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Entre 1000 et 1500 le nombre de sociétés créées en Suisse pour «siphonner l’argent algérien», estime Me Lachemi Belhocine

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L’avocat établi à Fribourg en Suisse, Me Lachemi Belhocine, a estimé à 1000 et 1500 le nombre de sociétés créées en Suisse par des caciques du régime en Algérie pour «siphonner l’argent algérien» en éditant des factures, a rapporté lundi 29 avril 2019, le journal la tribune de Genève.

Selon l’avocat fribourgeois qui traque les avoirs illicites des caciques du régime algérien en Suisse, c’est «un système qui se serait notamment développé sous couvert d’activités commerciales dans le domaine de l’agroalimentaire.»

«Lorsque la facture présentée à la Banque centrale algérienne a été éditée en Suisse, cela passe comme une lettre à la poste. Si la facture venait du fin fond de la Chine ou d’un autre pays exotique, ça ne passerait pas pareil. Et entre-temps, le prix facturé initialement a été multiplié par deux ou trois», a expliqué Me Belhocine à la même source.

Selon un autre connaisseur du dossier cité par le média helvète sans le nommer, «certaines sociétés enregistrées dans différents cantons auraient ainsi prospéré sans activité réelle». «C’est facile à vérifier. Certaines n’ont ni locaux, ni employés, ni stock», a affirmé le connaisseur qui a déjà identifié plusieurs de ces sociétés dont une sur le canton de Vaud.

Pour rappel, Me Lachemi Belhocine, cité par le journal genevois, a déposé récemment «une plainte en Suisse pour faire bloquer les avoirs illicites des caciques du régime», estimant que «les arrestations de ces derniers jours sont l’arbre qui cache la forêt».

 «La traque de cet argent s’annonce longue et difficile», a estimé la Tribune de Genève, rappelant que «la loi sur les valeurs patrimoniales d’origine illicite (LVP) entrée en vigueur le 1er juillet 2016 cible principalement les hommes de pouvoir».

«Dans les milieux financiers, certains opérateurs confirment que la fortune du clan Bouteflika a été ventilée et dissimulée derrière des trusts pour brouiller les pistes. Un premier ménage a été opéré au début des printemps arabes. Pressés par les banques de mettre de l’ordre dans leurs comptes, les PEP (personnalités exposées politiquement) se sont adressés à des avocats et conseillers fiscalistes de la place genevoise», a expliqué la même source, rappelant qu’il y a un an, UBS aurait à nouveau rappelé à certains de ses clients algériens les exigences posées par la loi.»

«Il ne reste dans les banques suisses que l’argent de ceux qui sont en mesure d’en justifier l’origine en présentant des attestations visées par les grands cabinets d’audit», a confié de son côté, Ali Benouari, ex-ministre du gouvernement Ghozali, ajoutant qu’«une dizaine d’établissements continueraient cependant à héberger des comptes qui ne seraient pas totalement en règle», tandis que d’autres interlocuteurs ont affirmé qu’«une partie des avoirs illicites a été transférée vers Dubaï pour être réinvestie en Suisse et en Europe sous couvert de fonds émiriens.»

La Suisse «se contente pour l’heure de rappeler quelle est sa doctrine»

Toutefois, si la Suisse a pris des décisions de bloquer par le passé les avoirs illicites tunisiens et égyptiens, elle «se contente pour l’heure de rappeler quelle est sa doctrine», concernant le cas de l’Algérie, et le service du droit international du DFAE «se garde de prendre position», a expliqué la Tribune de Genève.

«En réponse à la plainte de Me Belhocine, le service du droit international du DFAE a répondu dans un courrier daté du 15 avril que la Suisse avait ‘’un intérêt fondamental à ce que les valeurs patrimoniales illicites de personnes politiquement exposées ne soient pas investies sur sa place financière’’ et que ‘’tout était mis en œuvre pour identifier efficacement les avoirs d’origine criminelle, pour les bloquer et pour finalement les restituer dans les meilleures conditions à leur pays d’origine’’. En ce qui concerne le cas précis de l’Algérie, le DFAE se garde de prendre position en confiant seulement suivre ‘’les développements récents avec attention’’», a précisé la même source.

Me Lachemi Belhocine a fait savoir au même média qu’il n’était pas le seul à traquer les avoirs illicites des caciques du pouvoir, en affirmant qu’il n’est que «la partie visible». «Je travaille en réseau avec des représentants de la société civile et d’autres avocats aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne et en Algérie», a-t-il expliqué.

Pour la Tribune de Genève a estimé que la justice algérienne a «frappé un grand coup» en arrêtant «le puissant patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, considéré comme la première fortune d’Algérie», précisant que, Rebrab a été arrêté pour «fausse déclaration» concernant «des mouvements de capitaux dissimulés au fisc algérien». «Certains de ces montages avaient fuité au moment des ‘’Panama Papers’’», a rappelé la même source, ajoutant que «les affaires d’Issad Rebrab passent notamment par la Suisse au travers d’une société de trading, SKOR international, rebaptisée Antein International.»

«L’arrestation et le placement en détention cette même semaine à Alger des trois frères, Rédha, Karim et Nouh Kouninef, confortent les Algériens dans l’idée que l’argent soustrait aux caisses de l’État était passé par la Suisse», a estimé le journal helvète qui a précisé que «la famille Kouninef, proche du clan Bouteflika, y a créé plusieurs sociétés.»

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