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Les banques publiques en détresse : Nécessité d’une recapitalisation urgente

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Pour les sauver du naufrage, l’Etat algérien a dû recapitaliser au minimum dix fois les six banques publiques commerciales dont il est l’actionnaire unique, depuis ces vingt dernières années. La dernière action remonte à 2017, année durant laquelle il avait injecté pas moins de 380 millions de dollars pour remédier au manque de liquidités dont soufrait pratiquement tout le secteur bancaire public du fait de la baisse des revenus pétroliers, mais aussi et surtout, de l’accumulation sans précédent de créances irrécouvrables communément désignées sous le vocable de «créances pourries». Il s’agit, on l’a compris, des crédits octroyés à des hommes d’affaires qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas ou, ne veulent pas, rembourser.

Les puissants oligarques aujourd’hui incarcérés, constituent en grande partie, ces mauvais payeurs qui ont érodé jusqu’à l’usure, les disponibilités financières des banques étatiques qui accordent des crédits, non pas au vu de la solvabilité des investisseurs, mais au gré de leur proximité aux détenteurs du pouvoir politique. Le traitement judiciaire qui leur est actuellement appliqué a créé un certain immobilisme dans le monde des affaires qui se traduit par des blocages de comptes bancaires, la suspension des encaissements et l’arrêt total des remboursements de crédits arrivés à échéance.

Tout comme les entreprises concernées par l’action judiciaire, les banques se trouvent pénalisées par le statu quo de l’instruction judiciaire qui dure, pour certaines, depuis un peu plus d’une année. Leurs trésoreries sont dans un état d’assèchement tel, qu’il a déjà causé la faillite de nombreuses unités économiques et pourrait même bientôt frapper de paralysie les activités courantes des banques. C’est toute l’économie nationale qui se retrouverait dans ce cas en danger. On note du reste un certain ressenti défavorable chez les entrepreneurs, de moins en moins tentés de faire tourner leur argent, préférant attendre une éventuelle amélioration du climat des affaires.  Le «wait and see» est depuis quelques mois de rigueur et certains journaux signalent un recul des dépôts en banques et des retraits de fonds plus fréquents, que les commentateurs expliquent par l’incertitude du climat politique qui prévaut depuis quelques mois en Algérie.. Certains journalistes vont jusqu’à prévoir de possibles longues chaînes d’attente au niveau des caisses des agences bancaires en raison de prévisibles ruptures de liquidités.

Vu l’état de délabrement des trésoreries des banques publiques, le gouvernement doit donc agir vite pour les sauver d’une imminente cessation de paiement. Comme la solution de la planche à billets a été officiellement écartée et que les autres mesures envisageables (emprunts obligataires, introduction en bourse, ouverture du marché bancaire aux investisseurs privés etc.) requièrent beaucoup de temps, le gouvernement devra cette fois encore recapitaliser ces banques à ses frais. Il est possible qu’un budget soit dégagé à cet effet à l’occasion de la la de finance complémentaire pour l’année 2020. Il faudra, selon les estimations les moins pessimistes, pas moins de 600 millions de dollars pour remettre à niveau le capital social et les liquidités de ces six banques.

Il faut dire que le montant des ardoises laissées par ces oligarques véreux est énorme. Devant les walis, Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune a cité le chiffre abyssal de 1216 milliards de dinars de «créances pourries» laissées aux banques publiques par seulement, certains hommes d’affaires qu’il ne cite malheureusement pas.  C’est évidemment l’Etat propriétaire des banques publiques qui devra impérativement voler à leur secours en les recapitalisant à perte pour la énième fois, car leur banqueroute serait de nature à provoquer un véritable marasme économique.

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