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Publicité Anep, journalistes en détention, blocage de journaux en ligne … Amar Belhimer s’explique

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Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, s’est une nouvelle fois exprimé, dans un entretien publié le mercredi 15 avril 2020 dans les colonnes du quotidien arabophone El Khabar, sur les journalistes placés en détention, le blocage de certains journaux en ligne et la publicité publique.

Le ministre s’est dit naturellement concerné, en tant que journaliste et juriste, par tout ce qui touche à l’exercice de la profession de journaliste en Algérie en termes des droits et devoirs, mais le ministre précise qu’il n’a pas le droit d’accéder aux dossiers judiciaires et de porter atteinte à l’indépendance de la justice et à la liberté des juges.

« Il y a effectivement quelques dossiers de journalistes entre les mains de la justice et en tant que ministre et porte-parole du gouvernement, je n’ai pas le droit d’aborder, dans le détail, les questions liées à la justice, qui est seule habilitée à dire si ces questions concernent la liberté de la presse ou si les journalistes ont été arrêtés pour d’autres raisons. Attendons donc les résultats de l’enquête et le jugement définitif pour savoir de quoi il en est », a répondu le ministre.

Blocage de journaux électroniques 

Interrogé sur le blocage des journaux électroniques, M. Belhimer a indiqué que le blocage ne concernait que deux titres, à savoir Maghreb Emergent et Radio M Post, dirigés par un journaliste qui s’est rendu coupable de diffamation, injure et offense à l’égard du Président de la République, en dépassant les limites de la bienséance et de la loi.

« Le blocage de ces deux journaux est une mesure conservatoire, en attendant la finalisation des procédures de poursuites judiciaires conformément aux dispositions du Code pénal et du Code de l’information. Ces dispositions prennent clairement en charge les cas d’atteinte à l’honneur des personnes, en particulier la personne du Président de la République dans l’exercice de ses fonctions constitutionnelles », dit-il.

Questionné sur la régulation de la presse électronique, Amar Belhimer a souligné que le chantier est composé de deux parties : « Une partie relative à la régularisation de leur statut. Cela a été entamé à la demande du Président de la République qui a insisté sur la nécessité de sortir la presse électronique de l’ombre et d’entrer dans la légalité. Ce texte a été élaboré à l’issue de consultations auxquelles ont participé des acteurs du secteur et un grand nombre de ministères. La deuxième partie concerne la promulgation d’une loi régissant le monde du journalisme en ligne en tenant compte des transformations incroyables et rapides de la numérisation. Le texte sera élaboré sur des bases sérieuses et solides et après concertation et débat avec les acteurs de la profession ».

M. Belhimer a également abordé la crise financière que traversent les médias algériens : «Avant le Covid-19, les causes de la crise financière dans la plupart des titres des médias étaient connues. Elle est, bien entendu, due à la loi de l’offre et de la demande, aux modèles économiques choisis par les médias, ainsi qu’aux modes de gestion des ressources financières et humaines. Sans oublier le retard à s’adapter à l’avènement des technologies de communication et de la numérisation », a-t-il souligné.

Le ministre voit dans la crise du Corona « une opportunité très importante pour encourager le passage de la presse écrite à la presse multimédia. Quand on constate que plus de 70% des titres des journaux réduisent le nombre de leurs pages ou cessent complètement leur tirage, on se rend compte de l’urgence de la transformation numérique »

Publicité publique de l’Anep 

Abordant la publicité publique, le ministre a indiqué qu’elle représentait 65% du marché publicitaire global. « Elle constitue une aide indirecte à la presse, qu’elle soit publique ou privée. L’Etat ne fait pas de distinction entre les deux,  afin de sauvegarder l’emploi et le pluralisme médiatique », a-t-il expliqué.

Il a ajouté que «La libéralisation du marché dans cette conjoncture marquée par l’épidémie du coronavirus et la baisse des revenus pétroliers, sera un coup de grâce pour la grande majorité des médias, sinon pour tous les journaux ».

Le ministre a préconisé qu’« avant l’application stricte de la loi de l’offre et de la demande, il est nécessaire de passer par une phase de transition au cours de laquelle le secteur de la publicité publique doit être assaini et refondé.»

M. Belhimer a souligné que « le secteur a été ravagé par le cancer de la corruption qui a facilité l’épuisement des fonds publics par les forces non médiatiques diaboliques et des clans politiques qui tiraient les ficelles dans l’ombre à l’intérieur de l’Anep.»

« Le pillage de l’argent de la publicité publique au cours des vingt dernières années a donné naissance à une clientèle dangereuse qui s’est enrichie et qui a pu se constituer un réseau d’influence dans la presse, l’administration et les centres de décision à différents niveaux », a-t-il dénoncé.

Le ministre a annoncé que le chantier de l’assainissement de l’Anep a déjà commencé. « Nous avons entamé il y a quelques jours une vaste opération d’assainissement et de restructuration en profondeur de l’Anep, après la nomination de mon conseiller Larbi Ounoughi et le changement total de son conseil d’administration.», a-t-il indiqué, ajoutant que « cette équipe est chargée d’assainir, de réglementer et de transformer l’entreprise d’une boite de distribution de la rente publicitaire en une entreprise innovante et créatrice d’emplois et de la faire sortir peu à peu de cette dépendance au monopole de la publicité publique ».

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