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Les fonds de pension dans l’incertitude

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Les actions et obligations, première source de rendement des fonds de pension sont incertaines. L’Afrique n’échappe pas à la règle pour les pays qui ont des fonds de pension. Pour ceux qui n’en ont pas réellement, les choses seront plus complexes sur le long terme.

Les fonds de pension connaissent actuellement un grand moment d’incertitude : Selon une étude publiée en juin 2020 par l’OCDE, l’encours global des fonds de pension significatifs dans le monde a atteint 32 300 milliards $ fin 2019. Ces fonds ont bénéficié une nouvelle fois d’une hausse des valeurs boursières, des dividendes distribués par les entreprises et aussi d’un marché de la dette des entreprises qui jusque-là, étaient quasi stables.

Mais avec la pandémie de coronavirus, les fondamentaux des économies dans le monde ont complètement été bouleversés. Les actions et les obligations qui constituent l’essentiel du portefeuille de ces fonds de pension sont en déroute. On apprend d’ailleurs que l’encours du portefeuille de ces fonds a reculé de 8% au terme du premier trimestre 2020.

La croissance des valeurs affichées sur les places boursières américaines et chinoises qui sont les plus dynamiques du moment dissimule certaines faiblesses. Les valeurs boursières globales sont tirées aux Etats-Unis par les sociétés de technologie qui pour l’essentiel ne distribuent pas de dividendes et les valeurs médicales dont la progression à long terme n’est pas certaine. En Chine, on dénonce de plus en plus la constitution d’une bulle financière qui explosera tôt ou tard en raison des fondamentaux peu solides dans l’économie réelle.

De l’autre côté, si les valeurs d’entreprise sont si élevées, c’est parce que le rendement des obligations (titres d’emprunt) qui constitue 50% des placements des fonds de pension est tiré vers le bas. Cela est soit du fait des actions des banques centrales qui ont baissé significativement les taux d’intérêt les rapprochant de zéro, soit du fait que les obligations sont devenues une valeur refuge pour les investisseurs qui s’y précipitent et font baisser les rendements.

En Afrique, le problème se pose aussi : En Afrique, plusieurs marchés sont à suivre dans ce registre. Il s’agit d’une part de l’Afrique du Sud, dont le principal fonds de pension avec plus de 170 milliards $ d’actifs sous gestion est le premier investisseur d’une économie qui fait face à de gros défis. On retrouve ensuite le Nigeria (26,3 milliards $), le Kenya (13 milliards $), la Namibie (10 milliards $), et l’Egypte (4,6 milliards $)

Sur l’ensemble de ces marchés, et plus globalement dans le reste de l’Afrique où on retrouve des fonds de petite taille, les opportunités de placement rentables sont rares. Déjà dans plusieurs de ces pays, la distribution des dividendes a été gelée, et les valeurs boursières ne progressent pas réellement depuis le début de l’année. De même, peu d’analystes sont en mesure de bien cerner l’impact de la covid-19 sur les économies africaines et tout le monde joue donc la carte de la prudence.

Selon les prédictions les plus optimistes, le retour à la croissance économique véritable est attendu autour de 2023. En attendant, il n’est pas sûr que les fonds de pension engrangent plus de revenus or dans le même temps, ils continueront d’honorer leurs engagements auprès de ceux déjà arrivés à la retraite et qui souhaitent toucher leurs capitaux. Dans un contexte où des centaines de millions d’emplois sont concernés, il n’est pas certain qu’on puisse recruter de nouveaux adhérents aux fonds de pension et faire jouer le système de répartition où les contributeurs actuels payent pour ceux nouvellement admis à la retraite.

Sur une bonne partie du continent africain, le problème ne se pose pas encore. Déjà les contributions aux fonds de pension sont faibles. Ensuite, la population est majoritairement jeune. Il y a enfin la souplesse de la solidarité africaine. Mais d’ici 2030, ce schéma risque de changer, avec une population de personnes âgées plus importante et sans un système de protection sociale efficace. Le développement et surtout l’innovation des produits financiers deviennent donc un objectif plus que stratégique pour le continent noir.

Ecofin

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