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Adel Abderrahmane Khalef : « Le recours à l’exploitation de l’or algérien est une erreur stratégique »

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L’Algérie qui fait face actuellement à une crise sanitaire et économique, a pris des mesures pour réduire ses dépenses, mais rien d’autres pour améliorer ses recettes, selon l’économiste, Adel Abderrahmane Khalef,  il existe beaucoup de méthodes pour générer du revenu sur lesquelles le gouvernement peut se pencher. Il a considéré que le recourt à l’exploitation de l’or où d’autres métaux précieux serait comme une erreur stratégique.  

Algerie-Eco: Une grave crise économique guette l’Algérie actuellement, est-ce que vous pensez que les mesures prises par les banques et le gouvernement pour y faire face sont suffisantes? 

Adel Abderrahmane Khalef : J’ai suivi de  très près l’évolution des événements en Algérie, je pense que les mesures prises par le gouvernement sont bonnes et fondées, mais pas idéalement classées dans l’ordre de l’action et des urgences des événements qui surgissent de jour en jour.  Je vois pleins d’interventions sur ce sujet par ci et par là, cependant en réalité quand vous avez une blessure sur la main,  vous n’allez pas vous  mettre un  pansement sur le coude non ?  Là est le problème, le déficit de la qualité du diagnostic pour y adapter les soins appropriés.

Les banques algérienne quant à elles, je suis navré de le redire, mais elles sont archaïques, dépassées, elles n’arrivent même pas à travailler sur la base d’un logiciel core banking apte à leur donner un nouvel élan commercial de services, elles n’arrivent même pas à développer la monétique et séduire les Algériens pour se réconcilier avec eux et les convaincre d’y poser leur fonds. Alors comment  voulez-vous que les banques prennent des mesures ?  Je l’ai toujours dit, il faut réformer le système bancaire algérien et nommer des compétences avérées comme PDG des banques publiques.

À mon humble avis, la seule décision  exemplaire et extraordinaire prise par l’Etat c’est la réduction du budget de fonctionnement à 50 %, ceci est une très sage décision. Il faudra maintenant utiliser cette même matrice mentale et l’appliquer sur les secteurs névralgiques qui ont le potentiel de générer de l’argent à l’Etat à court et moyen terme, surtout à court terme car les caisses sont au rouge, le trésor publique est souffrant et l’économie mondiale est pratiquent à l’arrêt.

Donc, économiser de l’argent,  réduire les dépenses, et se prévenir c’est ce que le gouvernement a fait de bien, je les félicite pour cela, mais, quelles sont les mesures que le gouvernent a prises pour commencer à générer de l’argent à l’Etat immédiatement et efficacement ?  Aucune.  Là je pointe du doigt  le manque de vision et d’idées du gouvernement.

Pourtant , je peux vous assurer qu’il y a plein de secteurs aujourd’hui et immédiatement qui sont prêt à générer énormément de recettes à l’Etat , il y a tous les ingrédients à cet effet , il y a un mass market ( marché de masse ) il y a la consommation  tous azimuts qui augmente dans les ménages dû au confinement et même poste- confinement , il y a les outils techniques pour l’exécution,  il y a tout ce qu’il faut pour mettre le charbon dans la locomotive, mais personne ne fait rien, c’est affligeant.

Donc en conclusion, le gouvernement est très bon côté défense pour sauver les meubles, mais pas assez compétent côté action et offense à faire tourner les institutions et les  entreprises pour générer du cash à l’intérieur afin de faire face à la crise économique qu’ hélas s’est désormais installé.

Les secteurs qui peuvent générer de l’argent immédiatement et efficacement à court terme pour l’Etat sont au nombre de (4), personne au gouvernement ne les voit faute de savoir-faire, d’imagination et d’analyses. C’est impressionnant, je ne sais pas ce qu’il leur arrive, ils ont une mine d’or à leur pieds et ils regardent vers l’horizon.

Le gouvernement évoque la nécessite d’aller vers une diversification économique, mais le président de la République, évoque en même temps l’exploitation d’autres richesses naturelles comme l’or, qu’en pensez-vous?

Le président de la République semble opter pour les solutions d’urgence et de facilité afin de mettre la main sur des entrées d’argent, je pense que c’est légitime, c’est ce qu’il faut faire, il a raison. Cependant  à sa place, je ne toucherais pas à l’or, ce minerai est stable, sa valeur n’est jamais touchée par la spéculation, c’est la réserve la plus sûre de notre pays.

