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L’association internationale pour le développement (IDA) propose des solutions pour aller vers de meilleurs emplois en Afrique

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Entre 2020 et 2035, la population active mondiale progressera de 620 millions d’individus. L’Afrique subsaharienne fournira la moitié de cet effectif tandis que l’Asie y contribuera à hauteur de 38%. L’association internationale pour le développement (IDA) s’est lancée dans un diagnostic de l’environnement de l’emploi à travers le monde. Dans son rapport “Pathways to better jobs” elle a relevé les challenges qui minaient l’accès à de meilleurs emplois. Elle est parvenue à déterminer 22 indicateurs clés répartis à travers trois groupes de critères relevant des enjeux macroéconomiques, de la demande d’emplois et l’offre d’emplois.

Un problème de sous-emploi, plutôt que de chômage : L’Afrique noire devra créer 11,4 millions d’emplois par an jusqu’en 2020 et ensuite 11,6 millions d’emplois annuel jusqu’en 2030. Le défi pour le continent, du point de vue démographique, est d’assurer une transition vers le monde de l’emploi pour ses jeunes tout en menant une politique de contrôle de la fertilité pour enclencher sa transition démographique.  L’autre défi à relever est le ralentissement de la productivité dans les pays ayant une population jeune. Car, si la croissance de l’emploi dans les pays à population jeune est supérieure de quatre fois à celle affichée par les pays dont la population est plus âgée, la productivité de ces derniers est deux fois plus importante que dans les pays à population jeune.

Selon le document de l’IDA, le principal défi pour les pays à faible revenus n’est pas le chômage, mais le sous-emploi. 40% de la main d’oeuvre dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires travaille moins de 35 heures par semaine. Néanmoins, un tiers de cette main d’oeuvre travaille plus de 45 heures par semaine, ce qui tend à s’expliquer par une faible productivité qui la contraint à travailler plus longtemps. Autre enjeu majeur : la croissance économique ne se traduit pas systématiquement par la création et la distribution harmonieuse d’emplois en adéquation avec les besoins. Ainsi, si les niveaux d’emplois (formels comme informels) tendent à suivre la croissance de la population active, ils ne se traduisent pas par une haute intensité du travail, et des gains de productivité. Or, explique l’IDA, les gains de productivité sont le principal moteur de la croissance du produit intérieur brut (PIB). 

Sortir de l’agriculture, tout en y restant : Pour réaliser ces gains de productivité, les pays à faibles revenus doivent viser une transformation économique passant par la redirection de la main d’oeuvre du secteur agricole vers les secteurs de l’industrie et des services qui permettent une meilleure productivité. Cette redirection ne sera possible néanmoins que si ces pays améliorent la productivité… de leur agriculture. En effet, expliquent les experts, une hausse de la productivité agricole tend à accélérer la mobilité de la main d’oeuvre hors de ce secteur, tout en ayant un impact positif sur la croissance.  

La transformation des économies des pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires est également limitée par la prévalence de l’auto-emploi à faible productivité et la domination des activités de service sur les activités industrielles. En effet, durant des épisodes favorables, la croissance annuelle moyenne de l’emploi dans le secteur des services est supérieure de 37% à celle constatée dans l’industrie. L’autre facteur à prendre en compte dans le processus de transformation des économies des pays à faible revenus est l’urbanisation. Celle-ci doit mettre un accent particulier sur les villes secondaires. En effet, ces dernières absorbent le double de la croissance urbaine enregistrée par les villes principales.

En profitant de l’effet d’agglomération, les pays peuvent booster leur croissance en résolvant les problèmes liés à la vie en milieu urbain et faire de la ville un pôle d’attraction des compétences.

L’emploi salarié constitue également un déterminant de la transformation économique. Dans les pays dont le PIB/habitant est inférieur à 600 $, il représente 20% du total des emplois, contre 63% dans les pays à revenus intermédiaires. L’emploi salarié présente une importance capitale car il tend à remplacer l’auto emploi qui est généralement informel.  A ce niveau, si les micro-entreprises (<10 personnes) constituent le gros des entreprises dans le pays à faible revenus, ce sont les grandes entreprises (> 100 personnes) qui sont les principaux fournisseurs d’emplois salariés dans le secteur privé. Ils paient des salaires plus élevés. Les micro-entreprises parviennent à survivre mais rencontrent des difficultés à se développer, même après plus de 10 ans d’existence. De ce fait, elles créent peu d’emplois salariés. Le secteur public reste quant à lui le principal fournisseur d’emplois salariés dans les pays à faible revenus. Il concentre jusqu’à 45% de toute la main d’oeuvre salariée dans ces pays.

Un effort sur la qualité autant que la quantité : Selon l’IDA, les pays à faible revenus n’ont pas besoin que d’emplois, ils ont besoin de meilleurs emplois. Un accent doit donc être mis sur l’augmentation de la productivité du secteur agricole, un soutien à la commercialisation des produits agricoles et l’amélioration des chaines de valeurs.  Les Etats doivent inciter à la création d’emplois salariés à haute productivité dans des secteurs à haute intensité de main d’oeuvre. Ils doivent en outre favoriser l’intégration de ces firmes dans les chaînes de valeurs. Les dirigeants doivent également prioriser l’investissement dans les villes secondaires afin de favoriser la création de d’emplois hors-agriculture, à proximité des zones rurales.

Toute stratégie de développement de l’emploi doit viser les secteurs à haute intensité de main d’oeuvre et permettre aux entreprises présentes dans ces secteurs de donner la priorité aux jeunes. Enfin, il faudra améliorer les conditions de la frange importante de la population qui survit grâce à l’auto-emploi. L’une des principales recommandations du rapport est un changement dans la façon dont les populations actives travaillent actuellement. Cela peut passer par une augmentation des heures travaillées, par une hausse de la productivité, par un changement de localisation géographique, de secteur d’activité ou par une transition de l’auto-emploi vers un emploi salarié. Une transformation économique est possible si les décideurs politique offrent ces options aux travailleurs ou s’arrangent pour les débarrasser des obstacles qui les empêchent d’aller dans ces directions.

Une autre solution pour les pays faisant face à un excès de travailleurs peut être de jouer sur le curseur de l’intensité du travail. Ceci peut être réalisé par le renforcement des capacités, le développement des infrastructures, de la logistique pour des secteurs à haute intensité de main d’oeuvre et l’intégration de ces secteurs dans les chaines de valeurs. Si le chemin vers de meilleurs emplois passe par des activités économiques plus productives, il faudra donc veiller à créer un environnement macroéconomique sain et un climat des affaires favorable. Mais ces efforts ne seront pas suffisants sans l’amélioration de la connectivité pour les travailleurs et la réduction des contraintes à la mobilité (comme un environnement urbain insalubre). Dans les pays à faibles revenus cette connexion des travailleurs à des secteurs d’activité plus modernes peut accorder un avantage énorme car le coût d’opportunité est faible.

Ecofin

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