En réclamant des élections anticipées, Matteo Salvini a fait éclater la coalition populiste instaurée il y a 14 mois avec son allié du Mouvement 5 Etoiles et provoqué une crise à l’issue incertaine. « Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu’il n’y a plus de majorité (…) et restituons rapidement la parole aux électeurs. » Matteo Salvini, l’homme fort du gouvernement italien et chef de la Ligue, a réclamé jeudi des élections anticipées. « Il est inutile d’aller de l’avant avec des « non » et des disputes, comme ces dernières semaines, les Italiens ont besoin de certitudes et d’un gouvernement qui travaille », a ajouté le vice-Premier ministre de la Ligue (extrême droite) dans un communiqué, diffusé après une série de rencontres entre dirigeants politiques.
La crise au sein de la coalition a été déclenchée par le dernier vote de la session parlementaire sur la ligne Lyon-Turin, mercredi. Le Mouvement 5 Etoiles (antisystème) s’est retrouvé à voter tout seul une motion contre cette liaison franco-italienne à grande vitesse, tandis que la Ligue apportait son soutien à deux motions de l’opposition en faveur du projet.
La tension entre les deux ex-alliés gouvernementaux, la Ligue et le M5S, couvait cependant depuis de longues semaines, plus spécialement depuis les élections européennes qui se sont traduites par un triomphe de la Ligue et un échec cuisant pour le Mouvement. Les Européennes ont vu la Ligue pulvériser toutes les prévisions obtenant plus de 34 %, soit environ le double du M5S, tombé à 17 % environ.
Depuis ce scrutin, tous les observateurs italiens se demandaient combien de temps Matteo Salvini allait accorder au gouvernement de Giuseppe Conte avant de le faire chuter, fort de sondages qui le donnaient à 36/38 % des intentions de vote, voire plus, lui permettant potentiellement de gouverner presque seul, ou avec l’appui déjà acquis d’avance du parti néo-fasciste Fratelli d’Italia.
Jeudi, toute la journée, des consultations ont eu lieu entre le chef du gouvernement Giuseppe Conte et le président Sergio Mattarella et entre Conte et Salvini. Luigi di Maio, l’autre vice-Premier ministre et chef de file du M5S est resté enfermé à « travailler », dans son bureau du Palais Chigi, le siège du gouvernement, sans être convié aux discussions.
Et si les crises politiques en Italie ne se produisent généralement jamais en été, encore moins en plein mois d’août, Matteo Salvini a estimé, ce jeudi, que cela n’avait pas d’importance. « Les vacances ne peuvent pas être une excuse pour perdre du temps et les parlementaires peuvent revenir travailler la semaine prochaine, comme le font des millions d’Italiens, à moins qu’ils ne veuillent sauver leurs privilèges », a conclu le chef de la Ligue.
Selon l’agence AGI, le Sénat pourrait se réunir le 20 août pour décréter la fin de la majorité gouvernementale et le Parlement pourrait être dissous quelques jours plus tard. Selon la Constitution italienne, de nouvelles élections devraient alors être convoquées dans un délai de 50 à 70 jours.
Afp