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« La Présidentielle n’est pas de nature à résoudre la crise politique »

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« L’élection présidentielle du 12 décembre n’est pas de nature à résoudre la crise politique en Algérie », a affirmé Hasni Abidi, Directeur du Centre d’Études et de Recherche sur le monde arabe à Genève, dans un entretien publié ce jeudi 3 octobre 2019 sur les colonnes d’El Watan.

À ce propos, M. Abidi explique que «  le temps dont nous disposons est trop court pour assurer les conditions d’une compétition libre et transparente. C’est un délai contraignant pour permettre aux partis de faire émerger des candidats et des programmes à la hauteur des défis du moment. Il est évident que l’élection libre d’un Président est le seul moyen légitime pour abréger la vie politique de l’armée et lui épargner une exposition coûteuse ».

Interrogé sur un bilan à tirer de cette révolution citoyenne, M. Abidi a souligné que « tout bilan d’un soulèvement inédit dans ses formes et dans sa substance est prématuré. Il sera partiel dans la mesure où cette mobilisation ne cesse d’évoluer depuis sa naissance (…). Néanmoins, un bilan d’étape est possible pour savoir si la mobilisation citoyenne est parvenue à réaliser ses objectifs ou le moins une réponse aux attentes des citoyens ».

Il a indiqué que « le pouvoir est dans l’incapacité de comprendre la nature et l’ampleur du ras-le-bol des Algériens et leur résolution à tourner la page (…). En mettant une grande partie des figures politiques et oligarques en prison, le pouvoir donne raison au peuple. Il confirme que le système a failli ».

L’impact du mouvement citoyen sur le système

Évoquant l’impact du mouvement citoyen sur le système, le chercheur estime que « le système est largement touché. C’est un système épuisé qui tente de faire face à une demande populaire de rupture avec des instruments du passé. Le système politique perdure parce qu’il est d’abord une pratique de pouvoir qui dure depuis des décennies, mêlée à une conception horizontale et autoritaire ».

Il explique que « des pans entiers de la société et du pouvoir sont biberonnés à la rente, perçue comme le socle du pouvoir. Remplacer la rente par une légitimité démocratique n’est ni une idée séduisante ni un projet qui fait rêver. Avec un civisme exemplaire, la mobilisation algérienne a réalisé un miracle. Celui de convaincre le système de se séparer de la moitié de sa composante désormais en détention ».

Questionné pour savoir si le pays est dans une la période de transition, M. Abidi a indiqué que « le pouvoir esquive la transition parce qu’elle mène à son départ et non pas à sa mise à jour, mais, in fine, il est rattrapé par une configuration d’une transition sans s’assurer de l’issue démocratique de cette transition ».

Il a ajouté que « l’Algérie est à un moment charnière de son l’histoire : assumer une transition négociée ou s’enfoncer dans le déni. Le peuple est déjà dans une logique de transition depuis le 22 février. Il est plus sage de la mener avec le pouvoir car la transition est une négociation permanente, animée par la recherche du compromis ».

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