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Ouverture du « Davos russe » à Saint-Pétersbourg : Poutine cherche à attirer des investisseurs

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Vladimir Poutine, confronté à un essoufflement économique et une baisse de popularité, a assuré jeudi que la Russie avait besoin des investisseurs étrangers, échaudés par plusieurs arrestations.

Surnommé le « Davos russe » en temps de boom économique, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg a été assombri ces dernières années par les sanctions occidentales, auxquelles s’ajoute cette année l’affaire Baring Vostok, fonds d’investissement majeur dont des dirigeants sont poursuivis par la justice.

Vladimir Poutine s’y implique personnellement, avec un programme chargé de rencontres avec des dirigeants étrangers et des représentants des milieux d’affaires, pour montrer que la Russie n’est pas isolée et reste ouverte aux investisseurs internationaux malgré le contexte difficile.

Signe de la priorité décidée par Moscou, l’invité d’honneur du forum est le président chinois, Xi Jinping, qui doit s’y exprimer vendredi avec M. Poutine et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Afin de diversifier l’économie et la rendre plus innovante, « il est clair que nous comptons avant tout attirer des investissements, nationaux et étrangers », a reconnu Vladimir Poutine lors d’une réunion avec les responsables d’agences de presse, dont l’AFP.

Il s’est montré aussi conciliant sur plusieurs dossiers internationaux, notamment avec les Européens, assurant que ce n’était pas « un problème » de ne pas être invité aux cérémonies du 75e anniversaire du Débarquement ou appelant à « tourner la page » de relations très difficiles avec Londres. Il est resté par contre ferme dans ses critiques vis-à-vis des Etats-Unis, qui boudent le forum, sur le Venezuela ou sur le désarmement, avertissant que la Russie est prête à laisser expirer en 2021 le traité nucléaire START.

La Russie a grand besoin d’argent privé pour atteindre les objectifs affichés par Vladimir Poutine au début de son quatrième mandat, avec des ambitieux « projets nationaux » qu’il s’agit désormais de financer, malgré le climat des affaires tendu.

Le coût de ces projets – déclinés en 12 catégories, dont la santé et les infrastructures – approche les 400 milliards de dollars d’ici à 2024, dont 115 milliards doivent venir d’investissements privés, russes ou étrangers. Ces projets sont essentiels car l’économie russe a fortement ralenti en début d’année. Elle avait renoué avec la croissance en 2017 après deux ans de récession causée par la chute des cours du pétrole et les sanctions liées à la crise ukrainienne.

Ce signal est jugé inquiétant au moment où la popularité de Vladimir Poutine chute en raison de mesures impopulaires mais présentées comme nécessaires, comme le relèvement de l’âge de la retraite ou la hausse de la TVA. « Si nous ne faisons rien, nous pouvons entrer en récession d’ici 2021 », a averti le ministre de l’Economie, Maxime Orechkine, citant les risques liés à « la bulle des crédits à la consommation ».

Le président de la Cour des Comptes, Alexeï Koudrine, voix très écoutée des milieux d’affaires, a averti que l’objectif du Kremlin de dépasser 3% de croissance annuelle ne serait pas atteint sans « réformes structurelles suffisamment énergiques ». Il a cité le système judiciaire, mis en cause pour avoir arrêté des investisseurs du fonds Baring Vostok pour une affaire relevant, a priori, du différend commercial.

L’arrestation et le placement en détention préventive en février de son respecté cofondateur, l’Américain Michael Calvey, et son collègue français, Philippe Delpal, a jeté un froid dans les milieux d’affaires.

Si Michael Calvey est aujourd’hui assigné à résidence, Philippe Delpal reste en détention. Soupçonnés d’être à l’origine d’une fraude d’au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d’euros), ils clament leur innocence. L’affaire a constitué un « choc pour l’économie » et contribué à doubler les fuites de capitaux de Russie, mal récurrent de l’économie russe, depuis le début de l’année, a averti Alexeï Koudrine, regrettant l’absence de « règles stables ».

Alexis Rodzianko, président de la Chambre de commerce américaine en Russie, a indiqué avoir invité M. Calvey à assister à une rencontre entre les chefs d’entreprise russes et américains vendredi mais un tel déplacement nécessite l’aval de la justice.

En signe de protestation face aux poursuites lancées contre Michael Calvey, l’ambassadeur des Etats-Unis, Jon Huntsman, boude le forum cette année. La délégation américaine, traditionnellement une des plus importantes, devrait néanmoins rester fournie. « Il est grave pour nos intérêts économiques que les Etats-Unis et l’Europe cèdent des parts de marché à la Chine à cause du conflit géopolitique avec la Russie, c’est un vrai problème », a indiqué Alexis Rodzianko à l’AFP. Mais le message selon lequel la Russie « n’a pas besoin de l’Occident, des Etats-Unis, c’est un voeu pieux », ajoute-t-il.

Afp

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