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Peu de marge de manœuvre pour le gouvernement Djerad: Crainte d’un nouveau statu quo

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Difficile d’émettre un avis sur un gouvernement désigné par un chef d’État issue d’une élection qui n’a pas laissé de bons souvenirs aux algériens. Eu égard à la diversité et à la complexité des chantiers qui l’attendent, on ne peut malheureusement parier que sur l’échec de ce cabinet qui brille par la pléthore de ministres qui le compose, son caractère hétéroclite et, bien entendu, l’absence de feuille de route. Le programme électoral d’Abdelmadjid Tebboune se résumant à quelques généralités et sans programme d’actions qui serait, dit-on, encore au stade de la rédaction, on ne peut effectivement épiloguer sur ce que pourrait apporter à la nation chacun des ministres concernés.

On ne peut pour l’instant qu’observer sa composition humaine et son organisation, en déplorant déjà la pléthore de ministres qui le composent et le maintien aux postes clés, de personnalités politiques qui avaient allègrement servi l’ex président Bouteflika, auquel les algériens ont de bonnes raisons d’en vouloir. Tous les postes régaliens leur ont en effet été réservés, à commencer, par le Premier Ministère, la Justice, les Affaires étrangères, les Finances et l’Intérieur. On trouve ce même profil de ministres aux Affaires Religieuses, aux Anciens Moudjahidines et à l’Agriculture. Mu par le désir de servir un maximum de chapelles, Tebboune a effectivement été contraint de créer une pléthore de nouveaux portefeuilles dont certains se télescopent du fait de la proximité des attributions. Trois ministres se disputent à titres d’exemples le secteur de l’Industrie, deux autres celui de la Culture et deux autres aussi, ceux de l’Energie et Nouvelles Technologies. Trente neufs  ministres composent ce bien curieux gouvernement qui fait son entrée dans le Guinness en tant que gouvernement le plus pléthorique du monde. On n’épiloguera évidement pas sur les coûts faramineux d’une telle légions de ministres auxquels il faut assurer des salaires, la logistique bien d’autres frais de fonctionnement, sans aucune commune mesure avec l’austérité que requiert un pays en pleine tourmente financière.

Les algériens sont par ailleurs étonnés qu’une préoccupation aussi essentielle que l’Économie ne soit pas clairement prise en charge par ce gouvernement qui n’a pas de ministre expressément désigné pour apporter des solutions aux multiples problèmes économiques qui affectent gravement le pays, en mettant notamment en œuvre les réformes qui s’imposent. Les voyant de notre économie sont au rouge et on ne comprend pas qu’on leur accordent une attention particulière.

C’est effectivement sur le terrain économique, miné par la désindustrialisation, le tout-importation, le déclin des recettes d’hydrocarbures et autres graves dysfonctionnements que ce gouvernement était tout particulièrement attendu, notamment avec ce geste fort qui aurait consisté à créer un super ministère de l’économie confié à une compétence avérée. On raconte qu’Ahmed Benbitour avait été approché par Abdelmadjid Tebboune, précisément pour cette option mais que ce dernier aurait décliné l’offre, pour des raisons qu’on peut très bien comprendre.

Le Premier Ministre aura de ce fait beaucoup de mal à coordonner les actions de ce gouvernement pléthorique et, de surcroît, très hétéroclite du fait de l’âge, des parcours individuels, des niveaux intellectuels et des sensibilités politiques de chacun des 39 ministres. C’est à l’évidence une machine lourde et difficile à mettre en action d’autant plus que bon nombre de ministres, recrutés au hasard de la conjoncture et des proximités claniques, n’ont ni la compétence ni l’envergure requises. Une bien amère réalité qui fait craindre l’instauration d’un statu quo de même nature que celui qui avait paralysé le pays durant tout le mandat de Nouredine Bédoui. Si elle venait à être instaurée cette nouvelle période d’inaction serait extrêmement dangereuse pour l’Algérie qui doit impérativement rattraper les retards qui se sont dangereusement accumulés à divers niveaux de la vie économique et sociale, au risque d’être reléguée aux derniers rangs des nations du monde.

Mais plus fort tout, ces ministres qui doivent faire face à de nombreux défis, ont surtout besoin de cette légitimité que la majorité des algériens ont refusé d’accorder à celui qui les a désignés.Tout porte donc à croire que l’illégitimité de ce gouvernement et du chef de l’Etat qui l’a formé, constituera le principal obstacle de l’action gouvernementale quand bien même elle serait conduite par des ministres animés de bonne volonté. Mais sans la caution de ce peuple qu’ils ont décidé de servir sans son assentiment, leurs missions paraissent bien ardues, pour ne pas dire, impossibles à accomplir. On craint même que comme au temps du gouvernement Bédoui, les ministres soient empêchés d’effectuer des visites de travail à travers le pays.

Les choses pourraient évidemment changer du jour au lendemain si la main tendue au Hirak promise par Abdelmadjid Tebboune soit suivie d’effet par un appel à la négociation, et la mise en œuvre rapide de toutes les mesures d’apaisement exigées par des millions d’algériens. Mais de ce coté là, on ne voit malheureusement rien venir.

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