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Affaire Khashoggi : cinq Saoudiens condamnés à mort à Ryad

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Cinq Saoudiens poursuivis pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ont été condamnés à mort par un tribunal de Ryad qui a disculpé deux des principaux suspects, un conseiller royal et un chef du renseignement.

Jamal Khashoggi, un collaborateur du Washington Post, a été assassiné à 59 ans, en octobre 2018 lors d’une opération qui a plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier Mohammed ben Salmane, soupçonné d’être le commanditaire du meurtre.

Critique du régime saoudien après en avoir été proche, le journaliste a été étranglé et son corps découpé en morceaux par une équipe de 15 hommes venus de Ryad dans le consulat du royaume à Istanbul, selon les responsables turcs. Ses restes n’ont jamais été retrouvés.

Dans la première réaction à ce verdict, Reporters sans frontières, a affirmé que « la justice a été bafouée ».

Le procès n’a pas respecté « les principes internationalement reconnus de la justice » et cette condamnation pourrait être « un moyen de faire taire à jamais des témoins de l’assassinat », a souligné le secrétaire général de RSF Christophe Deloire.

Agnès Callamard, rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions sommaires, a qualifié sur Twitter le meurtre d' »exécution extrajudiciaire dont l’Arabie saoudite est responsable ».

A Londres, le Foreign Office a demandé au gouvernement saoudien de « s’assurer que tous les responsables (de ce meurtre) rendent des comptes ».

Après avoir donné plusieurs versions du meurtre, les autorités de Ryad avaient fini d’admettre qu’il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants.  « Le tribunal a condamné à mort cinq hommes qui ont directement participé à l’assassinat », a indiqué le procureur dans un communiqué.

Aucune accusation n’a été retenue contre Saoud al-Qahtani, un proche conseiller du prince héritier, a ajouté le procureur, indiquant que l’ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, a été acquitté.

Le général Assiri était soupçonné d’avoir supervisé l’assassinat du chroniqueur du Washington Post et d’avoir été conseillé par Saoud al-Qahtani, confident du prince héritier. 

Saoud al-Qahtani a été interrogé mais n’a pas été inculpé « faute de preuves » et le général Assiri a été inculpé mais acquitté pour les mêmes raisons, selon le communiqué du procureur général.

Des sources proches du dossier ont indiqqué que beaucoup des accusés se sont défendus devant le tribunal en affirmant qu’ils exécutaient les ordres d’Assiri, le décrivant comme le « chef de file » de l’opération.

Sur les 11 personnes qui ont été inculpées dans cette affaire, cinq ont été condamnées à mort, trois à des peines de prison totalisant 24 ans, et les autres ont été acquittées. Les condamnés peuvent interjeter appel, selon le texte du communiqué.

Le tribunal de Ryad chargé de l’affaire a tenu au total neuf audiences en présence de représentants de la communauté internationale ainsi que de proches de Jamal Khashoggi, selon le communiqué. « Nous avons conclu que le meurtre de Khashoggi n’a pas été prémédité », précise le texte.

La CIA et Mme Callamard ont mis en cause dans l’assassinat le prince héritier saoudien et homme fort du pays qui dément avoir ordonné l’assassinat du journaliste même s’il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant du royaume.

Le président américain Donald Trump avait refusé de suivre les conclusions de la CIA et maintenu qu’il n’y avait pas de preuves solides sur une implication du prince héritier.

Les Nations unies et les groupes de défense des droits humains ont demandé qu’une enquête indépendante soit menée sur ce meurtre.

« Une grande partie de la communauté internationale est convaincue que de hauts responsables saoudiens sont derrière le meurtre et ce verdict ne rassure pas quant à l’obligation de rendre des comptes », a analysé à l’AFP H.A. Hellyer, du Royal United Services Institute.

Pour Quentin de Pimodan, spécialiste de l’Arabie saoudite au Research Institute for European and American Studies, basé en Grèce, les Saoudiens veulent donner l’impression que « justice a été rendue » avant le sommet du G20 qu’ils accueillent l’année prochaine.

Mais cela ne risque pas de convaincre « surtout après une enquête et un procès non transparents menés par un pouvoir judiciaire qui est loin d’être indépendant ».

Afp

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