaires algériens à l’étranger.

A propos du système de santé algérien qualifié par le président de la République de « meilleur en Afrique », Pr Belhadj a expliqué qu’il est l’un des meilleurs « sur le plan chances de soins, c’est-à-dire, nos portes sont ouvertes 24h/24, l’accès aux soins », mais en matière de qualité des soins, nous sommes très loin de la réalité », a-t-il déclaré dans l’émission l’Invité de la Rédaction de la radio Chaîne III.

« Nous fonctionnons toujours avec des structures laissées par la France »

« Pour prendre en charge un diabétique dans un CHU (Centre hospitalo-universitaire, ndlr), nos citoyens font le tour des hôpitaux. C’est la réalité algérienne. Mais, on ne va pas baisser les bras », a-t-il dit, en ajoutant : « On a besoin d’utiliser toutes nos compétences, nous sommes tenus de normaliser nos hôpitaux. On l’a dit depuis presque 20 ans, pour Alger ou bien pour les grandes villes. Nous n’avons pas construit des grands hôpitaux. Nous fonctionnons toujours avec des structures laissées par la France. C’est une réalité », a-t-il fait savoir, en citant les hôpitaux d’Alger  (Bab El Oued, Mustapha Bacha Beni Messous…), d’Oran et de Constantine.

« Nous nous sommes sentis abandonnés et lassés par des promesses tenues depuis les années 1980 au temps Chadli (ancien président de la République, ndlr) et jusqu’à ce jour, ce sont des promesses après promesses. C’est une formule très complexe, très difficile à gérer dans un contexte aussi économique », a-t-il rappelé. « Le problème de la santé n’est pas propre qu’à la santé. Il y l’enseignement supérieur, les collectivités locales, le commerce, le niveau de notre monnaie… », a-t-il expliqué, en rappelant qu’à l’époque un médecin généraliste algérien pouvait travailler en France et dans tous les pays.

« Maintenant, nos médecins, ils sont tenus de refaire leurs études à partir de la première année », une fois à l’étranger, a déploré le Professeur Belhadj, en soulignant que « nous avons perdu beaucoup de temps et nous l’avons payé cash, concernant le statut du médecin ». « Socialement, vous imaginez que le statut d’un Professeur en médecine touche 900 euros par mois (environ 140 000 dinars avec le taux de change officiel, ndlr) par rapport aux marocains et tunisiens », a-t-il fait remarquer, en plaidant pour l’amélioration de la santé et que dans la Constitution, tout doit être basé sur « la revalorisation de la ressource humaine ».

« C’est une insulte pour nous »

A une question de savoir pourquoi l’offre de soins en Algérie a connu autant de perturbations, Pr Belhadj a évoqué « la mondialisation », qui a fait que « les gens ont le droit d’être pris en charge correctement », mais aussi « l’émergence de nouvelles pathologies comme le cancer et les gens demandent tous d’aller se soigner à l’étranger ». « Là c’est une insulte pour nous », a-t-il estimé. Pr Belhadj a indiqué qu’il y a un réseau officiel de prise en charge et la voie parallèle. A propos de cette dernière, il a cité l’exemple des citoyens de l’Est du pays qui ont se soigner en Tunisie dont les médecins ont été formés en Algérie durant les années 1970. Selon lui, la nouveauté et l’eldorado actuellement, c’est la Turquie pour les algériens.

« En tant que professionnels de la santé et hospitalo-universitaires, c’est une insulte pour nous, que des algériens puissent se faire soigner pour des pathologies simples à l’étranger », a-t-il dit.

La solution selon Pr Belhadj réside dans les ressources humaines qu’il faut « revoir». « Qui dit ressources humaines, ce n’est pas le médecin uniquement, il y a les gestionnaires de la santé qu’il faut bien former et bien payer aussi », a-t-il plaidé, en estimant qu’on ne peut pas confier à quelqu’un de manager un CHU de 1200 lits avec un salaire de 80 000 dinars par mois. « C’est inconcevable », a-t-il dit.

L’Etat a construit des hôpitaux à l’intérieur du pays qui sont actuellement vides

Rappelant que les personnels de la santé (tous corps confondus) ont des devoirs et des droits, Pr Belhadj a insisté sur la nécessité de « revaloriser la ressource humaine ». « On entend souvent d’améliorer, mais on parle de la technologie, de construire un hôpital. L’Etat a construit des hôpitaux à l’intérieur du pays qui sont actuellement vides, pas fonctionnels, flambant neuf, avec des moyens plus que le CHU Mustapha, mais, tout est dans les cartons et fermés. Là c’est un échec de celui qui a pris les décisions de politiques avant de revoir les ressources humaines », a-t-il relevé.

Selon lui : « Nous devons revoir comment on doit former l’ensemble notre personnel. Nous devons aussi évaluer. Je suis chef de service, et je n’ai jamais été inquiété par quelqu’un ou remercié pour mes activités. Vous partez à la retraite sans que personne ne vous dise : ‘’merci pour ce que vous avez fait’’ ou bien pour vous demander des comptes sur ce que vous avez formé ou publié ». « On doit revoir tous ces éléments », a-t-il dit.

«Je reste persuadé qu’on ne pourra pas améliorer même si vous nous ramenez un CHU flambant neuf clé à main et avec tout le matériel nécessaire et notre environnement (transport, sécurité, comportement des citoyens…etc.) abandonné, on ne pourra pas développer. Réformer la santé c’est un ensemble », a-t-il souligné, en soulevant le problème de la dépendance technologique 100% de l’étranger en matière de matériels médicaux, en plaidant pour la relance de la fabrication d’au moins les équipements de base.

« Nous préparons nos enfants à partir à l’étranger »

Relevant que les compétences algériennes sont marginalisées, Pr Belhadj a indiqué qu’il était toujours contre de nommer des ministres de la santé « médecins ». Il a estimé que gérer la santé c’est du « management » et « avoir été formé pour ça »…etc. Selon lui, le médecin est là pour former, enseigner, faire de la recherche et soigner.

Concernant la problématique de la prise en charge dans les urgences des hôpitaux, Pr Belhadj a relevé qu’il y un manque criard dans le personnel. Selon lui, ce personnel il fait constamment le réformer, lui assurer la sécurité, le respecter et le revaloriser en matière salariale. « On ne peut pas continuer à payer un infirmer au niveau du déchoquage à 24 000 dinars par mois ou bien avec une garde 800 dinars », a-t-il dit.

Concernant la question du départ des diplômés universitaires algériens à l’étranger, Pr Belhadj a qualifié ce phénomène de « drame ». « Le problème c’est une question de confiance », a-t-il expliqué, en faisant savoir : « Nous constatons actuellement un drame, c’est que nos médecins généralistes et internes se préparent pour passer le concours en France. Aussi, nos meilleurs médecins spécialistes sont contactés avant la fin de leur formation, pour être recrutés dans les hôpitaux du Golf, d’Allemagne ou du Canada ».

Le Professer Belhadj a appelé à trouver des solutions « réelles et algériennes » pour arrêter « l’hémorragie » de la fuite de nos compétences médicales vers l’étranger. Selon lui, maintenant c’est « fuite organisée familiale ». « Ce qui est plus dramatique pour un Etat, c’est que nous préparons nous enfants à partir à l’étranger », a-t-il dit, en estimant que « c’est un danger pour un peuple et pour un Etat, qui prépare son élite à partir depuis son jeune âge ».

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