L’Algérie connaît, depuis le 22 février dernier, un mouvement de protestation contre le régime en place, réclamant plus de liberté, de démocratie et de justice. Si la transition, l’élection présidentielle et la vague d’arrestations qui touche les milieux d’affaires et politique occupent le devant de la scène médiatique, un seul sujet reste très peu évoqué : l’impact du « Hirak » sur le secteur gazier et pétrolier.
A ce propos, M. Francis Perrin, expert international en énergie, a souligné, dans un entretien accordé au quotidien Liberté, que « les industriels du secteur de l’énergie ont une vision à moyen et long terme et pas seulement à court terme. Ils sont, par ailleurs, habitués à travailler dans de nombreux pays avec des degrés très variables de risque politique », précisant que « ces investisseurs suivent, évidemment, de près l’évolution de la situation politique en Algérie, mais ils ne s’arrêtent pas de travailler pour autant ».
Questionnée sur le contexte politique actuel sur les investisseurs étrangers, M. Perrin a indiqué : « il est, certes, parfaitement exact que les compagnies pétrolières internationales (CPI) ne se bousculaient pas en Algérie, car plusieurs d’entre elles estimaient que le pays devait améliorer son attractivité économique », selon le même média.
Toutefois, l’expert en énergie a expliqué que « beaucoup de rumeurs circulent et beaucoup sont complètement fausses, telles que celles faisant état du départ d’ExxonMobil. Cela dit, les CPI, comme tous les investisseurs, n’aiment pas l’incertitude ».
Election présidentielle et les choix économiques et énergétiques
Abordant la tenue des élections présidentielles prévues pour le 4 juillet prochain et les orientations économiques et énergétiques, notamment la réforme de la loi sur les hydrocarbures, M. Perrin explique que « de telles réformes supposent un pouvoir qui soit reconnu comme légitime par la population car les enjeux sont très importants ».
Il a souligné qu’ « au regard de la superficie et du potentiel de l’Algérie, il serait logique d’avoir un niveau d’exploration nettement plus élevé alors que cette activité est très majoritairement assurée par Sonatrach », ajoutant « pour renforcer l’implication des CPI dans l’exploration en Algérie, il faut de la stabilité politique, mais aussi une amélioration de l’attractivité économique du pays », selon le même média.
L’Algérie et l’OPEP
Interrogé sur l’impact de la situation actuelle sur la production pétrolière et sur le rôle de l’Algérie dans l’OPEP, M. Perrin a indiqué que « l’Algérie vit un moment révolutionnaire mais remarquablement pacifique, avec des manifestations dans de nombreuses villes mais personne n’occupe des sites d’exploitation pétrolière et gazière dans le Sahara ».
Il a rappelé, dans le même entretien, que « Sonatrach et les CPI impliquées dans la production de pétrole et de gaz continuent à travailler. En termes de production, le principal défi pour Sonatrach, c’est celui de l’exportation des hydrocarbures. S’il y a moins de demande à l’étranger, cela a forcément un impact négatif sur la production ».
Pour ce qui est de l’Opep, « il n’y a pas d’impact particulier », explique l’expert en énergie, en précisant que « pour l’Opep, les principaux problèmes aujourd’hui ne sont pas l’Algérie, mais les sanctions américaines contre l’Iran, l’effondrement du Venezuela, les rivalités entre l’Arabie saoudite et l’Iran, la montée en puissance de la production de pétrole non conventionnel aux États-Unis, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et la croissance économique mondiale notamment », selon la même source.