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Prisonnier de ses dogmes: le pouvoir peine à trouver une solution à la crise

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Un mois après son investiture en tant que Chef d’Etat issu du scrutin très controversé du 12 décembre 2019, aucune décision de nature à détendre le climat politique n’a été prise par le nouveau locataire du palais présidentiel d’El Mouradia.

Les prisonniers d’opinion continuent à s’entasser arbitrairement dans les pénitenciers, les médias lourds fonctionnent toujours sur injonctions et les journalistes indépendants plus que jamais harcelés par les services de sécurité. Les partis politiques et la société civile peinent toujours à s’exprimer et la libre circulation des algériens entravée, notamment dans la capitale. Aucun appel au dialogue n’a été adressé au hirak que le pouvoir refuse d’intégrer dans l’échiquier politique.

Il y avait pourtant bon espoir que le nouveau président entame son mandat par ce genre d’initiatives qui pourraient laisser penser que ce dernier a commencé à recouvrer des prérogatives constitutionnelles que le défunt chef d’état major militaire avait confisquées. L’hésitation du nouveau chef de l’Etat à aller à contre courant des décisions prises par le haut commandement de l’armée du vivant d’Ahmed Gaid Salah, prouve bien qu’un mois après son investiture, le pouvoir réel est toujours aux mains des militaires, qui continuent du reste à gérer la crise politique comme ils en avaient habitude. La violence policière n’a de ce fait pas disparue et les arrestations suivies de condamnations arbitraires non plus. Selon le Comité national de Libération des Détenus, au moins une centaine de nouvelles détentions se sont ajoutées au palmarès des services de sécurité, depuis que Tebboune a pris ses fonctions le 19 décembre 2019. Aucun geste de sa part pour libérer d’autorité, des prisonniers politiques qui avaient pourtant été incarcérés sur ordres extra judicaires de la haute hiérarchie militaire. Il n’en fera pas non plus pour mettre fin à la répression policière qui continue à s’abattre sur les manifestants, comme ce fut le cas ce vendredi dans le centre de la capitale.

Tout porte donc à croire que la mort récente du chef d’état major militaire, n’a pas encore eu de conséquences sur le mode de gouvernance que ce dernier avait instauré au lendemain l’éviction de l’ex président Abdelaziz Bouteflika. Le haut commandement de l’armée a jalousement gardé, comme s’il s’agissait de dogmes, ses larges prérogatives de maintien de l’ordre et à agir comme au temps de son défunt chef, Ahmed Gaid Salah.  Son objectif ne consiste évidemment pas sauver le pays de la crise politique qui secoue l’Algérie depuis le 22 février 2019, mais de sauver le système politique en place depuis l’indépendance, en combattant les manifestants du hirak considérés comme un danger pour cet ordre établi.

Elu dans les conditions que l’on sait, Tebboune ne bénéficie pas, il est vrai,  de la légitimité requise pour faire face à un contre pouvoir aussi puissant que celui des hauts gradés de l’armée. Aussi a-t-il préféré laisser cet espace à ces militaires qui le gèrent de la seule manière qu’ils connaissent, à savoir, la brutalité, l’autorité et la discipline. Depuis l’investiture d’Abdelmadjid Tebboune, la répression policière accompagnée de son lot habituel d’arrestations, a de ce fait redoublé d’intensité. Elle s’est invitée dans les manifestations d’Oran, Annaba, Constantine, Tlemcen et autres villes du pays. Elle a été particulièrement violente hier vendredi 11 janvier dans certaines artères centrales de la capitale.

Cette manière brutale de gérer une crise politique est pourtant vouée d’avance à l’échec et, pour preuve, le hirak maintient sa mobilisation depuis onze mois consécutifs et tout porte à croire qu’elle va se renforcer si cette manière maladroite de la gérer venait à perdurer.. La présidence de la république et l’état major de l’armée, incarnés depuis peu par Abdelmadjid Tebboune et Said Chengriha, le savent parfaitement mais n’osent pas, du moins pour l’instant, mettre fin à l’engrenage infernal légué par Ahmed  Gaid Salah. Sachant qu’il n’a pas intérêt à entraver la machine militaire, Abdelmadjid Tebboune semble avoir jeté son dévolu sur les questions purement politiques où il est mieux à l’aise, comme par exemple la formation du gouvernement et la révision de la constitution..

A défaut d’une prise en charge politique et, non pas militaire comme s’est actuellement l’option, la crise qui secoue l’Algérie depuis bientôt une année, n’a à l’évidence aucune chance de s’arrêter. La dernière sortie algéroise du hirak sous une pluie battante (la 47é du genre), apporte la preuve de la détermination de millions d’algériens à poursuivre la lutte jusqu’à satisfaction de leurs légitimes revendications, parmi lesquelles de droit à une transition politique gérée par eux-mêmes, comme les y autorisent expressément les articles 7 et 8 de la constitution.

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