Toucher à l’or est pour moi une erreur stratégique, c’est un bien précieux pour les générations futures. Personnellement je conseil au président de plutôt laisser cet or intacte car vu l’instabilité et la faiblesse  de la valeur du baril de pétrole, l’instabilité des place boursières, cette fluctuation instable de l’or noir  va encore durer plusieurs mois.  L’or servira également à long terme comme élément de négociation fort pour l’Algérie vis à vis de ses partenaires internationaux, l’or est un arsenal de guère qui sera extrêmement utile d’ici deux à trois années. Il ne faut pas toujours  jouer trop vite ses cartes, il faut garder vos meilleures cartes proches de vous.

Ce qu’il  faut faire par contre c’est d’aller vers l’exploitation du phosphate, la, il y’a un marché énorme et des partenariats sérieux à mettre en places Immédiatement, des milliards de dollars dorment là-bas est c’est là où il faut aller chercher de la trésorerie pour l’état afin de l’investir dans l’économie.

Quant à la diversification économique. Oui, il faut l’opérer, cependant il faut surtout  savoir comment et où. Aujourd’hui ce que je reproche au gouvernement c’est qu’il n’a pas préconisé à l’Etat d’investir dans l’international, regardez le modèle magnifique  du Qatar, ils ont placé  des  milliards de dollars à travers le monde, dans des villes stratégiques comme Paris, Londres. New York, en Australie aussi, ils sont dans tous les secteurs, Télécom, sport, immobilier, grandes surfaces commerciales de renommées mondiale,   les médias  y compris,  ainsi, le Qatar a bien exporté son image et son savoir-faire à l’international, en plus, ils sont déjà en train de cueillir des dividendes tout en contemplant leur investissements  prendre plus de valeur de jour en jour. Si  vous allez en Amérique profonde ou en Asie, vous leur parlez du Qatar, ils reconnaissent immédiatement, parlez leur de l’Algérie, ils ne sauront même pas si vous parlez d’un pays ou d’un objet, c’est regrettable. Le Qatar est pour moi une leçon pour l’Algérie. Donnez-moi un seul investissement de l’Algérie à l’international a par la raffinerie D’Augusta en Italie ?  Aucun.

Donc diversifier l’économie et l’investissement, interne et à l’international.  Il faut agir immédiatement car plus que jamais , maintenant c’est le moment idéal, avec le Covid 19 qui, a secoué le monde entier , les groupes et les entreprises internationale sont toutes à l’agonie , les secteurs de l’aviation , les sévices ,l’acier, les industries lourdes de toutes catégories  sont tous en train d’implorer leur états et gouvernements respectifs à courir à leur aide financièrement , c’est maintenant l’heure de la chasse , l’heure de l’offensive , c’est maintenant que les prix sont au plus bas , c’est maintenant que l’Algérie devrait immédiatement débloquer 2 ou 3 milliards de dollars et les placer un peu partout dans le monde , allez poursuivre ces bêtes blessées et les acquérir , ainsi posséder des biens à l’étranger dans des secteurs structurants , générer des devises et les importer au pays, bénéficier du savoir-faire de ces acquisitions et  l’apporter en Algérie. Voilà ce je considère une vraie stratégie de diversification de l’économie, aujourd’hui l’Algérie ne possède aucune carte en dehors de nos frontières, ça c’est une erreur pour un pays pétrolier et gazier.

Aussi  en même temps, ceci renforcera nos relations diplomatique avec ces pays ou l’Algérie investi, et de facto, nous renforcer en négociations et hausser notre voix plus fort. Le meilleur exemple pour cela c’est l’aciérie d’El Hadjar,  j’ai lu dans la presse que le gouvernement  aurait  préconisé de la remette à l’armée ? Ceci est une erreur stratégique, je ne croyais pas mes yeux à la lecture de cela.

Ce qu’il faut faire, c’est ouvrir  les yeux sur l’horizon, regardez  le cas de British Steel, une  société Britannique spécialisée, une sœur jumelle à El Hadjar. British steel est aujourd’hui dans une situation financière extrêmement grave, ils vont perdre prêt de 2500 emplois, la, il y’a une ouverture en or, Algérie peut mettre l’argent la dedans, récupérer cette société, sauver ses employés et la jumeler avec El Hadjar, faire de la colocalisation, former les algériens par les anglais, et ainsi renforcer nos liens économiques  avec le Royaume-Uni en quête de nouveau partenaires post Brexit.  A la fin de l’année 2020, le Royaume-Uni sortira définitivement de l’UE et scellera ses négociations générale,  ils sont en train de chercher En ce moment même   des partenaires économiques hors Europe, pourquoi alors ne saisissons nous pas cette opportunité ? Voilà des voies de créations de richesses, au lieu d’aller vers des solutions sans base, sans stratégie, c’est cela le manque de vision. L’armée a un rôle de sécurité, de protection, non pas d’industrialisation nationale.

