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La messagerie cryptée WhatsApp infectée par un logiciel espion

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WhatsApp, l’application de messagerie cryptée détenue par Facebook, a admis mardi avoir été infectée par un logiciel espion donnant accès au contenu des smartphones, une attaque qui semble avoir ciblé particulièrement des militants des droits humains.

Une faille de sécurité – dévoilée par le Financial Times, et résorbée dans la dernière mise à jour de WhatsApp – a permis à des pirates d’insérer un logiciel malveillant sur des téléphones, simplement en appelant les usagers de l’application, utilisée par 1,5 milliard de personnes dans le monde. Il s’agit en outre d’un nouveau déboire pour sa maison-mère Facebook, déjà aux prises avec des critiques incessantes sur la protection des données personnelles.

WhatsApp, qui affirme avoir découvert début mai l’attaque informatique, a appelé mardi les usagers à « télécharger la dernière version de notre application, et à mettre régulièrement à jour celle du système d’exploitation de leur téléphone » pour éliminer la faille, qui a pu permettre l’accès aux contacts, messages, photos…

Les pirates ont aussi activé grâce à cette faille micro et caméra pour écouter ou visualiser l’environnement des propriétaires des appareils Apple ou Android (Google) ciblés, sans qu’ils s’en rendent compte.

Le logiciel espion ressemble fort au programme Pegasus, mis au point par une société israélienne bien connue des services de renseignement de différents pays, NSO Group, a expliqué à l’AFP Joseph Hall, expert au sein de l’ONG américaine Center for Democracy and Technology.

NSO Group a une réputation sulfureuse et est accusée d’aider des gouvernements, du Moyen-Orient au Mexique, à épier des militants et des journalistes. Pegasus donne à ses clients l’accès à diverses fonctionnalités des appareils piratés.

Amnesty International avait d’ailleurs rappelé lundi dans un communiqué qu’un de ses employés avait été visé par Pegasus l’été dernier après avoir reçu un « message suspect » en arabe via WhatsApp. Elle avait déjà alerté publiquement sur ce problème en août 2018.

La célèbre ONG a dit aussi lundi se joindre à une action en justice en Israël destinée à faire annuler la licence d’exportation de NSO. Elle estime que d’autres militants des droits humains dans le monde ont aussi été visés par Pegasus mais aussi le journaliste saoudien critique de Ryad, Jamal Khashoggi, assassiné en octobre 2018, ce que dément fermement NSO.

Selon la chaîne américaine CNN mardi, un avocat londonien, spécialisé dans les droits humains, a lui aussi été visé très récemment via WhatsApp. Ironie du sort, WhatsApp est souvent considérée comme particulièrement sûre car les communications sont cryptées : personne en dehors des interlocuteurs n’est censée pouvoir avoir accès aux contenus.

Du coup, « ce genre d’applications » cryptées a « tendance à accumuler les données les plus sensibles que les gens ont besoin de protéger », relève Joseph Hall.

Le logiciel espion est sophistiqué et « n’a pu être utilisé que par des acteurs extrêmement déterminés », selon WhatsApp, qui assure qu’un « nombre limité d’utilisateurs ont été ciblés ». Mais « cette attaque a toutes les empreintes d’une entreprise qui travaille avec de nombreux gouvernements dans le monde », a ajouté la messagerie américaine sans nommer l’entreprise en question. Alors que tous les regards se tournent vers NSO, la société basée à Herzliya, au nord de Tel-Aviv, dans la « Silicon Valley » israélienne, celle-ci a affirmé que sa technologie était « commercialisée par l’intermédiaire de licences à des gouvernements dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme ».

En Europe, WhatsApp a informé le régulateur irlandais d’une « sérieuse faille de sécurité », et averti les autorités américaines et des ONG du problème, sans donner toutefois de chiffre sur le nombre d’utilisateurs concernés ou visés.

Facebook, qui a racheté WhatsApp en 2014 pour 22 milliards de dollars, est précisément vilipendé partout dans le monde pour ne pas protéger assez les données personnelles de ses usagers ; et les scandales autour de « partages » de données avec des entreprises tierces mais aussi de failles de sécurité se multiplient. Facebook a ainsi admis avoir stocké de façon non cryptée les mots de passe de centaines de millions d’usagers du réseau et de sa filiale Intagram.

A l’automne 2018, Facebook avait révélé avoir décelé une faille ayant permis à des pirates informatiques d’accéder à des données personnelles de quelque 29 millions d’usagers.

Sous pression, le groupe a même promis récemment de faire la part belle aux messageries cryptées pour plus de sécurité, promettant de crypter sa plateforme Messenger comme l’est WhatsApp.

Afp

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