Accueilla deuxBenjamin Stora: « En Algérie, la situation est pré-révolutionnaire »

Benjamin Stora: « En Algérie, la situation est pré-révolutionnaire »

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Hier l’Algérie a de nouveau défiler contre un 4ème mandat prolongé du président sortant Bouteflika et son régime. L’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie, explique les ressorts de ce mouvement et qualifie la situation de « pré-révolutionnaire » dans un entretien accordé au site français Ledophine.

« D’abord, il faut comprendre qu’on est dans une situation pré-révolutionnaire. C’est une dynamique, un processus dont on ne connaît pas l’issue. Quand des millions de gens descendent dans la rue, ils ne rentrent pas chez eux sur un claquement de doigt.  Ensuite, le peuple algérien est très politisé. Ils savent que le régime est très sophistiqué. Ils sont avertis de la ruse, des mouvements en retraite qui n’en sont pas. Il y a une vieille tradition de gestion de conflits par le régime algérien. Je me souviens que, dans les années 1980, quand une ligue des droits de l’Homme était créée, on en voyait apparaître une autre. Quand c’était une ligue de défense des droits des femmes, pareil. On procède comme ça, en Algérie : on n’interdit pas forcément, mais on circonscrit, on crée à côté. C’est pour ça que les Algériens sont méfiants », a-t-il déclaré.

Selon lui, le régime n’a pas l’intention de se réformer.  Pour lui, certes, le retrait de la candidature de Boutelika est un recul extrêmement important, mais ça ne veut pas dire la fin d’un système politique établi depuis plus d’un demi-siècle, et qui dispose de clientèles électorales, sociales, etc. »

Concernant le rôle que peut jouer l’opposition politique, MStora  estime que l’opposition existe, mais elle est très divisée entre les démocrates, les laïcs, les berbéristes, les islamistes… Sans compter ceux qui sont issus du FLN mais sont dans l’opposition, de l’intérieur, depuis parfois très longtemps.

« Tout cela fait une opposition qui peine à s’unir. Avant le mouvement populaire, ils n’avaient pas trouvé de candidat commun. Ils n’avaient d’ailleurs pas vu venir le mouvement. Je ne sais pas comment ils pourront proposer une alternative. Des tractations sont en cours, et il faudra bien une solution politique. Mais dans un moment de colère, tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l’ancien régime sont rejetés », ajoutera-t-il.

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