Alors  voyez-vous, le gouvernement n’a pas cette vision, voilà un élément si important que le gouvernement n’a pas conseillé au président de la République.  Il y’a pleins d’autres sources qui sont aussi là à notre portée pour générer de l’argent, comme développer des joint-ventures avec des partenaires étrangers, les inviter à venir en Algérie.  Moi-même, je peux vous annoncer que j’ai deux sociétés britanniques qui m’harcèlent et qui   veulent venir an Algérie investir de l’argent, créer de l’emploi, former des jeunes et re dynamiser le marché, mais l’état n’ouvre pas les portes, on nous écoute pas, vous leur écrivez ils ne vous répondent pas, être reçu par un ministre relève de l’exploit. La est un  autre exemple flagrant d’étouffement de l’économie.

L’Etat actuellement exclut le recours à l’endettement extérieur, et compte récupérer l’argent de l’informel afin de faire face aux différents déséquilibres budgétaires, pensez-vous que c’est faisable?

Éviter l’endettement extérieur cela dépend comment ceci doit être vu, s’endetter à l’extérieur tous les pays du monde le font , mais pour le faire il faut avoir identifié les secteurs clé qui seront des investissements structurants, comme l’industrie , le tourisme , l’agriculture etc. C’est en identifiant les secteurs au grand potentiel que les investisseurs seront attirés et  plus souples avec vous , au lieu d’avoir l’attitude des créanciers  prédateurs  qui n’attendent  que votre chute pour  vous prendre par le cou.

Alors si l’endettement extérieur est pour relancer les chantiers de l’AADL, construire des ponts et des trémies, ou  pour faire des acquisitions de produits finis pour la consommation locale,  alors là c’est  ridicule et suicidaire.

Ma recommandation est  que l’Etat a besoin en urgence de mettre en place une cellule spéciale de veille économique, composée de quatre ou cinq économistes avérés, deux  financiers chevronnés, et des analystes de première classe.  Cette cellule aura l’exclusivité de prendre le pouls du marché, étudier le marché  national et international, Rencontrer des partenaires internationaux, séduire les investisseurs, tracer des routes et rendre compte directement au premier ministre et au président de la république.  Cette cellule tracera les lignes à suivre et ainsi ça sera la feuille de route du gouvernement pour agir.

Mon conseil c’est qu’il  faut changer de stratégie et de modus operandi c’est ministères, Il ne faut plus laisser les ministres agir seuls et décider à leur guise de leur département ministériel. Il faudra un travail collégial avec  cette cellule de ce calibre qui prendra ses responsabilités et sera l’équipe qui aura la garde avec la boussole, ainsi   voir claire et décider sur quel cap mette l’Algérie  afin de naviguer en sécurité.  Il y’a en Algérie des femmes et des hommes qu’il faut  pour cela afin de former cette cellule.

Qu’elles sont selon vous, les décisions ou bien solutions urgentes que le gouvernement doit prendre afin de limiter l’impact et faire face à cette crise de baisse des revenus?

Concernant les sources de revenus pour l’Algérie, là encore, il y’a un manque de vision flagrant  du gouvernement.  Il y’a deux solutions qui permettront de générer des fonds immédiatement.

Solution 1: exploitation immédiate des secteurs des TIC,  bancaire, le tourisme  et l’agriculture.  Si l’Etat le décide, je le répète encore une fois, nous pouvons générer immédiatement des recettes énormes pour peu que l’Etat fasse appel aux professionnels qui maîtrisent leur travail.

 Il y’a dans ces secteurs  une mine d’or inexploitée prête à bondir. Avec cette méthode, via les TIC il sera possible de lier les algériens à leurs banques en les rendant dépendants de la banque, c’est une question de stratégie et de savoir-faire. Avec de la méthode, nous allons transformer le cash informel en écriture bancaire, il y’a un outil qui peut faire cela en maximum six mois, un outil clé, seuls les professionnels le savent.

