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Loi de finances, élections présidentielles et Hirak

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Dans une effervescence sans précédent, la situation économique du pays entre dans l’une de ses plus sombres phases. Et pour cause, la présentation du projet de la loi de finances 2020 met en contradiction plusieurs paramètres, et oscille entre la fibre populiste en préparation des élections présidentielles, et la fibre sociale en maintenant à un niveau presque égal aux dernières années les transferts sociaux.

À l’heure où le flot de contestation et de grèves fait l’essentiel de l’actualité, le citoyen algérien ne sait plus sur quel pied danser. Et pour cause, la présentation de l’avant projet de la loi de finances 2020 fait déjà couler beaucoup d’encre et suscite moult réactions.

Les premières annonces font notamment état de la mise en place d’un système de forte taxation, d’une série de nouveaux impôts relatives à la consommation directe des citoyens, et surtout directement liés au système de subventions. D’où la réaction intempestive des certains députés qui dénoncent « l’absence d’un réel diagnostic de la situation économique difficile que traverse le pays » et « l’incapacité du Gouvernement à proposer des solutions efficaces aux problèmes que connaît l’économie nationale, à l’image de la diversification de l’économie locale, la réduction de la dépendance aux hydrocarbures, l’amélioration du climat de l’investissement, la relance des projets productifs, l’amélioration du recouvrement fiscal et la réforme des banques et du système financier et douanier », ajoutant que « le Gouvernement a préféré recourir aux procédures classiques à même de couvrir le déficit budgétaire et d’imposer au citoyen plus de taxes directes et indirectes ».

Vraisemblablement, le Gouvernement peine à trouver les voies de sortie de crise, et devant l’énorme difficulté à résorber les déficits budgétaires que traîne le pays depuis la crise des prix du pétrole en 2014, il se rabat sur les mécanismes classiques, sans réelle vision sur le sort économique de pays, tapi dans l’ombre d’une échéance électorale, qui au vu de la liste des candidats, a déjà jeté un vent de doute et d’inquiétude au sein de la population.

Et pour cause, les dernières décisions rendus publiques imposent une réelle interrogation. Notamment lorsque le ministre des finances fait allusion à un éventuel retour au financement non conventionnel, alors que ce dernier fut stoppé récemment. D’autant plus que la logique économique aurait voulu que de telles décisions soient supportés par des arguments financiers. Dans ce cas, l’annulation de ce mode de financement est normalement argumentée par le volet amortissement, dans la mesure où le volume de l’argent imprimé est supposé contrebalancé par un volume de production et d’investissement à moyen ou long terme.

Or, ni le recours ni l’annulation de ce financement ne sont accompagné de telles argumentations. Ce qui laisse a laissé pantois plus d’un spécialiste, qui justement avaient prévenus les autorités de ces travers qui aujourd’hui coûtent très cher et impacteront considérablement le pouvoir d’achat des citoyens. Ceci étant, ce volet ne représente qu’une infime partie du flou qui règne et qui s’annonce à la veille de la campagne électorale, où les cinq candidats en lice tenteront tour à tour de convaincre les Algériens qu’ils détiennent les solutions pour une relance économique et pour la stabilité politique du pays.

Un discours qui aura du mal à faire son chemin, dans une société où la contestation ne cesse de prendre de l’ampleur.

C’est dire à quel point sera ardue la tâche du nouveau président, qui héritera d’une situation où le plus difficile sera de concilier entre le maintien d’un équilibre précaire, qui repose sur une équation à plusieurs inconnues, à savoir comment donner satisfaction aux revendications populaires, remettre le pays sur les rails de la légitimité politique et insuffler un nouvelle énergie économique à même de préserver les indicateurs macroéconomiques à un niveau acceptable, susceptible de prétendre à une relance efficiente.

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