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Abderrahmane Mebtoul : « La situation économique de l’Algérie n’incite guère à l’optimisme »

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La situation économique de l’Algérie, en ce mois d’octobre 2019, n’incite guère à l’optimisme, une dégradation accélérée par le passé par le manque de vision stratégique et la mauvaise gouvernance et récemment par la crise politique qui risque d’avoir des incidences très graves sur le plan social et sécuritaires. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmane Mebtoul.

Selon lui, la loi de finances 2020 s’interdit le financement non conventionnel sans l’écarter totalement en 2021/2022.

Sur les 6.556,2 milliards de DA (mds DA), mobilisés par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie (BA) au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019, 3.114,4 mds de DA ont été injectés dans l’économie, soit près de la moitié, selon une note de la Banque, un solde de 945,1 mds de DA étant abrité au compte de Trésor auprès de la BA et donc non encore injecté dans l’économie, rappelle-t-il.

Ainsi s’offrent, selon lui, plusieurs solutions pour ne pas recourir au financement non conventionnel. Premièrement, accroître la production et la productivité interne et attirer l’investissement étranger mais cela demandera plusieurs années, si l’on met en place une autre politique économique et si on résout la crise politique. Deuxièmement, un cours supérieur à 90 dollars le baril et accroire les exportations d’hydrocarbures. Mais, outre le respect du quota de l’OPEP par l’Algérie les prévisions internationales pour 2020 donnent un cours entre 60/65 dollars, moins, en cas de la résolution des tensions commerciales entre  les USA et la Chine.

Troisièmement, ajoute-t-il, une plus grande rigueur budgétaire dans l’allocation ciblée du  financement, impliquant une planification stratégique qui fait défaut. Quatrièmement, un endettement extérieur ciblé pour des projets créateur de valeur ajoutée. Cinquièmement, lutter contre la corruption et les surfacturations et dans ce cadre, il faut se demander pourquoi le faible impact de la dépense publique entre 2000/2018, plus de 1100 milliards de dollars  (part dinars et devises) sur la sphère économique et donc sur la sphère sociale. Les études internationales montrent que l’Algérie avec ces dépenses en référence aux  pays de la région MENA qui ont des résultats supérieurs avec trois fois moins de dépenses : corruption, surfacturation ou mauvaise gestion des projets.  Sixièmement, déraper le dinar pour ne pas dire dévaluation (inflation importée) pour augmenter à la fois la taxe hydrocarbures ( reconversion du dollar en dinar dévalué passant par exemple de 118 dinars un dollar à 125 ) et la fiscalité ordinaire ( reconversion de l’euro en dinars par exemple 138 dinars un euro à 150, la taxe s’appliquant au dinar au port),  ce qui constitue un impôt indirect supporté par le consommateur final ou l’entreprise pour les entrants importés, réduisant son profit net ou le répercutant sur le consommateur.

Septièmement, MMebtoul suggère d’augmenter la fiscalité ordinaire mais qui ne touchera que les  activités visibles sachant que plus de 50% de l’activité économique est dans la sphère informelle risquant sans vision stratégique de accroître , ainsi que l’augmentation des taxes  sur les produits, solution de facilité, l’impôt indirect étant injuste par  définition, l’import direct étant le signe d’une plus grande citoyenneté, dont l’impôt sur la fortune, au-delà d’un certain seuil raisonnable, pour ne pas pénaliser les couches moyennes et l’investissement. Huitièmement, il parle du recours ultime, continuer à puiser dans les réserves de change, faute d’une vision stratégique s’adaptant au nouveau monde (nouvelle gouvernance centrale et locale, intelligence artificielle, primat de l’économie de la connaissance, nouvelle politique énergétique fondée sur une réelle transition énergétique) afin de réaliser une économie concurrentielle dans le cadre des valeurs internationales.

En résumé, selon le professeur, l’objectif essentiel pour l’Algérie est la résolution de la crise politique sans laquelle aucun investisseur sérieux ne viendra, la stabilité politique étant un des critères principal de l’attrait de l’investissement à valeur ajoutée qu’il soit national ou international. « Et avec l’épuisement des réserves de change et le retour au FMI, ce qu’aucun patriote ne souhaite, les impacts seront désastreux pour l’Algérie, tant sur le plan économique, social, politique, sécuritaire que les relations diplomatiques », conclue-t-il.

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