La  deuxième solution radicale c’est ce que je recommande au président de la république, c’est d’aller négocier avec les oligarques qui sont en prison. Voyez-vous, si l’Etat a réellement besoin d’argent, de beaucoup d’argent immédiatement, alors l’ici réside  la solution maîtresse et immédiate.

Néanmoins, si l’Etat a toujours comme objectif d’aller lancer des procédures internationales de rapatriement des fonds détournés par les oligarques, alors là c’est une perte de temps et une décision sordide, inutile qui nous mènera vers la perte de ces fonds.  Je m’explique, personnellement je connais bien la machine et le mécanisme financier de ce registre ,  si nous lançons des  commissions rogatoires et optons pour la méthode inter gouvernements, ceci sera l’erreur fatale , car il faudra d’abord localiser et  identifier les comptes et les acquis , chose très difficile  à faire , ça demandera beaucoup de temps , de dépenses et aussi de la chance, surtout si ces  oligarques ont converti cette argent en positions boursières, dans sites  offshore ,  ou nous n’avons même pas de relations diplomatiques directe, et surtout où l’argent a été déposé sur d’autres noms , c’est très complexe.  Rien que pour cette partie de recherche il nous faudra minimum 18 mois.

Par la suite  , il faudra lancer les procédures légales ce qui est massivement coûteux en argent et en temps car il faudra composer avec d’autres gouvernements, pour finir , ceci selon moi  prendra entre 5 à 7 années de procédures , et les pays où se trouvent ces fonds croyez-moi ils vont se frotter les mains parce qu’ils savent pertinemment que leur modèles  financier et légal respectifs  feront en sorte à geler 70 % des fonds pour les saisir, ceci est inévitable, nous allons nous confronter avec des monstres qui maîtrisent les aspects juridiques de façon chirurgicale , ils ont déjà eu affaire à des cas bien plus complexe que l’Algérie. Sans compter qu’il faut aussi prendre en considération les indemnités qu’il faudra payer aux gouvernent sans de ces là, bref, à la fin de ce périple administratif, ces pays  céderont à peiner 15 à 20 % de ces fonds  pour l’Algérie une fois les procédures exécutées et finalisées, un véritable cauchemar. Je vous invite à faire appel au meilleurs experts internationaux, posez leur la question, je vous défi s’ils vous disent le contraire de mon analyse.

Sincèrement, celle où celui  qui a conseillé le président disant que cette procédure est celle qu’il faut adopter,  alors là c’est quelqu’un qui soit ne comprend rien au mécanisme, soit il ne veut pas le bien de  l’Algérie. Les premiers est la plus plausible croyez moi.

Voici la démarche à suivre pour l’Algérie,

Il faudra aller saisir les oligarques un par un, négocier avec eux, leur proposer un deal, exactement la méthode appliquée par MBS d’Arabie saoudite qui a récupéré plus de 120 milliard de dollars en à peine quelques semaines.  Leur expliqué que si ils acceptent, ils auront un avantage éventuellement un légère révisons de leur peines, sinon, la loi continue de s’appliquera dans toute  sa rigueur. Croyez-moi, ils accepteront, c’est eux les titulaires des comptes, face à eux, les banques ne peuvent absolument rien refuser si ce n’est les frais de clôture de comptes.

Seuls les oligarques en prison  et uniquement eux peuvent faire une procuration de cessation au profit de l’Etat , c’est une procédure classique déjà utilisée par beaucoup de pays , par la suite, l’Algérie pourra faire appel à un cabinet international spécialisé , et actionner les démarche de rapatriement des fonds.  Si c’est bien géré  et bien orchestré, l’Algérie pourra récupérer et rapatrier jusqu’à  20 milliard de dollars, voir bien plus en moins de trois mois.  On t’ils penser à cela ? J’en  doute fort.  C’est le moment d’agir.

Je ne pense sincèrement que le président de la République contrairement à son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas de marge de manœuvre large, il n’a pas l’argent qui lui permettrait   de récupérer les erreurs stratégiques. Nous sommes dans une situation où chaque pas doit être mesuré de façon  fine et draconienne, surtout que la crise économique internationale ne va en rien aider à la position de l’Algérie.  Ou bien nous agissons sur les conseils des élites , les  vrais professionnels, ou bien nous sombrerons et là, il n’y aura pas de bouée de sauvetage car les caisses sont vides, nous frôleront d’ici 18 mois la cessation de paiement.

L’heure est à la matière grise et à la bonne volonté d’agir.

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