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Le Hirak redonne de la visibilité à l’Afrique du Nord

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Grâce au Hirak, l’Algérie est en passe de réussir là où tous les pays d’Afrique du nord avaient échoué. Il s’agit, on l’a compris, de rendre à cette importante région d’Afrique, la visibilité dont l’avaient privés ses multiples conquérants. Cette riche contrée bordée par la rive sud de la méditerranée et dans une moindre mesure par l’océan atlantique comprend six pays : l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et l’Égypte. Comme pour leur ôter leur ancrage nord africain, leurs gouvernants pour la plupart imprégnés d’idéologie arabo-musulmane, désigneront cet ensemble de territoires sous le vocable de Maghreb arabe, par rapport au Machrek, afin de signifier son appartenance au monde arabo-musulman

L’Afrique du Nord a eu, à travers l’Histoire, diverses configurations frontalières et divers États, mais pas de reconnaissance en tant qu’entité nord africaine. On parlera de province romaine d’Afrique, de Maghreb arabe, de régence ottomane, de comptoir espagnole et de protectorat ou colonie française. Des institutions internationales comme le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE, l’OTAN et autres la rattachent même au Moyen Orient, en l’intégrant dans la zone MENA. Tous ces pays ont tiré profit des multiples richesses (grenier à blé pour les romains, impôts pour les turques, produits agricoles et miniers, hydrocarbures etc.) de cette vaste région méditerranéenne sans jamais se sentir redevable de sa reconnaissance en tant qu’entité territoriale habitée par un peuple uni par divers liens et, par le plus solide d’entre eux, le lien identitaire amazigh.

Tout était donc fait pour enlever à cette riche contrée d’Afrique sa visibilité en tant que partie originelle du continent africain. On parlera à titre d’exemple d’Afrique du Sud et de centre Afrique en tant que zones bien identifiées du continent africain, mais jamais d’Afrique du nord. Un vieil adage résume parfaitement cette triste réalité «A force de colonisations l’Afrique a fini par perdre le Nord.»

Mais de toutes les invasions que l’Afrique du Nord avait subies, celles des conquérants venus du Moyen Orient de Turquie et de France, sont celles qui ont le plus contribué à mettre sous tutelle cette région placée sous l’autorité du pays conquérant en lui ôtant son identité africaine et sa souveraineté politique. On parle alors de pays d’Afrique blanche,  mais jamais de pays situés dans une zone géographique qui avait connue l’unité et la grandeur qu’avait l’Afrique du Nord. Pour les conquérants qui se sont succédé à travers l’Histoire, le riche et magnifiquement bien située espace nord africain n’existe que pour être pillé et le dernier d’entre eux, la France en l’occurrence, est aujourd’hui encore dans cette même logique de pillage et d’exploitation. C’est pourquoi elle considère que cette région ne doit jamais recouvrer sa visibilité internationale en tant que territoire unifié par la même identité culturelle et les mêmes aspirations à la liberté et la souveraineté sur ses richesses.

Après leurs indépendances les dirigeants des pays d’Afrique du Nord reproduiront les réflexes des colonisateurs en effaçant totalement de leur lexique l’Afrique du Nord. Selon la situation géographique et l’idéologie des pays concernés, on parlera du Maghreb arabe ou arabo-musulman. En Algérie le discours officiel consiste à isoler le pays de son ancrage africain et plus précisément nord africain. Les algériens ne découvriront cette réalité qu’à l’occasion des coupes d’Afrique de football et des grands festivals culturels qui se déroulent épisodiquement en Algérie.

Il y a dans les aspirations clairement exprimées par les manifestants, cette volonté de donner une visibilité internationale à l’Afrique du Nord dont ils réclament l’appartenance à travers divers slogans, mais plus clairement encore, à travers la bannière amazigh brandie comme emblème unificateur de l’Afrique du Nord berceau de la civilisation millénaire berbère. Il est sans doute intéressant de rappeler les tentatives de propulser cette région au devant de la scène internationale par le riffain Abdelkrim El-Khatabi au début du siècle dernier et par le mouvement Algérien l’Étoile nord-africaine par Messali Hadj en 1926. Il n’est pas étonnant que les régimes politiques des pays concernés s’y opposent au nom du mythe arabo-musulman qu’ils ont eux même échafaudés pour empêcher la visibilité de l’Afrique du Nord amazighe. Il semble que ce mythe est en déperdition en dépit de tous les moyens mis en œuvre par les États maghrébins et l’ex colonisateur français, pour l’imposer. Dans tous les pays d’Afrique du Nord, mais sans doute encore plus, en Algérie et au Maroc des voix et des peuples se lèvent pour clamer leur appartenance à cet ensemble nord africain et plus précisément l’Afrique du nord des peuples.

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