AccueilLa une« Aucun changement envisageable avec les mêmes acteurs du système »

« Aucun changement envisageable avec les mêmes acteurs du système »

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Dans cet entretien, le professeur Djamel Limane, chargé d’enseignement à l’université de Nice et également membre de « Free Algeria », revient sur les différentes initiatives prises par la diaspora algérienne pour soutenir le Hirak en Algérie. Il évoque l’objectif de la création de Free Algeria, les rassemblements qui sont programmés dans différentes régions européennes, et parle aussi de la grande marche prévue à Bruxelles du 1er décembre ainsi que sur l’organisation des Assises nationales de transition.

Algérie-Eco : La diaspora algérienne continue de soutenir le combat du peuple algérien et le Hirak sous différentes formes de soutien et dans plusieurs pays. Cette fois-ci, ce sont les Collectifs de Free Algeria qui prennent de nouvelles initiatives dans ce sens. D’abord parlez-nous de Free Algeria et de ses Collectifs ? 

Limane : En ma qualité de membre du Collectif des Algériens des Alpes-Maritimes, et en se basant sur mon expérience au sein du groupe Free Algeria, je peux présenter ce dernier comme étant un espace de dialogue, d’échange et surtout de coordination entre les différents Collectifs de la diaspora Algérienne d’Europe et d’Amérique. C’est un groupe ouvert, composé de citoyens Algériens, amoureux de l’Algérie et animés par l’intérêt suprême du pays.

Né suite aux rassemblements de solidarité avec le Peuple Algérien, organisés dans les différentes villes d’Europe et d’Amérique, le groupe Free Algeria est une réponse à un besoin de Coordination entre les différents Collectifs des Algériens du monde entier. Je cite comme exemples : la journée mondiale pour la protection des droits de l’homme en Algérie (pour la libération de tous les détenus politiques) organisée le 05 octobre, l’Appel de la diaspora algérienne pour l’organisation des Assises Nationales de Transition en Algérie lancé le 19 novembre, et aussi la grande marche citoyenne des Algériens d’Europe prévue le 1er décembre à Bruxelles.

Enfin, par son message pacifique, d’unité et de solidarité, Free Algeria est l’un de ces vecteurs de la diplomatie populaire qui permet de diffuser l’appel solennel du Peuple Algérien qui aspire aujourd’hui à l’édification d’un État de droit inclusif, fondé sur la justice, les droits et libertés individuels et collectifs, des institutions légitimes qui respectent la séparation des pouvoirs.

Des rassemblements sont programmés dans différents pays de l’Europe et même en Amérique. Quel est l’objectif principal de ces rassemblements ?

Depuis le 22 février 2019, une révolution populaire pacifique et unique au monde est en marche en Algérie. Nous sommes devenus un modèle et un exemple pour les peuples en quête de démocratie et de justice sociale. Cette révolution fait renaître le rêve d’une Algérie meilleure.

À contre-sens de cette volonté populaire légitime, le pouvoir refuse de s’engager dans un processus transparent conduisant à un vrai changement. Il a décidé d’imposer son agenda électoral, en ordonnant l’organisation de l’élection présidentielle le 12 décembre prochain. Cette fausse solution est rejetée par la quasi-totalité des citoyens Algériens. Il suffit de voir le déroulement de la compagne électorale des candidats du système. Sinon, comment expliquer cette précipitation à aller directement vers la finalité d’un système démocratique lorsque les conditions de la tenue de ce scrutin sont presque identiques à celles d’avril 2019 ? Un paysage médiatique complètement verrouillé, une liberté d’expression bafouée (plus de 140 détenus politiques) et une justice qui milite encore pour son indépendance. Les Algériens ont compris qu’aucun changement n’est envisageable avec les mêmes acteurs du système. Ces derniers, toujours en place, ne peuvent être les acteurs du changement, du renouveau, de l’espoir et de la nouvelle République.

Pour revenir à nos rassemblements, l’histoire nous a montré à maintes reprises l’apport des Algériens de l’étranger dans les différentes luttes de notre pays. S’inscrivant dans cette logique historique, les rassemblements de la diaspora algérienne sont une marque de soutien indéfectible au combat pacifique du peuple algérien.

Nous exigeons, à travers nos manifestations, la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques et nous dénonçons de manière ferme et vigoureuse toute forme de répression. Nous nous inscrivons également dans la continuité des intentions et des projets exprimés par l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile en Algérie, qui appellent à une Conférence Nationale ouverte à l’ensemble des forces vives de la Nation.

Une grande marche est prévue à Bruxelles du 1er décembre. Qu’attendez-vous de cette marche ?

La Marche Citoyenne des Algériens d’Europe est une initiative lancée par nos amis du Collectif des Algériens de Belgique. Plusieurs Collectifs de Free Algeria sont co-organisateurs de l’événement, à l’image du Collectif des Algériens des Alpes-Maritimes, de Lille, de Strasbourg, Collectif Debout l’Algérie Paris, Lorraine, PAD France, etc.

L’appel est lancé à tous les Algériens et aux vrais amis de l’Algérie pour une marche historique le 1er décembre 2019 à Bruxelles, pour porter la voix du peuple algérien devant l’opinion internationale.

La diaspora agit avec détermination, responsabilité et un sens de communication reflétant une forme de diplomatie populaire. À ne pas confondre avec la diplomatie du système qui fait le tour des capitales du monde en quête d’une légitimité perdue aux yeux de son peuple. Loin de toutes formes d’ingérence, notre diplomatie populaire veut faire entendre la voix du peuple. L’universalité des droits de l’homme exige de chaque humain d’aller au secours des autres, loin des intérêts politiques, économiques et stratégiques des États !

Il s’agit aujourd’hui de lutter pour la souveraineté nationale et pour un État de droit. La souveraineté de l’État a été détournée et la souveraineté du peuple confisquée. La génération du 22 février a choisi irrévocablement la voie pacifique pour libérer la patrie et pour l’édification d’un État de droit inclusif.

L’avenir de l’Algérie est une équation à variables algéro-algériennes, et pour la résoudre il est urgent d’écouter son peuple.

Vous avez lancé à maintes reprises un appel à l’organisation des Assises Nationales de Transition. Avez-vous eu un écho ?

Nous avons lancé avec Free Algeria, une coordination qui regroupe plusieurs Collectifs des Algériens d’Europe et d’Amérique, un appel unifié pour l’organisation des Assises Nationales de Transition en Algérie. Nous nous félicitons de l’écho très favorable que nous avons reçu de l’intérieur. C’est encourageant. Désormais, nous travaillons à coordonner toutes nos actions pour avancer ensemble.

Pour rappel, l’appel est adressé aux acteurs du Hirak, aux animateurs du Pacte de l’Alternative Démocratique (PAD) et aux Dynamiques de la Société Civile (DSC) pour réunir l’ensemble des forces vives de la nation. Le but est d’arriver à un consensus national pour dégager une Instance Collégiale de Transition, sous la conduite de personnalités nationales intègres, compétentes et sans connivence avec le système.

Pour quelle finalité ? Cette période de transition sera conclue par l’organisation des élections libres et transparentes qui donneraient toute la légitimité au président élu démocratiquement. La nation devra se construire à l’avantage général et sous la surveillance du peuple.

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