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Abderrahmane Mebtoul : « Aucun pouvoir algérien ne peut éradiquer la corruption s’il ne s’attaque pas à la sphère informelle »

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Sans changement des pratiques institutionnelles, en mettant d’autres personnes, les institutions de l’Etat reviendraient aux mêmes pratiques de corruption.

C’est ce que estime le professeur Abderrahmane Mebtoul qui pense qu’aucun pouvoir algérien ne peut éradiquer  la corruption s’il ne s’attaque pas à la sphère informelle.

« La sphère informelle, plus de 50% de la sphère économique et autant d’emplois, environ 40% de la masse monétaire en circulation, renvoie à d’importants enjeux dialectiquement liés, la bonne gouvernance  interne  et  les enjeux  géostratégiques externes, notamment le trafic aux frontières qui peut alimenter le terrorisme », écrit-il.

Selon lui, plusieurs approches peuvent être utilisées pour évaluer l’activité dans le secteur informel : Là où les approches choisies dépendront des objectifs poursuivis, qui peuvent être très simples, comme obtenir des informations sur l’évolution du nombre et des caractéristiques des personnes impliquées dans le secteur informel, ou plus complexes, comme obtenir des informations détaillées sur les caractéristiques des entreprises impliquées, les principales activités exercées, le nombre de salariés, la génération de revenus ou les biens d’équipement.

Le choix de la méthode de mesure dépend des exigences en termes de données, de l’organisation du système statistique, des ressources financières et humaines disponibles et des besoins des utilisateurs, en particulier les décideurs politiques participant à la prise de décisions économiques, estime MMebtoul.

Quant aux principaux déterminants de l’in-formalité, MMebtoul les résumes comme suit : premièrement, la faiblesse de l’emploi formel. C’est un facteur qui explique l’évolution du secteur informel à la fois dans les pays développés et en développement. Ainsi, l’offre d’emplois formels sur le marché du travail ne peut plus absorber toute la demande car la population active, en particulier la main-d’œuvre non qualifiée, croît à un rythme accéléré ; deuxièmement, lorsque les taxes sont nombreuses et trop lourdes, les entreprises sont incitées à dissimuler une partie de leur revenu ; troisièmement, le poids de la réglementation ou la complexité de l’environnement des affaires découragent l’enregistrement des entreprises.

Lorsque le cadre institutionnel n’est pas propice à la création d’entreprises de manière formelle, les entrepreneurs préfèrent opérer dans le secteur informel et éviter le fardeau de la réglementation ; quatrièmement, la qualité des services publics offerts par le gouvernement est un déterminant important du secteur informel car elle influence le choix des individus. Les individus actifs dans le secteur informel ne peuvent pas bénéficier des services publics (protection contre les vols et la criminalité, accès au financement, protection des droits de propriété). C’est l’un des inconvénients de ce secteur ; cinquièmement, comme résultante de la politique économique, le primat de la gestion administrative bureaucratique, au lieu de reposer sur des mécanismes économiques transparents et lorsque la monnaie est inconvertible, surévaluée, ménages et opérateurs formels et informels jouent sur la distorsion du taux de change.

Concernant les raisons de la distorsion du cours du dinar sur le marché parallèle et le marché officiel, M.Mebtoul parle de l’écart s’explique par la faiblesse de la production et la productivité, l’injection de monnaie sans contreparties productives augmente le niveau de l’inflation. Il y a aussi le décalage  qui existe entre la dépense publique et le faible impact sur le taux de croissance, mauvaise allocation des ressources faute de planification stratégique, corruption à travers les  surfacturations ou mauvaise gestion).

L’écart s’explique également par la diminution de l’offre du fait que la crise mondiale, combinée avec le décès de nombreux retraités algériens, a largement épongé l’épargne de l’émigration. Cette baisse de l’offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l’étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que l’épargne de l’émigration.

Enfin pour le professeur, la lutte contre la sphère informelle implique, avant tout, l’efficacité des institutions et une moralisation de la pratique des structures de l’Etat elles- mêmes au plus haut niveau de dépenses.

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