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Le Hirak enterre l’élection du 4 juillet: Espoir d’un dialogue constructif avec l’armée

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Elle était inscrite dans la logique des événements politiques qui secouent le pays depuis l’avènement du Hirak qui avait obtenu l’abandon du 5ième mandat et la démission d’Abdelaziz Bouteflika, mais l’état major de l’armée a vite fait obstacle à la volonté du peuple insurgé, en faisant valoir l’article 102 de la constitution de 2016. Une démarche bourrée d’arrières pensées consistant à reprendre le processus électoral sous l’autorité d’un chef d’état intérimaire et d’un gouvernement hérités du régime de Bouteflika. Une démarche qu’ont évidemment rejetés les manifestants depuis leurs premières sorties hebdomadaires en optant pour les articles 7 et 8 de cette même constitution qui accorde clairement au peuple algérien l’entière souveraineté en matière de prise en charge de son destin politique.

Plus de trois mois ont ainsi été inutilement perdus en raison de cette démarche imposée d’autorité par le chef d’état major de l’armée Ahmed Gaid Salah, qui n’a jamais voulu sortir de cette voie en dépit de son échec prévisible. Un échec aujourd’hui largement consommé depuis hier. En effet depuis le 25 mai dernier, date limite de dépôts des candidatures au Conseil constitutionnel, le constat est en effet  sans équivoque : Il n’y a pas un seul des 74 candidats recensés par le ministère de l’intérieur qui a accepté de participer au prochain scrutin présidentiel. C’est à l’évidence une grande victoire pour le peuple algérien qui manifeste depuis 14 vendredi et jours de semaines, pour que ce rendez-vous électoral n’ait pas lieu et que la transition soit confiée à des personnalités qu’il aura lui même désignées. Tous les candidats au scrutin du 4 juillet se sont effectivement retirés de la course  pour diverses raisons, mais sans doute encore plus, parce qu’ils n’ont pas réussi à recueillir les parrainages exigés par la loi électorale en vigueur (60.000 signatures de citoyens ou 600 parrainages d’élus). Il n’y aura donc pas de dépôts de candidatures au Conseil Constitutionnel qui, de ce fait, sera officiellement sensé le constater au moyen d’une conférence de presse ou d’un communiqué attendu d’un moment à l’autre. Sans candidats officiels à l’élection, ni même de commission de surveillance électorale exigée par la loi, le scrutin du 4 juillet peut donc être considéré comme mort et enterré.

La question qui, dés lors se pose, est de savoir quelle sera la suite des événements. Annulation « sine die » du scrutin présidentiel,  suivie de la démission du chef de l’Etat par intérim, du premier ministre et du conseil constitutionnel, où seulement report de l’élection à une autre date en conservant ces mêmes hommes et institutions dont le peuple ne veut pas et ne voudra jamais. La constitution ne prévoyant aucune de ces alternatives, il est fort probable que l’état major de l’armée recentre le jeu en revenant aux articles 7 et 8 de la constitution qui, comme on le sait, accorde la pleine souveraineté au peuple pour gérer son destin. L’état major de l’armée devrait abandonner sa démarche autoritaire pour enfin engager un dialogue franc et honnête avec des représentants du Hirak démocratiquement désignés à l’effet d’organiser du mieux possible et sous sa protection, les différentes étapes de cette transition devant conduire à l’avènement d’une nouvelle république. Obligation donc pour l’état major de l’armée d’aller vers la solution politique que les algériens réclament en masses, depuis le départ forcé d’Abdelaziz Bouteflika. Et c’est précisément ce que les manifestants et la classe politique attendent de la prochaine prise de parole du chef d’état major, avec l’espoir que ce dernier fasse passer l’intérêt supérieur de la Nation au dessus de toutes autres considérations subjectives. A défaut les choses pourraient se compliquer avec le risque de devenirs ingérables.

Outre l’appel au dialogue adressé à Ahmed Gaid salah par d’imminentes personnalités politiques, l’espoir de trouver des interlocuteurs légitimes et compétents vient subitement de naître de l’ouverture, ce samedi 25 mai à Alger, d’une conférence à caractère politique préparée de longue date par de nombreuses organisations de la société civile. Cette importante réunion regroupe une centaine d’organisations nationales (une vingtaine de syndicats autonomes dont 13 sont structurés autour de la puissante confédération de syndicats algériens-CSA-, de nombreuses associations de la société civile, des ONG de droits de l’Homme, des leaders d’organisations estudiantines, des représentants de notre émigration, des partis politiques, des intellectuels, des professeurs d’universités, des journalistes et des personnalités bien connues des algériens). Réunis pour trouver des solutions politiques à l’après Bouteflika, les participants à cette conférence nationale de consultation, ont la particularité de pouvoir mobiliser des millions de citoyens en cas d’entraves qui pourraient surgir de divers cercles du pouvoir hostiles aux mutations politiques exigées par les algériens. Rien n’ayant encore filtré de cette rencontre, nous sommes dans l’attente des résolutions qui seront prises car c’est d’elles que pourrait en partie dépendre, l’avenir de cette magnifique révolution populaire qu’est le Hirak.

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