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Loi sur les hydrocarbures : « Ce n’est pas le moment » selon le Pr Chitour

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Le Directeur du laboratoire de valorisation des hydrocarbure à l’Ecole polytechnique d’Alger, le professeur Chems Eddine Chitour, a estimé, ce dimanche 13 octobre, que « ce n’est pas le moment » d’adopter la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui sera examinée aujourd’hui en Conseil des ministres.

Pourquoi? Pour le Pr Chitour cette nouvelle loi donne « l’impression d’être élaborée hâtivement, et on ne peut pas dans les conditions actuelles, une loi qui engage l’avenir, la faire comme ça au pied levé ».

Chitour estime qu’il faut « une réflexion dans le calme et la sérénité : Quelle est la vision de l’Algérie 2030 ou 2050? comment se projeter? Qu’est-ce que nous avons comme moyens? », dit-il, ajoutant que « l’énergie n’est qu’un sous-ensemble d’une stratégie globale qui sert à développer ce pays et, nous ne prenons pas le chemin. Je pense personnellement qu’elle n’a pas lieu d’être, et j’ai dit dans mon article que c’est un non-événement ».

« Jusqu’à présent, la vision des gouvernants était de maximaliser la rente et, ça ne les intéresse pas de travailler dans l’aval, c’est surtout l’amont. Faire en sorte qu’on puisse forer et ramener des devises », note-t-il sur les ondes de la radio nationale.

« J’ai jamais vu dans aucun texte de loi, la nécessité pour ce qui viennent travailler dans l’amont, de nous aider à développer l’aval », souligne le professeur, ajoutant que « cela veut dire qu’il n’y a pas de bases pétrochimiques dans le pays. On bricole ».

Pour le Pr Chitour, les compagnies pétrolières étrangères, viennent uniquement pour rendre le pétrole et le gaz naturel algérien « exportable », et elles ne laissent pas en quelques sorte « un savoir-faire ».

Selon lui, en 1977 et 1978, l’Algérie était l’un des premiers pays dans la pétrochimie dans le raffinage dans le bassin méditerranéen, et la SABIC saoudienne n’existait pas, et aujourd’hui, cette dernière, est à des années lumières de l’Algérie, rappelle-t-il.

En outre, le plus grand reproche que fait Chitour à cette loi sur les hydrocarbures, c’est « le problème de la concession ». « Vous donnez à une société étrangère, la possibilité d’exploiter comme elle veut, à son rythme, ad vitam Aeternam, une parcelle de terre », cela veut dire qu’on s’appartient plus, et d’une certaine façon « c’est un déni de souveraineté ».

« Nous n’avons pas de souveraineté sur notre loi des finances »

« Nous n’avons pas de vision du futur, en ce sens que, nous vivons au jour le jour. Nous indexons nos lois des finances comme d’habitude, sur la base du prix du baril de pétrole qui ne dépend pas de nous, mais, de l’OPEP, des américains et des Saoudiens », a expliqué Pr Chitour. « Nous n’avons pas de souveraineté sur notre loi des finances », déclare l’invité de la Chaîne III.

Notant que le déficit financier de l’Algérie se creuse d’année en année, se situant, cette année, autour des 68 à 70 milliards de dollars, l’intervenant observe que, d’ici 2021 à 2022, « nous serions à cours », le prix du baril de brut, prévient-il, ayant peu de chance de regagner des sommets pour permettre de rééquilibrer le budget.

Il constate, d’autre part, que si le pays en est arrivé à ces extrémités, c’est parce que, dit-il, il a perdu sa « faculté d’innovation » et de savoir faire, « bradés » à partir des années 80, notamment des suites des importations débridées, au détriment de la production nationale, pour, dit-il, « gagner la paix sociale ».

Selon lui, « il est impossible » d’être financièrement à l’aise, d’ici deux à trois années, avec comme finalité, prévient-il, un « retour au FMI » et ses conséquences de « négation du social ».

« Nous allons droit dans le mur »

Enfonçant le clou, Pr Chitour note que les hommes politiques « ne disent pas la vérité » aux Algériens, notamment en les prévenant que « nous allons droit dans le mur », que l’Etat vit au dessus de ses moyens et que nous avons une mentalité de pays riche, alors qu’on « n’invente rien ».

Commentant, par ailleurs, le projet de levée d’importation de véhicules de moins de 3 années, le professeur Chitour rappelle, qu’alors que le monde va vers une  « neutralité carbone », nous, « nous y allons ».

Tout comme l’erreur relative aux activités de montage de véhicules à demeure, dans lesquelles, rappelle-t-il, sont impliquées « 15 constructeurs », il aurait été préférable, selon lui, lui, d’avoir importé des véhicules en l’état qui auraient coûté 1,8 milliards de dollars, au lieu « des 3,5 milliards de dollars ».

La solution aurait consisté, commente-t-il, à mettre « tout à plat », à « définir une stratégie pour savoir où veut-on aller ». L’Algérien, ajoute-t-il, a d’abord besoin d’une politique des transports. Si des nationaux, poursuit-il, possèdent de 6 à 7 millions de véhicule, une grande majorité parmi eux attendent toujours qu’on veuille développer une telle politique.

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