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Saïd Sadi : la désobéissance civile signifie « le rejet du coup d’Etat constitutionnel »

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Saïd Sadi, ancien président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) s’est exprimé sur le nouveau mot d’ordre du « Hirak » : la désobéissance civile, slogan scandé vendredi dernier à Alger, lors de la 24è mobilisation contre le régime en place.

Pour Saïd Sadi, « l’appel à la désobéissance civile, amplifié par la rue dernièrement, affole les rentiers symboliques ou physiques du système. Cette perspective signifie le rejet du coup d’Etat constitutionnel imposé au peuple depuis le 9 juillet ».

« Il signifie aussi une émancipation systémique débouchant mécaniquement sur une rénovation nationale. Les réactions, souvent maladroites et à l’occasion obscènes, par lesquelles ont réagi les pensionnaires, avoués ou honteux, du sérail donnent la mesure des enjeux », a-t-il indiqué.

Saïd Sadi met en garde contre une mauvaise compréhension de la désobéissance civile qui « impliquerait la violence et l’anarchie », en rappelant que « certains n’ont pas hésité à assimiler la révolution en cours, dynamique pacifique s’il en est, à l’insurrection du FIS de 91, commencée par le vitriolage des femmes et terminée dans les boucheries du GIA. La comparaison est pour le moins maladroite ».

Il a souligné, dans ce sens, que « refuser collectivement de s’acquitter d’une taxe ou décider d’un commun accord de ne pas répondre à une convocation émanant d’une justice instrumentalisée par un pouvoir constitutionnellement illégal depuis le 9 juillet et illégitime depuis toujours peut être, au contraire, une bonne façon de canaliser l’exaspération provoquée par le refus de répondre aux revendications populaires, les arrestations arbitraires, la censure… ».

Pour Saïd Sadi, « c’est même la meilleure façon d’éviter les dérapages incontrôlés qui serviraient de prétexte à l’instauration de l’état d’urgence si tant est que l’actuel chef de l’armée cherche, encore, à s’encombrer de précautions constitutionnelles, lui dont le viol de la loi fondamentale est désormais une seconde nature ».

« Deuxième supercherie dont on a de la peine à croire qu’elle ne soit pas commise de façon délibérée : la grève générale, qui peut même durer une demi-journée, est abusivement assimilée à une grève illimitée dont les effets délétères sur les producteurs comme les consommateurs n’échappe à personne », a-t-il soutenu.

L’ancien président du RCD a indiqué que « les auteurs de ces bocardages oublient que l’on est déjà en désobéissance civile. Toutes les marches non déclarées et qui drainent des millions de citoyens depuis des mois sont autant de désobéissances civiles ».

Saïd Sadi a rappelé, avec sarcasme et ironie, aux démocrates qu’il qualifie d’ « occasionnels », que « le printemps amazigh est devenu la pierre angulaire de l’édifice des luttes démocratiques nationales après une grève générale lancé un certain 16 avril 1980 ».

Et d’ajouter : « Une désobéissance civile dénoncée à l’époque comme une provocation de l’aile réactionnaire du pouvoir qui voulait « remettre en cause les acquis de la révolution »…par des contempteurs dont certains font partie de ceux qui s’étranglent aujourd’hui contre « l’outrecuidance » de la rue qui ose définir ses échéances tactiques sans tutelle ni marchandage ».

« Virtualité étatique depuis de 9 juillet »

« Nous sommes en situation de virtualité étatique depuis le 9 juillet. Nous vivons en instabilité politique chronique depuis des décennies. Jusqu’à la révolution du 22 février, la société était en phase de décomposition avancée. Enfin et, depuis bien longtemps, l’Algérie est en état de disqualification internationale consommée », a-t-il rappelé.

L’ancien président du RCD a souligné que « plus grave, pour les orphelins de la rente, pupilles privilégiées ou victimes du syndrome de Stockholm, dans son écrasante majorité, le peuple qui réclame « un Etat civil et non militaire » ne veut ni d’une alternance clanique ni d’un lifting du pouvoir ni d’un accommodement systémique ».

Saïd Sadi estime que « plus tôt sera engagée la transition, moins coûteuse et moins laborieuse elle sera. Des experts redoutent, en effet, que la crise économique et sociale qui arrive précipite le changement dans des conditions chaotiques ».

Il a indiqué que « pour l’instant, le chef d’état-major de l’armée, comme ses clients en civil, assure vouloir « accompagner » les marcheurs. Quitte à faire l’inverse de ce qui porte les foules depuis plus de cinq mois. Le premier encercle la capitale pour tronçonner les marches, arrête les manifestants et vitupère contre « les traîtres à la nation », les seconds tentent des dilutions conceptuelles ou des rabotages syntaxiques, espérant contenir le cours de la révolution dans les méandres d’un système qui est leur liquide amniotique ».

Pour le fondateur du RCD, « une seule et unique manœuvre peut encore permettre leur sauvetage : la présidentielle. Encore faudrait-il pouvoir la faire endosser à la révolution ».

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