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ECO : les revirements du Nigeria compliquent le passage à la monnaie unique de la Cedeao

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Les opinions publiques au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont toujours en attente du nom de la future monnaie commune. Cette question n’est toujours pas résolue alors que tout au moins symboliquement, le franc CFA devrait cesser d’exister dès le début du deuxième trimestre de 2020.

L’ECO est la monnaie qui est en gestation depuis plus de deux décennies au sein de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mais son entrée en vigueur a toujours été retardée, très souvent à cause des revirements du Nigeria, principale économie de cette sous-région qui à chaque fois ne manque pas d’arguments. Dans un récent communiqué de sa présidence, il a de nouveau demandé un report de l’entrée en vigueur de l’ECO indiquant le non-respect des critères de convergence par plusieurs pays de la Communauté.

Une position qui ne manque pas d’embarrasser à Abidjan, le siège des institutions politiques de Côte d’Ivoire, dont le président a été le premier à annoncer officiellement la fin du franc CFA et le recours à l’ECO comme monnaie de remplacement. Depuis la sortie nigériane, on a peu entendu parler de la question monétaire dans les débats publics au sein de l’UEMOA. Des experts des trois agences de notation Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s expliquent cependant que des risques de dérapage sont à exclure sur le court terme.

Le Nigeria, un géant aux fragilités connues, est au cœur des défis du processus : La position rigide du Nigeria ne va pas sans poser des problèmes à la construction de la monnaie commune. Son économie aussi bien que celle du Ghana n’est pas prête à entrer dans les critères de convergence, car la stabilité extérieure de leur monnaie repose sur le bon comportement de leurs produits d’exportation sur le marché mondial (pétrole, or ou cacao). Dans la zone UEMOA, on a eu très peu de peine à respecter les critères de convergence décidés par la CEDEAO.

De récentes décisions politiques prises par le Nigeria ont contribué à renforcer son éloignement des critères de convergence. Son inflation (hausse des prix dans l’économie) a atteint 12,3% à fin janvier 2020, tirée par une hausse des prix dans le secteur alimentaire, l’augmentation des salaires et le relèvement du taux de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). De même, le déficit public des deux pays est sur le point de s’envoler, en raison d’emprunts importants sur les marchés des capitaux.

Selon des analystes de Fitch Ratings, cette divergence sur l’appellation de la nouvelle monnaie ne mettra pas un frein à la réforme du franc CFA de l’UEMOA qui en est pour l’instant à un stade symbolique. Rien ne pourra donc arrêter le transfert des réserves de change de la sous-région, des comptes du Trésor public français vers ceux de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). De même, le départ des administrateurs français des instances de décision de cette institution sera lui aussi effectif.

La France gardera cependant un moyen politique de pression dans les négociations de la zone monétaire, du fait qu’elle continue de garantir la convertibilité de la nouvelle monnaie ouest-africaine. Reste désormais à gérer la problématique du nom.

Conserver l’appellation franc CFA ne manquera pas de raviver les discussions. Une part de l’opinion estime que ce nom a une connotation néocoloniale pour les modérés, et de servitude pour les radicaux ; un sentiment subjectif qui n’est pas partagé par les investisseurs. Pour eux, seul le mécanisme monétaire et sa fiabilité importent et pour l’instant, ces deux aspects ne sont à leurs yeux, pas remis en cause.

Ecofin

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