Accueilla deuxLa députée Mathilde Panot adresse une lettre de soutien aux détenus d'opinion

La députée Mathilde Panot adresse une lettre de soutien aux détenus d’opinion

- Advertisement -

La députée française du parti « La France Insoumise », Mathilde Panot, a adressé, ce vendredi 18 octobre 2019, une lettre de soutien aux détenions d’opinion arrêtés lors des marches contre le système en Algérie.

Voici le texte de la lettre de la députée publiée sur le site de son parti

« À vous qui êtes privé de liberté, c’est en toute fraternité que je vous écris. De retour d’Algérie, je prends la plume, car vous habitez mes pensées ; vous, courageux militantes et militants de l’émancipation de votre peuple et de la justice sociale. Maintenant que je me suis rendue sur place, je mesure et je dis à quel point est inacceptable le silence coupable et intéressé qui, partout ailleurs, couvre votre vos luttes et vos malheurs. Je le ressens d’autant plus vivement, que beaucoup d’entre vous ont mon âge et même beaucoup moins. Il faut que des voix libres relayent les vôtres et que vos combats soient internationalement connus. C’est en cela que je peux aider et c’est à cela que je vais m’atteler.

Le peuple algérien mène une lutte digne, fier et debout contre un régime à bout de souffle, qui tente tant bien que mal de se maintenir en place. Au cœur de ce combat, une jeunesse admirable d’engagement, de générosité et d’abnégation. La lutte pour la justice sociale et la dignité populaire est le plus beau des combats.

Pour se pérenniser, le pouvoir en place ne recule devant aucun moyen. Vos camarades de combat me l’ont dit : prisonnier d’opinion vous vous comptez par dizaines dans le pays. À Alger, où s’opère l’essentiel des arrestations, vous n’êtes pas loin d’une centaine et le chiffre grossit. Ils m’ont dit comment vous regardiez vos juges droit dans les yeux ; comment il est arrivé que des magistrats vous avouent leurs impuissances. Dans les manifestations vos concitoyens dénoncent que vous soyez retenus comme otages d’un odieux chantage à l’arbitraire. Mais, les Algériennes et les Algériens tiennent bon.

Mes camarades, car je sais que je peux vous appeler ainsi. Nous menons le même combat. Certes dans des conditions différentes, mais notre combat et celui de la libération et de l’émancipation humaine. Mes camarades, même en prison vous ne baissez pas les bras. Depuis quelques jours, vous êtes nombreux à observer une grève de la faim. Un moyen de lutte bien périlleux qui, il y a quelques mois, a coûté la vie à Kamel Eddine Fekhar, l’infatigable combattant des droits humains. Dans ce mouvement, vous avez été rejoint par le commandant Lakhdar BOUREGAA, acteur de votre guerre d’indépendance et opposant de la première heure au régime en place. Cet homme est âgé aujourd’hui de 86 ans. Son geste symbolise la symbiose générationnelle qui fait la force de votre révolution du sourire.

Samira, Billal, Amine, Karim, Samir, et tous les autres, je vous adresse les plus profonds saluts de fraternité et de solidarité, espère votre rapide libération et votre victoire prochaine pour le changement profond et radical auquel vous vouez votre engagement.

De mon côté, je me bats aussi contre une autre oligarchie, en France. Beaucoup, de cette rive de la Méditerranée, notre mer commune, ont été arrêtés abusivement, éborgnés, mutilés sans raison du fait du mouvement de révolte populaire qui traverse le pays. C’est aussi pour cela que je me sens le devoir de faire écho à votre combat. Je ferai ce qui à ma portée pour m’acquitter de cet impératif.

Je vous partage une conviction : ils ne pourront arrêter les Révolutions citoyennes qui viennent. Condamner quelqu’un pour son opinion, c’est s’assurer qu’elle soit diffusée. Leur bêtise ne peut rien contre notre volonté, où que ce soit, de construire une société organisée dans l’intérêt du grand nombre. »

Pour rappel, la députée LFI s’était rendue fin septembre dernier en Algérie pour rencontrer des actrices et acteurs de la révolution populaire en cours depuis le 22 février dernier. Elle a été immobilisée par la police à Béjaïa en raison de sa participation à la marche des étudiants du mardi 1 octobre. Mathilde Panot a été conduite ensuite à Alger, où elle avait été placée pendant plusieurs heures en séjour surveillé. Elle a regagné la France le mercredi 2 octobre.

Quelques jours plus tard, le ministre des affaires étrangères, Sabir Boukadoum s’est exprimé sur la venue de la députée française en Algérie. Boukadoum a affirmé qu' »il ne s’agit pas d’une arrestation », tout en insistant sur le fait que « les manifestations de par le monde sont réservées aux citoyens du pays et non aux étrangers ».

« Sa participation aux marches en Algérie pourrait être interprétée comme une ingérence étrangère et une atteinte à la souveraineté nationale », a ajouté le chef de la diplomatie algérienne.

Il a rappelé que « le principe de non-ingérence dans les affaires internes d’autrui [était] une règle inaliénable pour l’Algérie qui refuse toute ingérence dans ses affaires internes quelle qu’en soit l’origine, s’agissant aussi bien d’une personne civile ou politique ».

Articles associés

Fil d'actualité

Articles de la semaine