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Qui bloque le projet de banque postale ?

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Sur conseil du grand cabinet international de Consulting « Ernest et Young  E-Y», qui a fait un diagnostic complet d’Algérie-Poste au début des années 2000, l’institution entama, sous la conduite éclairée de Mme Ghania Houadria (la directrice générale sans doute la plus compétente qu’ait connue Algérie-Poste), les démarches requises pour créer une banque postale.
Il faut dire qu’avec ses 22 millions de comptes courants, ses 3357 agences, ses 10.600 guichets de paiements éparpillés sur tout le territoire national et ses dépôts colossaux dépassants allègrement 12.000 milliards de dinars, Algérie-Poste à travers son service des chèques postaux (CCP) est de fait, la plus grande banque de dépôts du pays.
Comme la plupart des déposants sont des retraités, des petits fonctionnaires et des étudiants, autrement dit des « petites bourses » on a coutume sous d’autres cieux de la désigner sous le nom de « Banque Populaire ». Quelques établissements publics y déposent parfois des avoirs, mais comme les dépôts et retraits en CCP sont soumis à des taxes de dépôts et de retraits, peu d’entreprises s’aventurent sur ce terrain, préférant déposer leurs fonds dans des comptes bancaires ou carnets d’épargne rémunérés. 

L’idée de créer à partir de cette matrice, une Banque Postale est donc viable et Algérie-Poste avait bouclé dés l’entame de l’année 2007, un dossier portant ouverture d’un « créneau de services postaux » au sein de l’institution. Ce créneau auquel devait être donné le nom de banque Postale ou, de Banque Populaire, au regard du nombre important de petits déposants qui y sont domiciliés, devait avoir pour vocations de gérer les dépôts rémunérés de toutes ces « petites bourses » et d’octroyer des crédits (notamment des crédits à la consommation) sur ces fonds cumulés. La Banque Postale vivrait alors de ses propres avoirs déposés par ses clientèles auxquels s’ajouteront les commissions légales et les intérêts sur crédits octroyés.

Il n’est nul besoin, comme c’est actuellement le cas,  que la Banque d’Algérie intervienne pour lui fournir du cash pour payer les clients venus retirer l’argent qu’il y avait déposé. La Banque Postale est censée dégager du cash permanent à la faveur des dépôts de ses clients et des prestations de crédits qu’elle a engagé. Elle échapperait ainsi aux ruptures de liquidités qui affectent les CCP à chaque rush de clientèles, correspondants généralement aux veilles de grandes fêtes et rentrées sociales. Dans l’exposé des motifs du projet de Banque postale déposé auprès du Conseil de la Monnaie et du Crédit en 2008, il est précisé que la Banque Postale sera une filiale d’Algérie Poste qui y détiendra l’exclusivité des capitaux.

Pour ce qui est des ressources, la Banque postale part avec le gros avantage que constituent ses millions de comptes courants postaux (CCP) et son réseau tentaculaire de guichets postaux. De cet énorme gisement financier, la Banque postale pourrait tirer d’importantes ressources, pour peu qu’elle sache proposer des prestations qui suscitent l’intérêt du plus grand nombre de clients. Beaucoup d’argent appartenant aux usagers des chèques postaux, pourrait en effet être collecté et fructifié par la Banque postale, si elle parvenait à les inciter à placer momentanément leurs avoirs, moyennant rémunération incitative.

Les clients pourraient également être incités à contracter des crédits à la consommation, ou autres, à des taux d’intérêt préférentiels. 
Le personnel d’Algérie Poste n’étant pas suffisamment préparé à ce genre de métier, il était question dés 2008, de former les futurs employés de la Banque Postale à l’aide de la CNEP et de Cetelem qui détiennent un réel savoir faire en la matière, mais aussi, grâce au faisceau de moyens spécifiques dont dispose cette vielle et bien rodée institution, qu’est la Poste algérienne (maîtrise de l’outil informatique, nombre important et extensible de guichets).

La Banque Postale qui devait démarrer en 2009, juste après son agrément par le Conseil de la Monnaie et du Crédit, n’eut malheureusement pas ce privilège. L’agrément ne vint pas et il a été mis fin peu après aux fonctions de la directrice générale d’Algérie-Poste, initiatrice du projet. Dix ans après, on reparle encore au gré de l’interminable procession de patrons d’Algérie-Poste, de cette Banque Postale, « urgente et indispensable » mais qu’aucun ne prendra l’initiative de créer, comme s’il y avait danger à s’aventurer dans cette voix. Il y a donc visiblement une force qui bloque délibérément ce projet et qui l’empêche de voir le jour depuis bientôt vingt années, en dépit de sa grande utilité pour le pays. N’est-il pas temps de mettre fin à ce blocage, ne serait-ce que pour éradiquer définitivement le problème récurrent des ruptures de liquidités, qui pourrit la vie des retraités chaque fois que de fortes pressions s’exercent sur les guichets des postes ? 

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