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Accord d’association avec l’UE: le cadeau empoisonné de Bouteflika

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Le pire des cadeaux empoisonnés que le président déchu Abdelaziz  Bouteflika a laissé à l’Algérie est sans conteste, la signature, sans aucune étude sérieuse préalable, de l’accord d’association à la zone de libre échange euro-méditerranéenne.

Conclu à une période d’aisance financière créée par le boum extraordinaire des cours du pétrole du début des années 2000, cet accord scellé beaucoup plus pour renforcer le prestige international du très narcissique président algérien, sera beaucoup plus utile aux européens (notamment la France) qu’à l’Algérie, qui avait beaucoup plus intérêt à renforcer son outil de production qu’à importer des produits qu’elle savait fabriquer sur place. Il avait ainsi ouvert la voie à un raid commercial comme l’Algérie n’en avait jamais connu dans son Histoire.

En à peine quelques années de mise en œuvre, l’Europe allait en effet siphonner pratiquement toutes ses recettes d’hydrocarbures qui caracolaient, bon an, mal an, entre 75 et 80 milliards de dollars. Le gain facile résultant des importations de marchandises destinées à la vente en l’état, les gains substantiels tirés des surfacturations ont engendrées des comportements rentiers qui ont beaucoup nuis aux entreprises de productions algeriennes qui se mirent à fermer ou, comme ce fut souvent  le cas, ou à changer d’activité pour devenir des sociétés de négoce uniquement tournées vers l’importation lucrative de biens et services.  Plus de 50.000 sociétés d’ « import-import » naquirent ainsi dans le sillage de ce juteux accord d’association qui mettra, quelques années plus tard, l’économie algérienne à genoux.

L’ouverture du marché algérien a, en effet, été décidée dans la précipitation, sans aucune mesure de sauvegarde contre l’offensive programmée de pays européens, mieux organisés et outillés, pour produire et exporter, quitte à déroger à certains principes moraux. Au seul avantage des pays exportateurs, cette subite baisse de la protection du marché algérien, va engendrer un boum sans précédent des importations englobant toutes les catégories de  marchandises et services. Le tissu industriel algérien, déjà très faible, sera progressivement laminé. La baisse des tarifs douaniers appliquée à des milliers de produits industriels causera un déclin sans précédent de nos recettes douanières  et des pertes considérables de parts de marché pour nos entreprises de production. Conséquence encore plus grave, elle boostera la prolifération de marchés informels et l’expansion de la contrefaçon.

 En effet, apparu à l’aune des pénuries des années 80 sous l’appellation de « trabendo », le secteur économique informel sortira brusquement du bricolage à la faveur de cet accord, pour s’ériger, au gré du temps, en  économie prospère ayant ses propres codes de conduites, mêlant débrouillardise et pratiques mafieuses. Sa puissance financière est aujourd’hui telle, qu’elle met en péril, non seulement, les entreprises activant dans la légalité, mais également, les donneurs d’ordres (hommes politiques, fonctionnaires) qu’ils arrivent à corrompre.

Dans une de ses études consacré au marché algérien, a Banque Mondiale a, à juste raison, classé l’informel, la contrefaçon et la corruption aux premiers rangs des obstacles qui dissuadent les investisseurs  à s’installer en Algérie. Ces fléaux sont en effet, venus assombrir encore d’avantage le climat des affaires qui n’était déjà guère brillant. La situation a de quoi inquiéter, car il s’agit là de trois facteurs susceptibles de torpiller à eux seuls le développement économique et social d’une nation, en ce sens qu’ils créent des effets  discriminants  au détriment des entreprises qui souhaitent activer dans la légalité. Il y a de ce fait un vrai problème pour l’émancipation des entreprises et, notamment, celles dont l’objectif est de produire localement des biens et services. L’économie informelle constitue effectivement, un épouvantail pour le secteur privé, le secteur public ne se sentant pas toujours tenu de réaliser des exploits en termes de compétitivité. Les dysfonctionnements qu’elle charrie ont pour effet de soumettre l’ensemble des opérateurs économiques aux inerties de la bureaucratie, voire même, aux comportements mafieux. C’est pourquoi, toutes les études font, depuis quelque temps, de la réduction du champ de l’économie informelle, une des conditions majeures d’assainissement de la machine économique.

Autant de questions essentielles à résoudre dans le cadre du processus de transition vers l’économie de marché, mais qu’on a délibérément évité d’affronter durant tout le règne d’Abdelaziz Bouteflika, qui en était pourtant à l’origine. Dénoncer cet accord qui a livré, pieds et poings liés, le marché algérien aux européens figurera, sans aucun doute, parmi les décisions souveraines, que le prochain chef d’Etat algérien, issu espérons-le  du processus révolutionnaires en cours, devra obligatoirement prendre pour sauvegarder une économie rentière, minée par l’informel et entièrement dépendante des recettes d’hydrocarbures.

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