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CHU de Blida : Dr. Adel Boudahdir, ou le face à face quotidien avec le Covid-19 pour sauver des vies

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Pour faire face à l’épidémie du nouveau coronavirus (Covid-19), le chef du service d’anesthésie et réanimation Covid-19, du CHU Franz Fanon de Blida, Dr. Adel Boudahdir a décidé de rester loin de sa famille et de consacrer tout son temps aux malades, passant ses journées dans les couloirs et chambres de l’hôpital, entre la gestion administrative, le traitement des cas graves et la distribution des taches au staff médical et paramédical.

En dépit du peu de temps dont il dispose, depuis l’annonce de la propagation de cette maladie à Blida, ce jeune maitre-assistant spécialisé en anesthésie et réanimation a accepté d’accorder un entretien à l’agence APS depuis le lieu de son travail.

« Depuis le 10 mars, chacune de mes journées à l’hôpital commence tôt le matin. Mon temps se repartit entre la gestion administrative et des staffs soignants, outre les réunions du conseil d’administration et de la cellule de crise de l’hôpital, et les permanences de nuit. A cela s’ajoute l’accomplissement de ma mission principale en tant que médecin, qui consiste à faire la tournée quotidienne des chambres des malades des trois étages du service, avant le passage des équipes soignantes », a-t-il souligné.

Encore plus, le Dr. Boudahdir, qui sillonne les couloirs du service avec sa tenue de protection, est également chargé du recensement des nouveaux cas admis à l’hôpital de nuit, au même titre que de ceux l’ayant quitté, tout en donnant des orientations aux médecins bénévoles (issus d’autres services, ou d’autres hôpitaux), qui viennent porter assistance à son service.

« Je tiens à saluer ces médecins, qui ont décidé de sacrifier leur temps de repos pour venir porter assistance à l’équipe soignante », a-t-il dit, citant particulièrement les spécialistes en réanimation, qui « consentent des efforts énormes dans la réanimation des malades du coronavirus au niveau de ce service, accueillant des cas graves. Au même titre que tous les autres spécialistes bien sûr », a-t-il tenu à ajouter.

Le coronavirus, une expérience inédite

Et de poursuivre « en dépit de ma longue expérience du terrain, qui m’a habitué à rencontrer des cas graves, au vue de mon travail au service de réanimation, où je suis en contact avec des personnes soufrant de problèmes respiratoires graves, comme les asthmatiques », a indiqué le jeune médecin, il n’en demeure pas moins que « cette épidémie du coronavirus est une expérience inédite pour moi, voire pour tous mes collègues. Ni eux, ni moi n’avons jamais vécu pareille expérience », a-t-il assuré.

« L’exceptionnalité de cette situation réside notamment dans le nombre de malades accueillis au niveau du service, entre 25 à 30 malades, et dans la nouveauté de cette maladie que nous n’avons jamais traitée dans le passé, ouvrant la porte grande à toutes sortes de diagnostics et de pronostics », a-t-il observé.

Dr. Adel Boudahdir regrette, néanmoins, de « n’avoir pas pu sauver des malades, malgré tous nos efforts pour les réanimer », a-t-dit. « Chaque jour nous tentons de faire face avec tous les moyens possibles à ce virus meurtrier. Heureusement et grâce à Dieu, nous avons, également, pu ranimer et sauver un grand nombre d’autres personnes. Cela représente une immense joie pour nous », s’est-il félicité.

Selon Dr. Boudahdir, « si toute chose à des avantages et des inconvenants, cette crise nous aura appris à vivre +en famille+ entre nous (médecins, paramédicaux et employés de la santé). Nous passons du temps ensemble à l’hôtel, où nous mangeons à la même table, tout en échangeant des idées et propositions susceptibles d’aider les malades au niveau du service, où une véritable course contre la montre est chaque jour réitérée pour sauver des vies humaines », a-t-il soutenu.

Interrogé, par l’APS, sur le coté négatif de cette noble mission qu’il s’est assignée avec ses confrères, il n’a pas pu retenir ses larmes en évoquant sa famille, son épouse, ses deux filles (5 et 8 ans), et tous ses proches, qu’il n’a pas vu depuis prés d’un mois.

« Je n’ai pas mis les pieds chez moi à Bouguerra (Est de Blida), et je n’ai pas vu ma famille depuis prés d’un mois. C’est une situation très difficile pour moi et pour tous mes confrères vivant dans la même situation », a-t-il soulevé.

En dépit du fait qu’il a l’habitude de voyager dans le cadre de son travail, il a admis que son sentiment pour cette fois est « différent », car il vit une « situation exceptionnelle » requérant de faire face « à un risque permanent d’une infection par ce virus. Mais un risque que ne m’empêche pas de tout faire pour aider les malades », a-t-il assuré.

Il s’est, néanmoins, félicité de l’existence des réseaux sociaux qui lui permettent de rester en contact avec ses proches. « Cela atténue l’absence, car l’éloignement reste une option obligatoire pour nous, si l’on veut éviter le moindre risque de contamination pour nos familles », a-t-il relevé.

Un élan de solidarité hors pair

Le chef du service de réanimation Covid-19 de l’hôpital Franz Fanon n’a pas manqué, en outre, de saluer l’élan de solidarité hors pair, ayant ciblé le corps médical, tant de la part des autorités locales, des responsables du secteur, des bénévoles et des hommes d’affaires.

Après des perturbations durant les deux premiers jours, la situation a été vite stabilisée, suite à la disponibilité des moyens et tenues médicales de protection, de qualité et en quantités suffisantes, s’est-il félicité. Des hôtels ont été également mobilisés à leur profit, outre le service de restauration, pour tous les employés de l’hôpital.

« Cette solidarité légendaire des Algériens nous a fait chaud au cœur et nous a positivement boosté le moral », a-t-il affirmé.

Une fois à l’hôtel, le Dr. Boudahdir, qui vient de boucler une dure journée de lutte contre la mort véhiculée par le Covid-19, continue sur sa lancée, en passant son temps libre à sensibiliser les citoyens, via Facebook, sur l’impératif, pour eux, de respecter le confinement sanitaire.

« Avant je n’étais pas fan de Facebook, mais le fait d’avoir vu des vies m’échapper entre les mains m’a fait changer d’avis », a-t-il reconnu.  » J’ai senti qu’il est de mon devoir en tant que médecin de sensibiliser les citoyens et de les convaincre de la nécessité de rester chez eux et de respecter les règles préventives d’hygiène », a-t-il affirmé.

« La contribution de tous, citoyen et corps médical réunis, chacun selon ses moyens, est primordiale dans la lutte contre ce virus », a-t-il martelé.

APS

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