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Faute de mesures de sauvegarde, crainte de licenciements et faillites en cascades

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L’Algérie est un des très rares pays au monde à ne pas encore avoir pris des mesures de protection en faveur des entreprises mises en difficulté par la pandémie de Coronavirus. L’Etat s’est en effet dépêché d’ordonner des cessations immédiates d’activités sans jamais les accompagner par des mesures de sauvegarde et de compensation de leurs pertes dues aux sujétions de santé publique.

Les entrepreneurs, commerçants et simples boutiquiers contraints par le gouvernement à fermer pour une longue durée ne savent en effet, toujours pas, s’ils doivent continuer à payer leurs impôts alors que c’est l’Etat qui leur a ordonnés de suspendre leurs activités, s’ils doivent continuer à payer les ouvriers contraints de rester chez eux, s’ils doivent rembourser les avances perçues sur des commandes qu’ils ne peuvent pas honorer, s’ils doivent payer les crédits arrivés à échéance alors qu’ils n’ont pas d’argent disponible etc.

Ce sont des préoccupations vitales auxquelles n’ont pas trouvé réponses toutes les entreprises sans exception mais celles qui en souffrent le plus sont assurément celles du secteur privé qui contrairement aux entreprises publiques ne peuvent pas compter sur l’Etat pour les sauver. Des écoles, des crèches, des centres de formations, des journaux, de simples magasins ont dû suspendre leurs activités, mettre au chômage leurs employés et renvoyer les clientèles desquelles ils tiraient leurs seuls revenus. Ils se retrouvent depuis sans ressources tout en continuant à être soumis aux obligations de payer les salaires des travailleurs mis momentanément au chômage, les loyers de leurs locaux et toutes les taxes auxquels ils étaient assujettis.

C’est véritablement une incitation à la faillite que le gouvernement algérien a concocté aux entreprises privées et aux commerçants en général, à la faveur de ces injonctions, certes indispensables en cette période de pandémie, mais qu’il aurait du accompagner par un ensemble de mesures à même de garantir leur  sauvegarde financière et l’assurance d’une poursuite d’activité une fois le coronavirus vaincu.

Pratiquement tous les pays concernés par la pandémie l’ont compris et n’hésitent pas à consacrer des budgets colossaux à cette cause. La rigueur budgétaire n’est plus de mise, seul compte la santé des citoyens et bien entendu, la prise en charge de leurs besoins incompressibles et la sauvegarde de leurs entreprises. Contracter des dettes supplémentaires n’est plus perçu comme un danger pour l’équilibre des budgets, mais comme une fatalité structurelle par laquelle l’Etat doit passer pour affronter la très dangereuse situation présente. Des formules de remboursement seront trouvées après que ce danger de mort collective sera définitivement écarté.

Plusieurs formules sont déjà envisagées par certains pays d’Europe et d’Amérique du Nord pour permettre aux entreprises et ménages de franchir les difficultés présentes avec le moins de dégâts possibles : accorder des allocations chômage à tous les travailleurs contraints au confinement à domicile, différer les échéances de paiement des impôts et taxes, différer les remboursements de crédits échus, compenser les manques à gagner financiers dus aux pertes de clients, solvabiliser les familles en détresse par l’octroi de bons d’achats de produits alimentaires etc.

Aucune de ces mesures n’a pour l’instant été prise par le gouvernement algérien qui se contente de donner des instructions, certes nécessaires pour lutter contre la pandémie, mais très coûteuses pour les entreprises et commerces notamment privés. Il n’y a effectivement pas de crainte à avoir pour les entreprises publiques qui continuent à bénéficier du concours des banques et de la complaisance des services des impôts et des organismes sociaux. Les entreprises publiques continueront à vivre même si elles accumulent des déficits et des dettes colossales. Il en a toujours été ainsi, ce qui n’est pas le cas du privé qui ne doit compter que sur ses propres ressources pour survivre aux crises. C’est donc une véritable hécatombe qui guette les multitudes d’entreprises et de commerces privés qui ont baissé rideaux sur injonction des pouvoirs publics, si le gouvernement ne met pas rapidement la main à la poche pour les indemniser et leur assurer les conditions de reprises dés la fin de la pandémie. A entendre Abdelmadjid Tebboune qui s’exprimait devant des journalistes de presse publique, ce n’est pas l’argent, ni les moyens qui manquent à l’Algérie. Il a même annoncé le chiffre de 6O milliards de dollars de réserves de change disponibles pour faire face à la situation délicate que traverse le pays.

Le chef de l’Etat ayant rassuré l’opinion publique sur la disponibilité des moyens financiers, les chefs d’entreprises privées et commerçants attendent donc de son gouvernement, des mesures rapides à la hauteur de leurs difficultés. A défaut il y aura, à n’en pas douter, une cascade de faillites et de licenciements, qui pourraient dégénérer en un très grave conflit politique et social.

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