AccueilActualitéInternationalUn sommet de l'OTAN sur fond de tension et divergences

Un sommet de l’OTAN sur fond de tension et divergences

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Les dirigeants des pays de l’Otan se réunissent mardi et mercredi en sommet à Watford, près de Londres, pour le 70e anniversaire de l’alliance, mais l’ambiance est loin d’être festive à cause de multiples différends.

Le plus virulent oppose le président français Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Il porte sur l’intervention lancée par Ankara dans le nord-est de la Syrie sans en informer les autres membres de l’Alliance.

Les deux dirigeants en sont arrivés a échanger des insultes et leurs partenaires espèrent qu’ils crèveront l’abcès mardi avant le sommet, au cours d’une réunion sur la Syrie à Londres avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson.

L’autre inconnue sera le comportement de Donald Trump. Le président américain n’a qu’un seul sujet de discussion depuis son élection lorsqu’il vient à l’Otan : le partage du fardeau pour les dépenses militaires et son corollaire, l’augmentation des budgets de la défense des alliés européens et canadien.

Les responsables de l’Otan espèrent que l’accord pour réduire la contribution américaine au budget de fonctionnement de l’Alliance et les efforts financiers fournis par les alliés pour augmenter leurs dépenses militaires vont l’apaiser.

Le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, assure que l’année prochaine, les alliés non américains auront augmenté leurs dépenses pour la défense de 130 milliards de dollars depuis 2016.

Mais beaucoup redoutent que cela ne suffise pas et craignent un nouveau coup de sang de Donald Trump. L’année dernière à Bruxelles, il avait pris à partie Angela Markel, accusée de ne pas payer assez et de contribuer à l’effort militaire de la Russie avec ses achats massifs de gaz.

Les Européens en sont réduits à espèrer que la soirée à Buckingham Palace mardi soir divertira le président américain pour permettre un sommet apaisé le lendemain, a confié le chef de la diplomatie d’un pays très en retard pour ses dépenses militaires.

Les alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur PIB pour leurs dépenses militaires en 2024. Neuf pays ont atteint cet objectif en 2019 et si la France va l’atteindre en 2025, l’Allemagne est encore très loin du but.

Trump aura l’occasion d’en discuter avec M. Stoltenberg lors d’un petit-déjeuner mardi à Londres avant de rencontrer le président français Emmanuel Macron, dont les critiques contre l’Alliance, jugée en état de « mort cérébrale », ont choqué tous ses partenaires. La chancelière a dit sa réprobation et aucune capitale de l’Alliance n’a soutenu le président français.

Le jugement porté par M. Macron dénonce l’absence de concertation sur des décisions stratégiques prises par les Etats-Unis et par la Turquie.

La charge d’Emmanuel Macron a ulcéré le président Erdogan qui a jugé le président français « en état de mort cérébrale ».

Le dirigeant turc veut porter le différend au sommet. Paris a déploré ses insultes, mais Emmanuel Macron assume ses propos et n’entend pas renoncer à ses griefs.

Le président Erdogan ne sera pas beaucoup soutenu après sa décision d’acheter un système de défense anti-missile S-400 à la Russie, incompatible avec les équipements de l’Otan. Mais il sait que son pays ne peut pas être expulsé et l’appui de Donald Trump lui suffit.

Ces tensions risquent de gâcher la fête, car elles vont ruiner l’unité de l’Alliance, ce qui fait le jeu de la Russie, a déploré le ministre européen.

Le sommet sera bref : une session de travail de trois heures mercredi dans l’hôtel d’un golf prestigieux à Watford, dans la banlieue de Londres.

Mais les décisions seront significatives, car à Londres, l’espace va devenir un domaine d’opérations de défense pour l’Otan et l’Alliance va se positionner face à la montée en puissance de la Chine, second budget militaire du monde et très présente dans le cyberespace.

Jens Stoltenberg pourrait par ailleurs être mandaté pour conduire une réflexion demandée par la France sur la relation de l’Otan avec la Russie et sur les futurs grands enjeux de sécurité collective, comme la menace terroriste.

Afp

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